L’action se déroule dans le sud-est
de la France. Mélie
est l’épouse de Tony, un navigateur de l’aviation civile qui s’absente souvent.
Un soir, dans leur villa située à l’écart en bord de mer, la jeune femme est
agressée et violée par un inconnu. Cet homme a débarqué d’un bus quelques
heures auparavant, trempé et amené par la pluie. Mélie parvient à le tuer, puis
elle se débarrasse du corps le jetant dans la mer depuis le haut d’une falaise.
Elle pense avoir fait le plus dur, mais le lendemain un mystérieux personnage
surgit dans sa vie. C’est
Harry Dobbs, un Américain qui s’intéresse de très près à
l’affaire dont il semble savoir beaucoup de choses. Il se met rapidement à
harceler la jeune femme pour lui faire avouer. Dans le même temps, la police
enquête, elle aussi.
Adaptation par René Clément du roman
de Sébastien Japrisot, ce Passager de la pluie, gros succès du tout début des années
70, est une magnifique illustration du jeu du chat et de la souris sur fond d’intrigue policière et surtout de schéma psychanalytique.
Autant l’intrigue demeure classique autant la caractérisation des
personnages et les rets qui les lient les uns aux autres forment le fond même
du film. Lequel doit énormément à ses principaux interprètes, Charles Bronson,
tout en sadisme feutré, Marlène Jobert, femme enfant, et Annie Cordy, une révélation.
Mélanie est au début du film
maintenue dans un état infantilisant tant par sa mère alcoolique que par un
mari absent la plupart du temps. Le viol dont elle sera victime – scène extrêmement
tendue et admirablement découpée – par ce fameux passager de la pluie, celui
qui descend d’un autobus dont d’habitude personne
ne descend, c’est la déflagration qui manquait à cette souris, laquelle
parviendra certes à effacer la trace du corps mais point l’acte en lui-même.
Vu qu’un second passager, américain,
et très au fait de tout ce qu’elle veut taire – telle une enfant Mélie nie l’évidence
avec acharnement jusqu’aux larmes – va à son tour s’introduire dans son intimité. Une sorte de figure paternelle
manquante. Qui va jouer avec sa proie, l’approcher, l’inquiéter, la séduire.
Ce qui est en jeu n est pas tant la résolution
d’une intrigue sans suspens mais le fait que Mélie devienne une
femme adulte, c’est son affirmation qui constitue le sujet central du film. Le
personnage de Bronson ajoute à la transgression physique du viol une seconde o
combien plus trouble, psychologique. Ou la femme enfant ne peut jouer car les
cartes sont tenues fermement en main par un matou qui n’entend pas repartir bredouille. Dans ce piège tendu par l’américain, la souris ne peut que céder du terrain et à un
moment cesser ce qu’elle et les siens se font les uns les autres en permanence,
mentir.
Les sentiments ne seront point
absents de cette quête au travers du test du lancer de noix sur la vitre que
propose Bronson à Marlène Jobert. Si la vitre se brise alors c’est que je suis amoureux, lui confiera t-il avant que de
briser la glace littéralement. Puis de repartir une fois la transformation intérieure
de l’héroïne actée.
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