Norma Desmond, grande actrice du
muet, vit recluse dans sa luxueuse villa de Beverly Hills en compagnie de Max
von Meyerling, son majordome qui fut aussi son metteur en scène et mari. Joe
Gillis, un scénariste sans le sou, pénètre par hasard dans la propriété et
Norma lui propose de travailler au scénario du film qui marquera son retour à
l’écran, Salomé. Joe accepte, s’installe chez elle, à la fois fasciné et
effrayé par ses extravagances et son délire, et devient bientôt son amant ...
Davantage réputé pour son immense
talent de réalisateur de comédies, Billy Wilder signe ici probablement son film
le plus respecté, une authentique tragédie datant de 1950, mettant en scène l’écroulement
d’un certain Hollywood en plein âge d’or de ce dernier. Cet Hollywood de la première
partie de l’histoire du cinéma, celle qui s’arrête en 1933 avec l’arrivée du
parlant, qui mit instantanément au chômage et donc dans l’ombre à la fois la
plupart des stars du muet et bien des réalisateurs, tel Erick Von Stroheim, présent
dans le film dans le rôle d’un ancien metteur en scène ayant fait tourner l’ancienne
gloire.
A peine mis un pied dans l’immense
demeure gothique de l’ancienne star du muet, celui dont la voix off ouvre le
film, une voix d’outre tombe en l’occurrence, se trouve pris dans les rets de
cette actrice n’ayant plus tourné depuis plus de quinze ans et qui ici vit dans
un culte au passé et à elle-même, loin, très loin de la réalité. Cette demeure
est autant un mausolée qu’un tombeau ou règne une araignée aussi folle que
manipulatrice, dont cet apprenti écrivain deviendra l’amant et en quelque sorte
l’esclave avant que d’être la victime.
Le crépuscule de cette déesse des
temps anciens, filmé dans un noir et blanc expressionniste ou comme dans le cinéma
allemand des années vingt chaque détail est grossi et déformé, et ou Gloria
Swanson recrée de manière aussi bouleversante que caricaturale le style de jeu
hyper expressif de l’époque, s’apparente donc à une mise à mort qui va comme ressusciter
une dernière fois la star en convoquant, pour une stupéfiante descente de l’escalier,
les flashes des projecteurs et les micros des journalistes.
Presque morte vivante, l’actrice
star d’antan fait son ultime et dernier numéro sous les sunlights après avoir échoué
son come back sous la caméra de Cecil B De Mille, et par sa capacité à avaler
la lumière sur son passage parvient à étourdir autant la véracité que les présents.
Particulièrement grave, Wilder clôt son brulot sur une note de tragique flirtant
sur la crête du ridicule sans y plonger et jette une dernière pelletée de terre
sur toutes ces gloires oubliées.
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