Zelig, ou l’une des meilleures comédies
réalisées par le prolifique Woody Allen, est un faux documentaire, un
documenteur donc, base sur des images d’archives détournées et donc
techniquement trafiquées, avec la contribution de figures intellectuelles américaines,
Bruno Bettelheim ou Susan Sontag, intervenant dans leur propre afin de
soliloquer sur le cas Zelig.
Zelig ou le caméléon, l’homme qui approchant
une communauté se fond en elle puis devient un de ses membres, rabbin devant des
rabbins, gros devant des obèses, nazi devant le Führer et ainsi de suite. Une
enveloppe vide se projetant en imitant son environnement immédiat avant de se réinventer
en autre chose, et comme un virus qui pénètre photos et films d’archives pour
mieux les détourner de leur sens et faire rire à partir de.
Ce Zelig interprété par Woody Allen
en personne semble être l’incarnation d’un monde ne pouvant faute de personnalité
faire autrement que se fondre dans la masse et ainsi devenir un objet d’attraction,
le petit détail qui fait rire et que tu retrouves ici à la tribune d’Hitler, là
au balcon du pape, comme un gag récurrent, un microbe qui pénètre toute l’actualité
puis s’en va aussi vite qu’il était parti.
La perfection avec laquelle le chef
operateur et l’équipe technique de Allen parviennent à synthétiser le vrai et
le faux laisse pantois, on est bien face à une illusion absolue qui nous fait
revisiter dans le rire des tas de moments historiques des années 20 et 30, en
noir et blanc, en muet aussi parfois. Le trucage devient invisible et la séquence
refaite plus que crédible. Fond et forme alors fusionnent comme le permet ce
nouvel art qu’on appelait alors le cinématographe. Filmer le réel pour mieux le
détourner, tout ça pour faire rire, et aussi réfléchir, la belle idée que
voici.
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