lundi 19 octobre 2020

Un attentat, un numéro vert, merci Blanquer !

 

Un attentat, un numéro vert, merci Blanquer, séchez vos larmes sur notre 08, et tremblez les terroristes, vous ne passerez pas !

Nous entrons dans la Séquence Emotion Union Nationale. Après Charlie, Paris, Nice, Curé de campagne, Flic, Je suis Enseignant, Blanc sur Fond Noir. Une séquence qui tombe à pic, juste après les mesures liberticides annoncées mercredi, on change de sujet à 360 degrés, effet ardoise magique, silence dans les rangs, préparez vos mouchoirs !

Nos politiciens vont se retrouver en rangs d’oignons, le bal des faux-culs masqués, tous partis confondus, le RN sur la touche comme d’habitude, pour écouter le petit monarque, briefé par sa douce et tendre, lire son prompteur et soliloquer dans un grand manteau noir amidonné en direct sur 10 chaînes de TV, le teint livide, la voix grave et le regard congelé. Il fera son petit numéro préféré, celui du Rassembleur du Camp du Bien, plus jamais ça, ils ne passeront pas, la république ceci cela, la laïcité attaquée qui se la joue soudée, bien loin de ses territoires perdus et sacrifiés, dans ses plus beaux quartiers, tout le tralala habituel, la récupération du drame à des fins politiques, la mise sur orbite pour quelques jours des enseignants de ces bahuts où personne ne veut aller bosser et encore moins y inscrire sa progéniture, ces enseignants que l’on couvrira soudain de louanges trompeuses, ces nouveaux héros du jour qu’on oubliera aussitôt à leur triste sort comme on l’a toujours fait.

On aura droit au retour de Manuel Valls, à ses coups de menton et à sa gueule d’enterrement bien connue, lequel Valls profitera du drame de Conflans pour faire une matinale sur France Inter et rappeler à Choupinet qu’il est toujours opérationnel et au taquet sur le marché des vanités.

Comme à leur habitude, les hauts cadres du RN feront tout pour exploiter la chose à leur avantage, les yeux rivés sur la ligne jaune à piétiner sans toutefois la dépasser. On aura - on a déjà - nos polémiques entre Zineb El Bidule-Chouette et le CCIF, on aura des cascades de tweets rageurs et grandiloquents, des éditos pompeux de Laurent Joffrin et de Christophe Barbier, des postures prévisibles et des promesses. On aura droit à une guimauve surjouée, à des micro-trottoirs de compatriotes musulmans sommés dans la seconde de se prononcer avec fermeté, à un défilé d’écharpes tricolores entourant des visages gravement maquillés par une émotion feinte, à des débats houleux mille fois vus sur nos antennes, à des gros plans indiscrets sur la famille du défunt que le petit monarque poudré viendra serrer dans ses bras glacés.

On aura l’hommage national, qui tombe décidément à pic pour le pouvoir, disposant miraculeusement de plusieurs jours pour se refaire une virginité sur le dos d’un mort tragiquement décapité, et qui compte bien surexploiter le drame à son profit. Pour ensuite, comme toujours, tourner la page, comme on change entre deux SMS sa photo de profil sur Instagram.

 


 

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