Chemsex. Enfin cela commence à sortir. Il était temps ! Il va falloir entretenir la petite flamme pour expurger le mal et sauver des vies. Notamment avec une politique nationale de prévention.
Remerciements à celles et ceux, médecins, addictologues, travailleurs sociaux, écrivains, simples citoyens, qui auront été là et auront été les précurseurs.
Pour information : les principales portes d'entrée au chemsex sont le clubbing et les applis de Q. Ce sont des sas. Qui sont donc accessibles, j'insiste sur ce point crucial, aux plus jeunes, aux plus fragiles, à ceux qui viennent tout juste de débarquer de leurs provinces voire d'autres pays, avec en tête l'envie de devenir et de s'assumer.
Les principales drogues sont accessibles en ligne, pas sur le dark web donc, en quelques clics. Leur coût est dérisoire. On peut se les faire livrer dans la journée. Dans le "milieu", certains font évidemment les fournisseurs et se font pas mal de thunes. Ce sont ce qu'on pourrait appeler "les collabos".
Les "touzes" se font essentiellement en circuit fermé sur invitation. On trouve de tout pour répondre à la demande du haut en bas de l'échelle sociale, depuis de magnifiques appartements jusqu'à des caves de parking sordides. En appartement le sol est recouvert de bâches. Les "touzes" peuvent durer deux ou trois jours. Les "descentes" des participants n'ont rien d'une partie de plaisir.
Les effets des drogues conjuguées les unes aux autres créent en termes de perceptions hallucinatoires et donc de sensations des paliers. Plus on en prend plus l'univers mental et fantasmagorique s'ouvre tel un vortex, et plus on y pénètre et plus sur un plan purement psychique on se met en danger. Le coût du plaisir ressenti est donc excessivement élevé. Les chemsexeurs l'avouent : une fois ceci vécu le réel sans substances devient terne. La coupure d'avec l'autre et d'avec le monde des sentiments et du plaisir pur est rompu. Il faudra des mois voire des années de soins pour le remettre en état de marche. Le corps bien sûr. Mais la psyché aussi.
Disons-le : il y a malgré tout in fine une perte qui ne se rattrape point. Tout n'est pas mort mais quelque chose de l'être est bel et bien mort qui ne reviendra point.
La communauté LGBT sait et dans l'ensemble se tait. Publier publiquement sur son mur pareil texte équivaudrait à se faire clasher par certains de ses meilleurs potes de soirée, et donc à se faire traiter comme un paria. On est actuellement à ce moment de bascule où on peut et on doit autant que possible en tant qu'être humain OSER. C'est-à-dire au nom de la vie et de l'honneur prendre ce risque et tenir bon. Des vies sont en danger et des morts tomberont si on en reste là.
On a réussi à vaincre le SIDA. J'étais là, je sais, entre 20 et 25 ans j'ai enterré un nombre incalculable de mes potes. J'ai été auprès d'eux à l'hôpital, j'ai tenu dans mes bras mes amis décharnés et leurs mamans en larmes. J'ai aujourd'hui 57 ans, ai vécu et bien vécu et n'ai rien oublié. Je dis aux plus jeunes, faites attention à vous les gars. Et à ceux de ma génération : songez à ce slogan d'Act Up, Silence = Mort.
Il y a des boites (Pandore) qu'il faut se refuser d'ouvrir. Merci pour ces informations sur le chemsex.
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