dimanche 5 janvier 2020

NEOM - chapitre 3



On lui remit une disquette à implémenter au creux de l'oreille, dans laquelle le plan de la tour était contenu. Il appuya sur le lecteur, suivit scrupuleusement les instructions, quitta le quatrième étage pour un espace d'ascenseurs virtuels où la téléportation sur simple scan de la puce implémentée dans le creux de la main gauche suffisait.
Pour ce faire, fermer les yeux et accompagner de manière préventive la visualisation de l'instruction, était nécessaire. Le trans-humain tel que généré par les stupéfiants progrès technologiques de ces toutes dernières années détenait le pouvoir, par la pensée, non seulement de se déplacer, mais de déplacer des objets, y compris des objets lourds, et d'organiser comme face à un simple jeu de lego le déménagement d'un appartement complet. Julian avait été formé à cela, à ce programme qu’on appelait Monarchy, et les scores qu’il avait obtenus étaient excellents, du fait d'une émotivité quasi absente. Sa faculté à se concentrer entièrement dans l'acte faisait dire à ses supérieurs qu’on avait affaire à un être aux capacités pas si éloignées que cela des Seconde Génération, disons aux deux tiers de leurs facultés, ce qui était assez exceptionnel.
Il visualisa la salle de restaurant, puis à l'intérieur le bal des serveurs Première Génération, enfin les siens. Et ouvrit les yeux.
Mother se tenait immobile en un sourire figé, tenant par chaque main celle de Grand Father et Grand Mother. Tous trois poussèrent un rire de joie à la vue de celui qui venait une fois encore de les sauver.
« Ah fils, l'accueillit Mother en lui tendant une main gantée, te voilà enfin, nous nous impatientions. C'est que ton Grand Father a faim, ces heures de purification ont épuisé ses forces.
- Je m'en doute, marmonna Julian en déposant négligemment un baiser sur la main maternelle puis en s'asseyant. Donc manger ».

Un drone apparut alors et énonça le menu d'une voix métallique.

« Ces légumes sont si congelés que je ne les sens point, grogna Grand Father. N'y aurait-il point autre chose ?
-       Hier tu dépérissais et te voilà à multiplier les caprices, se défendit son épouse. Remercie plutôt ton petit fils, à qui nous devons tout.
-       Pas envie de quitter notre maison !
-       Ta maison, vieux fou, était depuis deux semaines cernée par des égorgeurs venus des Balkans, et nous ne devons notre salut qu’à un kit de sécurité acheté par notre cher Julian !, le coupa Mother en acquiesçant pour eux tous à propos du menu. Chéri, alors dis-nous !
-       Néom, Mother !
-       On ne pouvait rêver mieux ! Nous voilà enfin à l'abri. Ton contrat ?
-       Trois ans. As-tu reçu les fonds ?
-       Ce matin, penses-tu je n'y comprenais rien, j'ai été réveillée par les robots livreurs, le réfrigérateur intelligent à nouveau plein à craquer, deux mois que pareil miracle …
-       Du gâchis !
-       Mais non voyons, tout est déjà en partance pour … Ah mais veux-tu voir ce duplex que je … Le grand luxe mon fils, que du verre, que du transparent, et puis trois robots rien que pour moi, je n ai qu’à glisser les pieds sous la table et …
-       Si seulement tu pouvais en profiter pour te remettre à peindre !
-       Oh mais c'est que je crains que mon œuvre ne soit posthume !
-       Pour cela il eut fallu que tu commences VRAIMENT ! grimaça t-il en attrapant une coupe et en se servant du champagne.
-       Tu … Tu ne nous sers pas ?
-       Tu n'es pas manchote à ce que je sache !
-       Juste sensible à la galanterie », sourit-elle.

Elle se saisit de son Smartphone et lui tendit.

« Le dernier en date !
-       Encore un gigolo !
-       Il n'est pas humain, voyons !
-       C'est toi qui au fond n'est pas humaine !
-       J'ai besoin de chair, fils !
-       Alors prends-toi un être humain, un vrai !
-       Ils sont si ennuyeux !
-       Ils sont juste pas dupes de tes numéros c'est tout.
-       Tu me trouves chiante ?
-       Cinq minutes en ta présence et déjà la migraine. Tiens, enivre-toi tu dormiras mieux, dit-il en lui servant une coupe qu’elle porta aux lèvres.
-       Tu … Tu as négocié ton …  ?
-       Encore le fric !
-       C'est important !
-       J'avais cru comprendre.
-       Fils ai-je le choix ?
-       De moins me faire chier certainement !
-       Julian mon cœur ta Mother est si fière de toi !
-       A la longue je suis devenu une simple courroie de transmission pour que Madame conserve ses aises.
-       C'est que nous avons échappé à tant de drames !
-       La peur de mourir a révélé ton caractère. A moins qu’il n'ait tué la mère que j'aimais tant.
-       Que tu as la parole dure !
-       J'aimerais m'en passer, vraiment. Mais ne t'en fais pas, je continuerai à faire ce que je fais depuis trois ans pour vous. Je n'y mets aucune condition, question de nature !
-       Tu … Je t'en suis reconnaissante ».

Elle surprit le regard attristé de son fils se perdre en conjectures, et toussa.

« Mais Néom va arranger tout ca, j'en suis convaincue.
-       Auquel cas, tout n'est affaire que de quelques jours. A compter de demain et ce jusque samedi soir je serai dans l’impossibilité de vous voir, tant ma charge de travail sera élevée. A toi de faire en sorte qu’eux deux soient le mieux traités qu’il se peut.
-       Une équipe médicale les prend en charge à compter de demain matin.
-       Parfait ! Si seulement on pouvait les conserver centenaires !
-       Tu les aimes tes grands parents …
-       Sans eux je mourrais, Mother.
-       Bien ! ».
Elle servit ses parents puis leva sa coupe.
« A Néom ! ».



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