mercredi 27 février 2019

Un hijab et la république tremble !



A peine achevée la séquence quelque peu hystérique de la chasse aux antisémites jaune fluo que la république française, ce cadavre à la renverse, rempile dans l’indignation depuis son sommet en direction de la base. Cette fois-ci il s’agit d’un bout de chiffon, pardon, d’un hijab à destination des femmes de confession musulmane aimant le jogging. D’un produit en vente dans les enceintes Décathlon. Laquelle enseigne épouse comme toutes les autres les joies du communautarisme. Lequel fait bon ménage avec la segmentation marketing.

L’hijab, hier le foulard et le burkini, ce feuilleton laïciste bien pensant sous oriflamme de la libération des femmes est une série à rallonges, depuis 1989 et l’affaire du voile sous Jospin on nous le ressort régulièrement comme un thème majeur qui en soi contient toute la singularité de notre modèle républicain. Tellement singulier qu’à y bien regarder il n’y a à ma connaissance qu’en France qu’on en fasse à ce point des caisses. Comme quoi l’universalisme à la française tant vanté par nos édiles et nos élites se heurte aux frontières mêmes de l’hexagone et des limites intellectuelles de ses nantis.

La doxa quelque peu répétitive renfonce toujours le même clou sur ledit bout de tissu. Celui-ci, et ce quelles que soient les déclarations de toutes celles qui le portent, par choix ou par obligation, est un instrument de régression et de répression de la cause des femmes. POINT. Celles-ci sont asservies à un modèle religieux, celui d’un islam rétrograde. Ce bout de tissu est une injure faite à la cause des femmes, il convient donc au nom de toutes de contraindre certaines pour leur bien et pour le bien commun.

Ça s’appelle la loi démocratique.

Que le voile soit un signe d’affranchissement – quand même pas. Mais que certaines et certains, au nom d’une conception majoritaire prétendent telle une Elizabeth Badinter – la madone dudit sujet – à savoir mieux dire que les intéressées le sens qu’il convient d’y mettre ... Que certaines s’arrogent, avec l’assentiment de la loi, de dire ce qui convient pour autrui – ça, cette absolue contradiction, je me pare de la modernité et au nom de celle-ci je définis ce qui est rétrograde et au nom de celle-ci j’interdis, c’est-à-dire je censure pour ton bien et traduis ce que tu penses sans que tu en saches rien toi même – cette posture-là semble ne pas poser problème.

Une affiche avec une adolescente de quatorze ans en bikini sur tous les murs de France, ça passe. Une plage ou mères et filles s’affichent quasi nues tout autant. Un burkini en vue, et les laïcistes de tous bords nous annoncent Les dents de la mer.

Régulièrement stigmatisée en France, la femme musulmane – remarquons au passage que les riches saoudiennes qui font leurs emplettes avenue Montaigne ne sont jamais visées – est considérée d’en haut comme une armée uniforme quelque peu arriérée qu’il convient de traiter comme on traite un enfant. Manuel puis règle, pédagogie puis contrainte par la loi. Songer un instant que ce qu’on appelle les femmes musulmanes sont un ensemble protéiforme dans lequel on va trouver de tout, et donc notamment des femmes qui après réflexion, selon leur propre lecture du Coran – eh oui, il y en a plusieurs – peuvent choisir librement de porter un hijab, et qu’il y en a d’autres qui en conscience estiment ne pas en avoir envie et donc ne le font pas – ca, cette diversité, en clair cette liberté ouverte à elles comme aux autres – on préfère tout amalgamer et qualifier toutes celles qui le portent d’arriérées à éduquer.

Ce qui convenez-en pose question. Car nous ne parlons pas d’un pays ou c’est quasi obligatoire. Pas davantage d’un quartier en France ou la pression culturelle à le porter existe. Nous ne parlons pas de l’état islamique. Nous parlons de la France, un pays qui a la prétention – universelle, rien que ça – d’incarner la liberté.

Oui mais insistent nos laïcistes, celle-ci a un prix ! Ça, la société de consommation, y compris idéologiquement parlant, nous y avait habitué, à ce fameux PRIX. Lequel prix est toujours fixé par certains et est acquitté par d’autres, lesquels n’ont guère droit au chapitre. A ce titre il me semble que les femmes musulmanes prises dans leur ensemble passent souvent à la caisse et pas qu’à une seule enseigne. Guichet républicain d’un côté, guichet radicalisme de l’autre, guichet cause des femmes, guichet ceci, guichet cela.

On appelle cela l’Egalite des chances. Une égalité de traitement tout à fait particulière, unique au monde, c’est un journaliste parisien du Washington Post, totalement effaré par l’ampleur prise par cette affaire Décathlon qui l’écrit.

Après avoir vu le socle du Temple trembler trois jours durant sur nos antennes, et la moitie de la classe politique, tout juste remise de son Halte à l’antisémitisme y aller de ses déclarations et de ses tweets, la firme a tranché. Plus d’hijab pour les coureuses, ça fait peur à Finkielkraut qui voit Dark Vador à tous les coins de rue ! Ouf, la République est sauvée. Jusqu’à la semaine prochaine !


3 commentaires:

  1. Le bikini aussi fut décrié en son temps . Mais qu'on laisse la femme en paix de choisir .

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  2. le voile serait-il devenu le sujet de trouble national en France?
    Bien vu Christophe, BHL, Finkielkraut vont encore hurler que La République est attaquée, "l' hymen de Marianne" va brûler en enfer...

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  3. L' hymen de Marianne dévoilé, bravo St Christophe, le nouveau Nostradamus

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