« Willkommen,
bienvenue, welcome »…
C’est par ces mots
susurrés et chantés par le maitre de cérémonie du Kit Kat Klub que nous entrons
dans ce cabaret d’un monde décadent, celui qui
conduit de la République de Weimar à l’hitlérisme, à ses tous débuts. A mille lieux de la comédie musicale
traditionnelle et classique, le chef d’œuvre de Bob Fosse, adapté d’un roman de Christopher Isherwood, pénètre un réel que le musical va
autant déformer que représenter, de manière grinçante, cynique, distanciée et désabusée.
La vie est un cabaret et au Kit Kat et au dehors, là ou les monstres
rodent. Sur la scène, les danseuses et les comédiens, grimés outrageusement,
font le show et tendent à un public aussi hilare que décadent un miroir, celui
de ce monde ou l’on doit rire de
tout, ou rien ne pèse et ou pourtant tout fiche le camp.
L’héroïne, Sally
Bowles, jouée à la perfection par Liza Minnelli, incarne cette absolue légèreté
de celle qui indifférente à l’époque et à ce
qui n’a point trait à son bon plaisir, ne voit pas montée du nazisme.
Transgressive, Sally tombe amoureuse, essaie un trio amoureux, avorte, et
surtout chante et danse, l’œil vif et la
jambe légère. Sorte d’ange bleu à la Dietrich, elle est
comme une icône dont la comédie musicale va épouser les aventures
rocambolesques en parallèle à un malheur ambiant laissé hors champ.
Joel Grey, le maitre de cérémonie, celui qui nous souhaite la bienvenue
dans cet univers ou les miroirs et les apparences mais aussi les loupes
grossissantes sont comme chez eux, est le véritable demiurge de cette comédie
qui magnifie le futile au détriment du tragique. Rien ne pèse, l’obsession de l’argent, celui qui manque tant dans les poches des allemands de l’époque, donne lieu à une chorégraphie endiablée, Money.
Sur la scène ou dans les coulisses, seules les couleurs criardes et les
blagues de pétomane grinçantes prévalent. Ce Deus ex machina grime comme un
clown mi-drôle mi-inquiétant semble en savoir dix fois plus que les pantins sur
scène et dans la salle sur ce qui se joue. The show must go on, live is a
cabaret !
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