Ça y est, enfin, il l’a fait , son grand show à l’américaine, seul et unique meeting d’une campagne éclair en guise de promenade de santé où il se sera économisé comme un coureur cycliste dopé désertant les séances d’entraînement collectif pour leur préférer un séquençage auto-centré scénarisé par les huiles de Mc Kinsey. A quoi bon s’abîmer à faire comme les autres quand on a la certitude de se lancer dans la course gavé de la potion magique d’un matraquage sondagier ressassé jusqu’à plus-soif ? Et qui fait qu’à la longue dans l’opinion a fini par s’imposer l’idée que quoi qu’on fasse les 10 et 24 avril prochain, que l’on vote ou que l’on abstienne, les jeux étaient déjà faits, on allait bouffer de la vache enragée pour cinq nouvelles années avec Choupinet Premier.
Ce fut donc à La Défense, zone de non-droit bien connue des détenteurs du CAC 40, que descendit Jupiter dans l’arène, à l’Arena plus précisément, plus grande salle de spectacles européenne habituellement dédiée à des jeux du cirque sportifs ou musicaux. 1 million le meeting, quand même, un budget à la Johnny Hallyday.
Là, tandis qu’en sa loge le petit roitelet poudré jusqu’au nœud de cravate s’échauffait de quelques vocalises en alignant les rails sous le regard aimant de sa tendre momie, des cars remplis à raz bord dégorgeaient des quatre coins du royaume des armées de figurants encartés pour l’occasion, et dont beaucoup avaient été récemment alléchés par la promesse de parrainer comme dans une vulgaire opération de MML des proches afin de gagner, qui le plaisir de pouvoir faire un dessin personnalisé sur le plâtre de Schiappoupette, qui l’honneur de pouvoir teindre la barbe d’Edouard Philippe en gris clair, qui son dégrèvement fiscal chez Bruno Lemaire, qui son MUG signé de la main de Jupiter.
Il fallait bien, en quelques petites heures, montrer à la France entière cet engouement que suscitait encore envers et contre tout le petit banquier d’affaires si conchié par la France populaire. Et donc frapper un grand coup, un et un seul, une sorte de Superbowl avec Manu la Frime en bête de scène accueilli par des cris et des fumigènes, s’admirant tel un paon dans les torches des I-phone dernier cri en lieu des places des briquets. Un chauffeur de salles survolté appuyant sur des boutons pour faire se lever comme un seul homme la foule en transe, 8 prompteurs invisibles, une scène immense disposée tel un ring de boxe où évoluerait l’Adulé Coquelet pendant les deux heures d’un interminable monologue, et puis des écrans sur lesquels les moments forts de ces cinq années de pure extase républicaine défileraient pour rappeler à cette foule sentimentale quelle chance elle avait d’être là « avec vous » : tout dans la finesse !
Manu, fidèle à lui même, nous infligea un panégyrique louangeur de ses mille et un travaux d’Hercule-sauvé des Crises, s’auto-accordant sans complexes un prix d’excellence avec l’engagement solennel de faire encore mieux la fois prochaine fois à compter de son bail renouvelé de dans trois semaines. Il y eut un avant et un à compter de Mon Règne, ne me remerciez pas je ne fais que mon devoir, ma plus belle histoire d’amour c’est vous, et patati et patata, et un et deux et cinq ans de plus, reprit la foule en liesse.
On espère sincèrement pour cette dernière qu'elle fut payée rubis sur l'ongle pour applaudir pareilles fadaises.
Lui faisant face, alignés en rang d’oignons, ses chers ministres semblaient attendre en vain que la star du jour, à défaut de leur demander de les rejoindre sur scène, cite au moins une toute petite fois leur nom… Las, hormis Castex, Doudou et bien entendu Dame Brigitte, tous durent repartir la queue entre les pattes, en priant les cieux pour que Jupiter une fois remonté sur son Olympe se souvienne d’eux et ne les sacrifie point pour un proche de Sarkozy ou de Jadot. Les pauvres, ils faisaient presque de la peine, à réactiver leurs comptes LinkedIn en écoutant leur maître d’une oreille distraite ...
De la logorrhée du poudré on ne retiendra guère que Manu la Revanche nous promit la main sur le portefeuille tout bonnement l’exact contraire de ce qu’il fit cinq années durant, relocaliser à tout- va, redistribuer du pouvoir d’achat à la veuve et à l’orphelin, penser climat 7 jours sur 7, décentraliser à fond les manettes, introduire une dose de proportionnelle, renvoyer du clando au kilomètre. Bref, de la poudre de perlimpinpin comme en 2017, mais avec un culot encore plus sidérant. Le tout sur fond de travailler plus pour en baver plus et de mise à la contribution des titulaires du RSA au tout productif national à 6 balles de l’heure, histoire de diminuer encore un peu plus le nombre de contrats précaires.
Encore un dernier petit tour de chauffe pour dénoncer in fine les extrêmes, les « zestremdrouate » antisémites et complotistes comme les « zestremgôch » racialistes et indigénistes, ces deux épouvantails pour gens sérieux si pratiques pour s’assurer sans trop se triturer les méninges le tampon « camp du bien » pour le haut de la pyramide, le clivage habituel agité par celui qui cinq années durant ne fit rien d’autre que de les mettre en scène après nous avoir promis le soir de son élection de les réduire à néant par la seule force de son Verbe.
Voilà, c’est fini, on range la marionnette qui a bien déclamé son texte, la campagne, la sienne, à peine commencée, vient tout juste de s’achever. Encore un débat avec la Mère Le Pen, un tour sur la tombe de Samuel Paty entre les deux tours et c’est dans la poche. N’oubliez pas de rendre vos t-shirt En Marche à la sortie !
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