J'écris comme je vis, c'est à dire intensément. Je n'écris jamais que quand c'est absolument nécessaire. J'écris pour jeter des ponts vers les autres. Je ne recherche aucune notoriété.
jeudi 2 août 2018
La ruralité qu'on assassine
Selon un calcul de l'AFP réalisé à partir du répertoire national des élus en tenant compte de l'effet du non-cumul des mandats, le nombre de maires ayant quitté leur fonction depuis 2014 est en hausse de 55% par rapport à la précédente mandature.
Abandonnés par un Etat qui assèche leurs finances, les maires des petites communes se sentent de plus en plus impuissants et inutiles, plusieurs se saignent pour pouvoir payer les fonctionnaires municipaux, et face à leurs administrés, incapables faute de moyens de répondre à leurs légitimes besoins, ils désespèrent. Et de plus en plus d'entre eux rendent leurs écharpes tricolores.
La ruralité est la grande victime en France de l'oligarchie et des dirigeants qui lui obéissent. On a cassé les services publics dans nos campagnes, fait fermer des bureaux de poste, des hopitaux, des centres d'impots, des crêches et des maisons de retraite publiques. Les pharmacies, les médecins de campagne manquent de plus en plus, les gens qui n'ont pas de voiture, je pense aux personnes agées, sont abandonnés à leur triste sort, au moindre accident de la vie le quotidien devient un enfer, il faut faire cinquante kilomètres pour aller se faire soigner, on demande à des femmes agées de quatre-vingt-dix ans de remplir leur déclaration d'impot sur internet, on les contraint à appeler des numéros verts surtaxés pour obtenir ne serait-ce que la concrétisation d'un droit comme recevoir une pension vieillesse. Tout se numérise, et les gens ne suivent plus, on a déshabillé leur village, or leurs villages c'est le coeur de la France, tous les citadins historiquement en proviennent. Et c'est cela qu'à petits feux on tue, de même qu'on détruit des églises avec l'aval du Vatican, bien plus silencieux sur ses églises que sur le sort des migrants. Migrants qu'on entend d'ailleurs déverser dans nos villages sans demander aux locaux qu'on a abandonnés ce qu'ils en pensent.
Ces maires, bien sur certains ont du voter Macron, ou plutot voter contre Le Pen, dans quelle proportion je l'ignore, je ne les ai pas accompagnés dans l'isoloir. Un maire, surtout dans un petit bourg, c'est une pièce décisive du vivre ensemble, le maire, tout le monde le connait, il se balade sur les marchés, on va le saluer dans la rue, lui parler de ses problèmes, lui demander une faveur. Ce n'est pas à ce niveau ce qu'on appelle un politicien mais un facilitateur, un trait d'union, une espèce d'infirmière du corps social, quelqu'un qui est né là et dont les plus agés ont connu le grand père. Et c'est lui, lui qu'on pousse à la démission. En lui rendant la vie impossible.
La promesse de Macron, supprimer la taxe d'habitation, devinez sur qui ca va tomber – sur les petites communes, soudain privées de tout, au point que les maires sont en train d'étudier la création d'une nouvelle taxe pour tacher de colmater les brèches. Les régions, elles, s'en sortiront très bien grace à l'Union Européenne qui entend les diriger directement comme le fait l'état fédéral US avec les 50 états. La commune, surtout les petites et moyennes, c'est le maillon faible de leur dispositif, l'échelon à sacrifier sans le dire. Seules comptent les grandes villes et les grandes agglomérations, les gros agriculteurs, les gros tout, en fait. Sus aux petits, aux fragiles, aux faibles, aux peu riches, aux gueux.
C'est la France qu'on assassine. Il est triste, bien triste, de constater qu'en France la seule qui tienne un discours cohérent et offensif sur cette question majeure de la ruralité qu'on assassine ce soit Marine Le Pen. Qui fit en 2017 de très bons scores dans nos campagnes. Pour tous les autres partis c'est quantité négligeable, ils préfèrent parler des actes sexistes ou des migrants, sujets à leurs yeux plus rentables.
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