jeudi 7 mars 2019

Chefs d’œuvre du 7ème art - Citizen Kane







A la mort du milliardaire Charles Foster Kane, un grand magnat de la presse, Thompson, un reporter, enquête sur sa vie. Les contacts qu’il prend avec ses proches lui font découvrir un personnage gigantesque, mégalomane, égoïste et solitaire.

Nous sommes en 1941. Alors âgé de seulement 25 ans, sortant du scandale radiophonique de La guerre des mondes, ou il fit croire à l’Amérique entière qu’elle était victime d une attaque extraterrestre, le jeune Orson Welles reçut du studio RKO un budget faramineux et carte blanche pour tourner son premier long métrage de cinéma. Ce sera Citizen Kane, avec lequel il révolutionnera et dynamitera le cinéma sur les plans narratifs et formels, et qui est encore considéré de nos jours comme le plus grand chef d’œuvre jamais produit du 7eme art.

S’attaquant à une biographie du magnat de la presse William Random Hearst, ici transformé en Charles Forster Kane - lequel Hearst n’aura de cesse de tacher de bousiller la carrière du film -, Welles explose dès la première séquence la narration en mettant au centre d’un kaléidoscope de très courtes séquences un mystère à élucider, le secret de la vie d’un homme. Rosebud, un mot en soi contenant la part inconnue d’un homme surpuissant disparu dans un immense tombeau propriété, le fameux Xanadu.

A peine enterré le géant, comment rendre compte de la vérité d’un parcours pareil ? Telle sera la proposition du film, lequel accumulera par une succession de flashes back des témoignages de proches l’ayant de près connu, interrogés par un journaliste. Aussi les additions de points de vue, tous complémentaires, traduiront autant d’esquisses d’un réel impénétrable. Et le géant emportera dans sa tombe un secret qu’aux toutes dernières minutes Welles dévoilera.

Bien davantage que son scénario gigogne, c’est la forme même adoptée par le tout jeune metteur en scène qui constitue une authentique révolution. Déjà la profondeur de champ, enfin utilisée pour traduire du sens par juxtaposition en premier et en arrière plan de deux éléments combinés. Un enfant qui en arrière plan traine sa luge, sa mère au premier plan signant des papiers le condamnant à l’exil, et tout est dit sans une ligne de dialogue. De même, l’utilisation des plafonds, enfin fixés, qui avant Citizen Kane n’existaient pas, et que le cinéaste filme par tous les angles, créant ainsi un effet d’enfermement des personnages et donc d’étouffement. L’abondance des plongées et contreplongées, l’utilisation d’un montage extrêmement vif se donnant parfois des pauses pour soudain statufier une scène et immobiliser les personnages qui y figurent. Certaines images enfin, tellement travaillées et composées formellement que tout réel semble en être évacué.

Avec Citizen Kane, la grammaire cinématographique parvient à l’âge adulte, démodant ainsi tout ce qui a précédé, à Hollywood en tout cas. Du premier coup Welles lance ses rets vers le cinéma moderne, certaines de ses inventions de l’époque donnant lieu à mille inspirations y compris des décennies plus tard. C’est comme si soudain, exactement comme le fit Eisenstein en URSS, on découvrait que cet art si jeune était mille fois plus riche qu’on ne le pensait, et que tel un peintre ou un sculpteur ou encore un romancier, un cinéaste, un vrai, un pur, pouvait tout oser, et à partir de sa seule imagination créer un monde sur pellicule tellement différent qu’on a face au résultat le sentiment de tomber sur quelque chose de totalement innovant sur absolument tous les plans.




1 commentaire:

  1. Well , je voudrais pouvoir te lire gratuitement comme tu le proposes dans ta dernière vidéo .Merci because Merci , so Merci!r


    Danièle

    RépondreSupprimer