J'écris comme je vis, c'est à dire intensément. Je n'écris jamais que quand c'est absolument nécessaire. J'écris pour jeter des ponts vers les autres. Je ne recherche aucune notoriété.
jeudi 30 août 2018
Geena Rowlands, la muse
Née en 1930 dans le Wisconsin, Geena Rowlands commenca dès l’adolescence à prendre des cours de théatre avant de s’inscrire puis d’etre diplomée de l’American Academy of Dramatic Arts à New York en 1952. Puis se lanca sur les planches dans de nombreuses adaptations de classiques, dans des oeuvres d’avant garde, jusqu’a un spectacle à Broadway, lequel, compte tenu de son succès, fera une tournee nationale et lui permettra de se faire repérer.
Ce qui l’aidera à intégrer de nombreuses séries TV renommées dans les années 50, dont Alfred Hitchcock présente. Puis de faire partie de la distribution de quelques films.
Mais ce sera la rencontre en 1954 avec John Casavetes, qu’elle épousera quelques mois plus tard et avec qui elle vivra jusqu’à la mort de ce dernier en 1989 qui offrira à celle qui aurait pu devenir une petite actrice hollywoodienne de plus une place de choix dans l’histoire du cinéma.
Passionné, fougueux et cinéphile jusqu’au bout des ongles, Casavetes révolutionna l’art de la mise en scène du cinéma des Etats Unis et devint comme un pendant américain de Jean-Luc Godard, c’est-à-dire une nouvelle vague à lui tout seul. Caméra à l’épaule, tournage à la maison avec des acteurs amis – Peter Falk -, cinéma au plus près de la vérité ou la caméra capte voire vole les images de scènes parfois improvisées sur le vif et donnant lieu à un sentiment d’assister comme malgré soi à une scène ayant lieu chez des gens comme le ferait un voyeur – le cinéma selon Casavetes propose une manière unique de traduire le réel et les sentiments en les exacerbant avec le moins de manipulation possible. Casavetes, c’est l’art de faire le moins de cut possible, de laisser le vif, l’inattendu, pénétrer la séquence.
Geena tourna donc dix films, dix chefs d’oeuvre, dans les films et parfois en tant que partenaire de son époux, acteur lui aussi. Elle fut sa muse, son interprète et le diamant de ces films, tous ou presque mythiques. Faces, Une femme sous influence, Opening night, Gloria, Love streams… La force vibratoire et l’intensité de son jeu, ce regard profond et puissant, cette voix parfois caressante parfois brusque, ce corps qui se contracte, ce visage qui soudain s’illumine ou se déchire – sous la caméra de son homme, Geena donna tout jusqu’au vertige.
L’héroine actrice d’Opening night, terrassée par le trac et qui vomit d’avoir trop bu avant que d’entrer en scène. Gloria, l’ex maitresse d’un ponte de la mafia, et qui défend telle une lionne un gosse portoricain de six ans dans les rues de NYC et sort un flingue pour tirer à tout va. Cette femme borderline sous influence qui craque dans la rue. Cette soeur qui recréée une arche de Noé à demeure et fait entrer un à un tous les animaux chez elle. Combien de roles et de scènes inoubliables Geena Rolands, une des plus grandes actrices que le cinéma américain ait jamais eues, a t-elle interprété. Jusque chez Woody Allen avec Une autre femme, en 1988, un an avant la mort de Casavetes.
Le décès prématuré de John n’interrompit pas la carrière de Geena, qui se fit plus discrète mais continua à incarner avec cette classe absolument insensée de magnifiques personnages. Films souvent confidentiels, films d’auteur, jamais ou très rarement dans le système, underground. Malgré cela, malgré le peu de recettes, une aura internationale intacte et un respect de tous. Le milieu le sait, elle fait partie des plus grandes, égale de Bette Davis qu’elle admirait tant.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire