Harry Goldfarb est un junkie. Il
passe ses journées en compagnie de sa petite amie Marion et son copain Tyrone.
Ensemble, ils s’inventent un paradis artificiel. En quête d’une vie meilleure,
le trio est entraîné dans une spirale infernale qui les enfonce toujours un peu
plus dans l’angoisse et le désespoir.
La mère d’Harry, Sara, souffre d’une autre forme d’addiction, la télévision. Juive, fantasque et veuve depuis des années, elle vit seule à Coney Island et nourrit dans le secret l’espoir de participer un jour à son émission préférée. Afin de satisfaire aux canons esthétiques de la télévision, elle s’astreint à un régime draconien. Un jour, elle le sait, elle passera de l’autre côté de l’écran.
La mère d’Harry, Sara, souffre d’une autre forme d’addiction, la télévision. Juive, fantasque et veuve depuis des années, elle vit seule à Coney Island et nourrit dans le secret l’espoir de participer un jour à son émission préférée. Afin de satisfaire aux canons esthétiques de la télévision, elle s’astreint à un régime draconien. Un jour, elle le sait, elle passera de l’autre côté de l’écran.
Rise and fall. Le brulot dépressif
de Darren Aronovsky est une descente aux enfers suffocante, un accéléré de l’autodestruction
de quatre personnages dont les parcours nous sont exposés en parallèle dans un
montage aussi saisissant que syncopé. La face sombre de la société de masse et
de l’american dream, cette sorte de loterie qui promet à tous un horizon qui n’est
valable que pour certains, et contraint les autres, et notamment les plus
fragiles, à se bruler les ailes.
Contrairement aux apparences,
Requiem for a dream n’est pas un film sur la ou les drogues et les addictions à
la came, qu’elles soient légales ou non. Les drogues, ici, ne sont guère qu’un
outil, une conséquence, une béquille, que vont saisir nos quatre loosers pour
tenter d’obtenir leur nirvana. Le fameux requiem du titre se rapporte à ce rêve
de grandeur, celui qui tient le peuple américain par les parties, cet appel à s’élever
dans un monde matérialiste où l’égo est tout puissant. S’en sortir, sortir de l’anonymat,
réussir dans la vie, se faire distinguer, réussir un projet. Ce qui compte n’est
pas d’être et de vivre mais que cela se sache et que cela se voit ! Les
shoots, que ce soit à l’héroïne ou aux cocktails de médicaments de régime, sont
comme la clef d’Alice, ils sont censés en tant que produits miracles produits
par le marché rendre le rêve possible.
Aux antipodes d’un Trainspotting, film potache quelque peu
irresponsable faisant de la consommation de drogues dures une expérience
souvent fun entre potes, l’œuvre quasi irrespirable de Daronovsky, par ses
volontaires excès formalistes, sert de loupe grossissante à une société qui
rend ses sujets malades. Le jeu télévisé auquel rêve de participer cette
vieille femme seule génialement interprétée par Ellen Burstyn est une messe
vulgaire où les néons trompeurs créent une authentique addiction autour
d’un Monsieur Loyal au sourire carnassier. Traverser l’écran et pénétrer le
monde d’Alice au pays des réclames devient à compter de cette addiction au jeu
un Eldorado qui va progressivement se transformer en enfer sur terre. De même
pour les deux protagonistes amoureux mettant le pied dans le commerce puis la
consommation de substances illicites pour réussir à mettre sur pied leur rêve.
Ce requiem – lancé à fond à l’heure
sur la partition glaçante et géniale de Clint Mansell – est celui de la chute effrénée
du modèle américain. L’œuvre de moraliste trouve sa forme au travers d’un
montage qui comme le spécifiait le cinéaste russe Eisenstein créée l’émotion en
la décuplant et en permettant au spectateur de s’identifier aux personnages,
dont le montage traduit le vécu. Ici un montage de type hip-hop permettant de
visualiser au plus près, avec tout l’excès nécessaire, ce que ressent le drogué,
et notamment dans son corps, pendant le trip, avec des gros plans sur les
pupilles, des lumières aussi aveuglantes que criardes, des plans sur l’intérieur
d’une veine où la drogue pénètre, l’intérieur d’un verre ou des pilules se
dissolvent. Jusqu’à l’écœurement, en des séquences proprement hallucinantes où la déchéance
se donne à voir de manière presque obscène.
On retrouve, comme dans The westler ou dans Black Swann, mais de manière o combien décuplée, ces figures de
perdants et de victimes de leurs rêves, qu’une société aveugle et inconsciemment
cruelle, s’apprête entre deux bouchées à enterrer après les avoir faits rêver.
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