J'écris comme je vis, c'est à dire intensément. Je n'écris jamais que quand c'est absolument nécessaire. J'écris pour jeter des ponts vers les autres. Je ne recherche aucune notoriété.
mardi 12 mars 2019
Chefs d’œuvre du 7ème art - La malédiction
Robert Thorn est ambassadeur des Etats-Unis à Londres. Plusieurs crimes étranges ont lieu dans son entourage. Keith Jennings, un photographe, et le père Brennan finissent par convaincre Thorn que son fils de cinq ans n'est pas le sien et n'est autre que l'Antéchrist.
Premier volet d’une trilogie, La malédiction, signée par le vétéran Richard Donner, constitue sans doute une des plus belles réussites du film dit d’apocalypse liée à l’histoire de l’arrivée de l’antéchrist sur terre. Du fait d’un scénario tout en tension, d’une mise en scène extrêmement rigoureuse, d’un rythme aussi lent que fascinant et d’une interprétation absolument remarquable, à commencer par l enfant qui joue Damien l’Antéchrist, au regard absolument terrifiant. Un masque, froid, un enfant ressemblant presque à un adulte, dont la première apparition a l’écran colle des frissons.
La malédiction tire sa force de la crédibilité même de son histoire. Comme il est écrit dans l’Apocalypse de Saint Jean, l’Antéchrist arrivera une fois les juifs revenus à Sion – Israël – et l’empire romain reconstitué – l’Union Européenne … Nous y sommes, et l’habileté du script est de se fondre dans un matériau théologique et eschatologique justes. De même, rattacher le fils du diable à la politique et à la diplomatie en faisant de lui le fils ainé d’un ambassadeur de l’empire anglo-saxon, en l’occurrence américain basé à Londres. Proche du pouvoir matériel, la créature démoniaque sera placée sous haut protectorat – une gouvernante sortie d’un film d’épouvante ainsi qu’un inquiétant chien noir. Et, envers ses deux parents, constituera un authentique danger.
Ce sera sa mère putative – l’enfant Damien n’est pas d’elle et pas davantage de lui, il s’agit d’un échange à la nurserie – qui la première flairera l’extrême malaise que lui procure cet enfant plus qu’anormal, profondément mauvais à un âge extrêmement jeune. Et deviendra avant le père un danger à éliminer. Par l’enfant, directement.
Les scènes d’angoisse pure vont monter crescendo et culminer en frissons garantis au fil de l’avancée d une intrigue tendue comme un arc, jusqu’à envoyer le père en Italie de nuit dans un cimetière, à la recherche de la tombe de la mère de ce faux fils qui lui fut abusivement confié. Ce qu’il y découvrira sera du registre de la terreur pure.
Procédant par suggestions davantage que par exhibition de séquences terrifiantes, La malédiction joue avec brio sur ce que nous connaissons et pouvons imaginer quant à l’incarnation absolue du mal. Point n’est utile au réalisateur d’en faire beaucoup, la musique, glaçante, des plans fixes peu éclairés, un gros plan sur le regard fixe de Damien, un autre sur le chien noir, sur le visage diabolique de la gouvernante, et cela suffit. Une vraie économie de moyens au service de la terreur pure, avec un véritable crescendo jusqu’au final qui ne peut être qu’évident dès le début. Damien, quoi que les personnages tentant de l’éliminer feront, ne peut que vivre et vaincre avant que de monter sur le trône. Et entamer son règne de désolation.
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Bonjour Christophe,
RépondreSupprimer"...l’Antéchrist arrivera une fois les juifs revenus à Sion – Israël – et l’empire romain reconstitué – l’Union Européenne … Nous y sommes"
Même si l'on peut à la rigueur admettre la seconde partie de l'assertion, la première est discutable car on peut penser que saint Jean parlait des Hébreux de Palestine, et non des peuplades Khazares avec lesquels il semblerait qu'ils n'aient pas de parenté génétique ("La treizième tribu" de J. Koestler, Le témoin du siècle de Benjamin Freedman, et alli).
En tout état de cause, il s'agit ici d'une fiction et ça ne retire rien au film.
Cependant cela conforte l'usurpation d'identité si elle est bien avérée.
Avec ma bienveillance envers tous, y-compris les Khazares !