J'écris comme je vis, c'est à dire intensément. Je n'écris jamais que quand c'est absolument nécessaire. J'écris pour jeter des ponts vers les autres. Je ne recherche aucune notoriété.
samedi 8 septembre 2018
Macron et Mélenchon ou les compères
Rencontre fortuite en soirée – fortuitement organisée par leurs entourages respectifs – entre le Président de la République et le leader de la France Insoumise sur le vieux port de Marseille, devant des caméras fortuitement allumées, immortalisant l'instant.
L'après-midi même, l'opposant tout de bruit et de fureur avait devant ses supporters fustigé « le plus grand xénophobe au monde » en la personne d'Emmanuel Macron, à propos de la loi Collomb sur l'immigration. Ce jugement tout en nuances, l'opposant favori du locataire de l'Elysée fut quelque peu minimisé par son auteur devant l'intéressé.
« Exagération marseillaise ». « Vous ne pouvez pas croire ça ? », a-t-il lancé à Emmanuel Macron sur un ton ironique. Propos auxquels fort affable le Président rétorqua aussitot « J'ai toujours du plaisir à discuter avec Monsieur Mélenchon : on n'a pas toujours les mêmes idées, mais c'est toujours respectueux et intéressant. On a des confrontations politiques mais ce n'est pas mon ennemi ».
Comme c'est mignon … Et pas vraiment du gout d'un certain nombre de supporters de la France Insoumise, qui y sont allés sur la page Facebook de leur leader pour le coup bien soumis en le taclant. Dire une chose devant ses suiveurs l'après-midi puis le nier le soir même en supputant presque que l'alcool ou le soleil ou je ne sais quoi, avouons que le toupet de Frère Jean-Luc ne connait guère de limites, et que cette forme de mépris et envers la vérité et envers celles et ceux qui lui font confiance franchit quelques bornes allègrement.
Macron et Melenchon sont tels Plic et Ploc, ou Les compères du film de Francis Veber avec Depardieu et Pierre Richard, deux comparses qui chacun jouent un role, le gros rentre-dedans et le mince un peu gaffeur. Dans de nombreuses scènes ils se chamaillent mais finissent toujours par partager la même chambre d'hotel. Jean-Luc et Emmanuel, eux, font pareil, le second recoit le premier à l'Elysée, tous deux ont une conversation littéraire passionnante aux dires du premier, lequel sort enchanté de la rencontre.
Le monarque s'est désigné son opposant préféré, dès son élection le bon Jean-Luc fut préféré à Madame Le Pen et à son acolyte Filippot, trop peste brune aux gouts du président. Non, Mélenchon tonne, harangue, a d'indéniables qualités de tribun, il fait le show comme personne, fait tel un joueur de flute sortir de leurs tanières des milliers de petites souris pour des manifestations qui ne servent à rien sinon à faire les gros titres, et permet par son opposition de facade et ses excès de continuer à faire exactement ce que veut Macron et son équipe sans changer une virgule du scénario.
Entre le frère trois points 33ème grade et son accolyte jésuite des beaux quartiers d'Amiens, une sympathie évidente, des intérêts convergents, et des techniques de manipulation fort semblables ou l'on sait par de grandes envolées et de belles palabres enrober l'essentiel, le plan, le système de croyance, les intentions réelles, la finalité. Excellents comédiens du castelet politicien rompus à l'art de démoder ceux qui sont encore sur les ressorts de la vieille politique – en gros à peu près tous les autres, les Wauquiez, Le Pen, Sarkozy ou Hollande -, ces marionnettes du XXI ème siècle ont su renouveler en profondeur le missel des mensonges politiciens, et nous servir depuis plus d'un an un brouet o combien plus malicieux que celui de leurs ainés. A défaut de croire en leur feinte opposition et à leurs balivernes, reconnaissons à ces compères une forme de talent.
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