samedi 11 mars 2017

Nos diables sont leurs heros

Vivre en nomade en Amérique du Sud depuis pas loin de 6 mois permet, outre de découvrir un autre continent, de nouvelles cultures et de nouveaux pays, mais aussi, en échangeant avec les gens d’ici, de mesurer à quel point ils n’ont absolument pas la même vision ou les mêmes opinions que nous sur des sujets qui, en France et en Europe (et au-delà dans le monde occidental) posent a peine question du fait d’un matraquage médiatique impressionnant.

Il y a peu, l’enterrement de Fidel Castro et la fameuse sortie de Ségolène Royal a donné lieu en France a un pataquès de réactions outrées. Toutes les madones de la bien-pensance ont sorti leur missel et se sont ruées sur les mollets de la prétendument inculte ministre. Laquelle, a écouter les nombreux brésiliens, argentins, paraguayens et autres refugies politiques ici présents avait pourtant … mille fois raison.

Eh oui, ne vous en déplaise, mais ici les héros sont nos diables, et inversement. L’Amérique du Sud comme l’Amérique Latine et leurs peuples ont longtemps été les victimes des ingérences de la CI et de la complicité des Etats Unis avec les dictatures sanglantes a la Pinochet. Les lecteurs de Naomi Klein savent comment l’Ecole de Boston de Milton Friedman a fait des ravages, au Chili, en Argentine et ailleurs, avec ses dérégulations, ses ventes a vil prix d’entreprises publiques et de pans entiers du service public au 1er rang desquels la sante et l’éducation. Le rapace US, EXXON et tutti quanti, les assassinats de leurs dirigeants élus démocratiquement pour ouvrir la porte aux ingérences économiques, tout ceci ils y ont eu droit. Alors on ne la leur fait pas. Notre moralisme droit-de-l’hommiste, notre Europe anti-démocratique, nos leçons de pseudo-sachant qui n’ont jamais mis un pied chez eux ailleurs que dans des 4 étoiles et notre propagande contre leurs leaders, ca les fait doucement rigoler.

Ici Chavez, qui a chasse les multinationales, nationalise les industries clefs rendu l’argent des ressources naturelles au peuple est adule. Certes nos entreprises apatrides n’y trouvent guère leurs comptes…Alors autant pilonner le réel par la propagande, quitte à inventer de jolies fictions sitôt écrites sitôt répercutées et gobées sans vérification.
 
Pour être clair, j’ai tant vu de grossières manipulations médiatiques réussir a pénétrer nos cerveaux reptiliens que j’ai acquis comme ligne de conduite le doute systématique des qu’une info apparait dans la presse mainstream occidentale. Les couveuses de Saddam Hussein lors de la 1ere guerre du Golfe ont eu de nombreux petits, et vu la politique des grands ñedias quant a l'envoi de reporters libres sur le terrain....

Prenons une de nos diables préférés, un homme ici très respecte : l’ancien « dictateur » Kadhafi (c’est bien ainsi qu’on nous l’a vendu, et ce n’est pas du tout ce qu’en disait son peuple), celui dont on a mis le pays par terre « pour les droits de l’homme » nous a-t-on dit. Au choix vous avez ca :

Allez savoir qui ment ...

Ici Kadhafi est connu pour le rôle qu'il eut en Afrique pour tenter de désenclaver la captation de ses ressources naturelles et pour l'immense apport que son long règne eut sur ses concitoyens, que ce soit en matière de sante, d'éducation, de logement ou de politique familiale et de prêts a taux zéro. Quand je leur rapporte les propos d'une certaine ancienne figure de la droite française, aujourd'hui passée de mode, sur la " France sur laquelle on se s'essuie pas comme sur un paillasson", mes amis d'ici s'esclaffent.

Prenons les autres leaders admirés ici par nos amis sud-américains (au même titre de Chavez et Castro) : Vladimir Poutine (ici considéré comme le plus grand dirigeant actuel, « votre meilleur rempart contre Daesch et notre meilleur partenaire »), Bachar El Assad (« un résistant admirable ») et évidemment Evo Morales. Nos diables, en somme, font ici bonne figure, dans des pays démocratiques ou la presse est quelque peu plus libre que chez nous, économiquement j'entends.

Obama les a bien distraits mais il ne suscite ici que peu de respect. Pour eux c’est une marionnette hollywoodienne pratique pour offrir un visage sympathique aux exactions de la politique étrangère américaine. Hillary Clinton leur faisait horreur, ils ont presque pousse un soupir de soulagement quand elle a échoué en novembre, tant le bellicisme et l'amoralité de la dame n'a pour eux aucun secret.

Quant à notre Commission Européenne c’est l’éclat de rire : une province US qui s’est doté d’un système politique digne de l’URSS, pilotée par les vaincus de la dernière guerre mondiale. Sarkozy et Hollande, je n’ose répéter ce que j’ai entendu. Quant à Macron ! Là ils tombent par terre : vous voulez vraiment Milton Friedman a l’Elysée ?


Ils doivent avoir un problème ces sud-américains vous ne trouvez pas ? Puisqu'ils ne pensent pas comme nous qui savons tout sans avoir beaucoup voyage ?

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