Dewaere, comme un représentant francais, le seul ou
du moins le premier, mais de sa génération le seul, de l'Actor Studio en
France. Un jeu brut, à vif, tout en nerfs, ou il ne joue pas, il vit les
situations, le personnage, sa violence, ses fêlures et ses drames, jusqu'à se
cogner la tête comme un fou sur le capot d'une voiture dans la
scène mythique du mythique Série Noire d'Alain Corneau.
Dewaere prénom Patrick ou l'acteur sans filet qui brulait par tous les pores et se consumait sur pellicule sous nos yeux, se
mourrait de role en role en dépit de quelques rares comédies, lui ce furent les
drames, les personnages borderline surtout, qui se suicident ou meurent à la
fin, des types qui coulent, qui sont trompés, largués, paumés, qui se battent à
coups de poings et en bavent et crachent et hurlent de dégout.
Dewaere, parti à 35 ans trois mois après Romy, en 1982, je perdis l'un puis l'autre, les
deux que je préférais, ceux qui me touchaient le plus. Lui se suicida, elle ca
y ressemble bien aussi, le doute subsiste.
Lui, le partenaire de Depardieu dans Les valseuses, l'ex de Miou Miou, l'amoureux
souvent éconduit dans la vie, le passionné incapable souvent de maitriser ses
nerfs voire ses coups, qui cassa la gueule à un journaliste qui avait trahi sa
parole en laissant fuiter exprès un nom, il eut à ses trousses toute la presse, tous les chacals de
la presse lui tombèrent tous
dessus en même temps, un hallali, comme une mise à l'écart et au
rebut, lui qui était un des plus grands ce furent des moins que rien qui eurent
raison un temps de lui, deux ans avant son décès.
Dewaere, animal, boule de sexualité et de sensualité,
l'homme passionné devoré par la passion, abonné aux drogues dures, totalement désarconné
par le secret de ses origines qu'il apprit sur le tard, en quête de reconnaissance de la profession, qui de son
vivant ne lui accorda pas un prix, rien, nada. Il en souffrit, de ca aussi, rétrospectivement
Série Noire méritait mille césars, et
même ca ils lui refusèrent. Quelle tristesse.
Dewaere, ses roles, Un mauvais fils de Claude Sautet, presque un récit autobiographique
ou il apparait pour la première fois imberbe, tout comme dans Hotel
des Amériques, ou face à Deneuve il est largué au possible. Et puis La meilleure facon de marcher ou il incarne un beauf homophobe,
homosexuel rentré, avec une incroyable présence. Beau père, le troisième sous la direction de Bertrand Blier après Les
valseuses et Préparez vos mouchoirs,
ou il tombe amoureux d'une adolescente. Enfin Série Noire, son chef d'oeuvre, ou il est vertigineux, un film d'une
noirceur absolue, désespéré et désespérant, qui aurait pu être sous-titré La mort en direct.
Dans son dernier film, Paradis pour tous, il incarne un dépressif suicidaire qui se fait
par un scientifique couper le canal des émotions, celles qui le débordaient
tant dans la vie. Et devient un être aseptisé, insensible à l'autre. Le contraire de lui. Le film
sortit quelques jours après l'annonce de sa mort, fin aout 82, il fait froid dans le dos.
Il aurait du être Cerdan, Marcel Cerdan, le boxeur, l'amant d'Edith Piaf, dans Edith et Marcel, sous la direction de
Claude Lelouch. Le film se fit sans lui, il était mauvais, très mauvais. Patrick l'a échappé belle.
Magnifique acteur qui a marqué mon adolescence! Toute une époque du cinéma français de très bonne qualité qui n'est plus hélas en ce moment! Quel bel hommage rendu! Les meilleurs ne sont pas fait pour vivre longtemps…
RépondreSupprimerBonsoir Christophe,
RépondreSupprimerMerci pour ce bel hommage à cet acteur que j'aimais et que j'aime toujours beaucoup! Son départ nous a privés de tant de beaux rôles qu' il aurait pu interpréter.Merci encore!