A
peine achevée la séquence quelque peu hystérique de la chasse aux antisémites
jaune fluo que la république française, ce cadavre à la renverse, rempile dans
l’indignation depuis son sommet en direction de la base. Cette fois-ci il s’agit
d’un bout de chiffon, pardon, d’un hijab à destination des femmes de confession
musulmane aimant le jogging. D’un produit en vente dans les enceintes Décathlon.
Laquelle enseigne épouse comme toutes les autres les joies du communautarisme.
Lequel fait bon ménage avec la segmentation marketing.
L’hijab,
hier le foulard et le burkini, ce feuilleton laïciste bien pensant sous
oriflamme de la libération des femmes est une série à rallonges, depuis 1989 et
l’affaire du voile sous Jospin on nous le ressort régulièrement comme un thème
majeur qui en soi contient toute la singularité de notre modèle républicain.
Tellement singulier qu’à y bien regarder il n’y a à ma connaissance qu’en
France qu’on en fasse à ce point des caisses. Comme quoi l’universalisme à la française
tant vanté par nos édiles et nos élites se heurte aux frontières mêmes de l’hexagone
et des limites intellectuelles de ses nantis.
La
doxa quelque peu répétitive renfonce toujours le même clou sur ledit bout de tissu.
Celui-ci, et ce quelles que soient les déclarations de toutes celles qui le
portent, par choix ou par obligation, est un instrument de régression et de répression
de la cause des femmes. POINT. Celles-ci sont asservies à un modèle religieux,
celui d’un islam rétrograde. Ce bout de tissu est une injure faite à la cause
des femmes, il convient donc au nom de toutes de contraindre certaines pour
leur bien et pour le bien commun.
Ça
s’appelle la loi démocratique.
Que
le voile soit un signe d’affranchissement – quand même pas. Mais que certaines
et certains, au nom d’une conception majoritaire prétendent telle une Elizabeth
Badinter – la madone dudit sujet – à savoir mieux dire que les intéressées le
sens qu’il convient d’y mettre ... Que certaines s’arrogent, avec l’assentiment
de la loi, de dire ce qui convient pour autrui – ça, cette absolue
contradiction, je me pare de la modernité et au nom de celle-ci je définis ce
qui est rétrograde et au nom de celle-ci j’interdis, c’est-à-dire je censure
pour ton bien et traduis ce que tu penses sans que tu en saches rien toi même –
cette posture-là semble ne pas poser problème.
Une
affiche avec une adolescente de quatorze ans en bikini sur tous les murs de
France, ça passe. Une plage ou mères et filles s’affichent quasi nues tout
autant. Un burkini en vue, et les laïcistes de tous bords nous annoncent Les
dents de la mer.
Régulièrement
stigmatisée en France, la femme musulmane – remarquons au passage que les
riches saoudiennes qui font leurs emplettes avenue Montaigne ne sont jamais visées
– est considérée d’en haut comme une armée uniforme quelque peu arriérée qu’il
convient de traiter comme on traite un enfant. Manuel puis règle, pédagogie
puis contrainte par la loi. Songer un instant que ce qu’on appelle les femmes
musulmanes sont un ensemble protéiforme dans lequel on va trouver de tout, et
donc notamment des femmes qui après réflexion, selon leur propre lecture du
Coran – eh oui, il y en a plusieurs – peuvent choisir librement de porter un hijab,
et qu’il y en a d’autres qui en conscience estiment ne pas en avoir envie et
donc ne le font pas – ca, cette diversité, en clair cette liberté ouverte à
elles comme aux autres – on préfère tout amalgamer et qualifier toutes celles
qui le portent d’arriérées à éduquer.
Ce
qui convenez-en pose question. Car nous ne parlons pas d’un pays ou c’est quasi
obligatoire. Pas davantage d’un quartier en France ou la pression culturelle à
le porter existe. Nous ne parlons pas de l’état islamique. Nous parlons de la
France, un pays qui a la prétention – universelle, rien que ça – d’incarner la liberté.
Oui
mais insistent nos laïcistes, celle-ci a un prix ! Ça, la société de
consommation, y compris idéologiquement parlant, nous y avait habitué, à ce
fameux PRIX. Lequel prix est toujours fixé par certains et est acquitté par
d’autres, lesquels n’ont guère droit au chapitre. A ce titre il me semble que
les femmes musulmanes prises dans leur ensemble passent souvent à la caisse et
pas qu’à une seule enseigne. Guichet républicain d’un côté, guichet radicalisme
de l’autre, guichet cause des femmes, guichet ceci, guichet cela.
On
appelle cela l’Egalite des chances. Une égalité de traitement tout à fait
particulière, unique au monde, c’est un journaliste parisien du Washington
Post, totalement effaré par l’ampleur prise par cette affaire Décathlon qui l’écrit.
Après
avoir vu le socle du Temple trembler trois jours durant sur nos antennes, et la
moitie de la classe politique, tout juste remise de son Halte à l’antisémitisme y aller de ses déclarations et de ses
tweets, la firme a tranché. Plus d’hijab pour les coureuses, ça fait peur à
Finkielkraut qui voit Dark Vador à tous les coins de rue ! Ouf, la
République est sauvée. Jusqu’à la semaine prochaine !
Le bikini aussi fut décrié en son temps . Mais qu'on laisse la femme en paix de choisir .
RépondreSupprimerle voile serait-il devenu le sujet de trouble national en France?
RépondreSupprimerBien vu Christophe, BHL, Finkielkraut vont encore hurler que La République est attaquée, "l' hymen de Marianne" va brûler en enfer...
L' hymen de Marianne dévoilé, bravo St Christophe, le nouveau Nostradamus
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