samedi 13 juin 2020

Silence, le petit commerce se meurt ...



Eux, ce sont les éternels oubliés, les sacrifiés de demain, ceux qu’on n’invitera pas sur les plateaux télévisés pour nous conter leur banale descente aux enfers - ou alors au détour d’un mini reportage à la fin d’un JT. Pour eux, pas de larmes de crocodiles, pas d’envolée lyrique de Madame Taubira, pas de tolérance pour cause d’émotion trans-nationale, pas de loi d’exception, mais un DEMERDEZ-VOUS, QUESTION SECURITE, ON S’EN LAVE LES MAINS sur un en-tête de la République signée de la main du Préfet Lallement .

Déjà mis à mal par des mois et des mois de manifestations des GJ, contraints à fermer le rideau tous les samedis et à protéger leurs biens des casseurs et des jets de LBD, victimes de saccages et de dégradations, ces commerces qu’on appelle de proximité (bars, restaurants, salons de coiffure ...) se sont vus contraints à deux mois de fermeture non stop du fait d’une gestion sanitaire calamiteuse par nos Diafoirus de l’état. Les aides financières mises en place par Bercy, beaucoup n’y ont pas eu droit, les critères retenus, la faute à pas de chance, ne passaient pas par eux, comme d’habitude. Les charges, elles, se sont accumulées, les gratte-papiers de l’Urssaf font la sourde oreille aux demandes de délais, la trésorerie est devenue comme une peau de chagrin, et les maladies psycho-somatiques ont fait leur apparition, grignotant les systèmes immunitaires comme un poison. Comme toujours, les banques et les compagnies d’assurance ne leur accorderont rien, sinon pour les étrangler davantage. A peine dé-confinés, voilà ces commerçants soumis à un ensemble de règles et de contrôles tellement contraignants que beaucoup ont préféré ne pas rouvrir pour travailler à perte. Et voilà que de nouvelles manifestations, interdites mais étrangement tolérées, contribuent à verser sur ces quasi mort vivants une nouvelle pelletée de terre. Des repris de justice prennent le pays en otage hygiaphone en main en direct sous les caméras des chaines d’information continue, à deux pas des fenêtres de travailleurs anonymes qui peinent à la tache et somatisent sans rien dire.

D’ici quelques petits mois, à compter de la rentrée, on commencera à voir fleurir ici et là dans nos villes des tas de nouveaux écriteaux A LOUER et A VENDRE. Ceux qui seront tombés sur le champ de bataille ne manifesteront pas, eux, ils ne feront pas de bruit. Ils ne toucheront pas d’allocations ou pas grand chose, et iront grossir en silence les rangs de Paul Emploi, où des employés débutants en CDD prescriront à tous ces nouveaux Daniel Blake des bilans de compétences à tire-larigot et des stages de rédaction de CV sous-traités à des boites privées payées au rendement. Les banques saisiront leur bien sans trompettes ni tambours, ça fera encore des divorces, des dépressions, des suicides et des SDF. Et une chaine d’opticien rachètera pour une bouchée de pain le fond de commerce. 



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire