Tatillons,
pointilleux, perfectionnistes de la virgule et du chiffre près, gros
consommateurs de diplômes et rédacteurs de curriculum vitae en 10 pages police
de caractère 8, les besogneux, bons élèves inaptes à occuper la toute première place, passent leur vie à gravir les échelons sans se rendre compte qu’ils font, tels
des hamsters courant au centre d'une roue, du
sur-place.
Adeptes
des révisions et des groupes de travail ou l'on n'en finit pas de
disserter des heures sur le carré de l'hypoténuse, ces abonnés
aux titres universitaires ronflants et aux Lions Club et autres Rotary de
province auraient à l'époque de Flaubert épousé Emma Bovary et été clerc de
notaire.
L'époque récente ayant comme crée des milliers de métiers ou
enculer les mouches dans du papier A4 sans jamais rien produire de concret est la
norme, ces serviles zélateurs du système pyramidal ou l'intelligence se mesure au chiffre inscrit après le PLUS de
BAC ont pris du galon. On les retrouve dans des machins publics, recherche,
innovation, prospective, intelligence économique, ergonomie, tous ces mots
ronflants dont les gueux, jusqu’à leurs propres parents, ignorent le sens, mais
dont le seul énoncé leur donne des vertiges.
Dans
leurs bureaux étroits emplis de livres jaunis et de paperasse, ils prennent
leur pied, le temps s'évanouit, changer un
mot pour un autre, rééquilibrer le paragraphe, biffer d'un trait rouge rageur la copie du voisin et de rage envoyer
valdinguer ses petites lunettes de myope – pour rentrer dans les couloirs de métro
vers vint heures dans les courants d'air, portant une
grosses sacoche remplie à ras bord de dossiers
à relire avant de s'endormir.
Décalés
du réel, les besogneux sont comme pères des sangsues à liberté, chez eux les têtes blondes ca reste dans sa chambre à étudier comme papa, et la télé yapa – sauf Arte. Madame
besognant tout autant que Monsieur, le lit nuptial est tel un radeau à la dérive
ou s'entassent les livres
et où la chair est quasiment bannie. Pas de temps pour ces balivernes, ma thèse,
celle que je réécris depuis sept ans, est au point mort et il me faut
ABSOLUMENT enfin parvenir à l'éditer.
Intellos
poussiéreux, ces soldats émasculés de bibliothèque n'ayant en définitive jamais vraiment quitté les bancs de l'école sont d'impitoyables
correcteurs et d'authentiques
censeurs. Destinés à corriger sans jamais
réussir à produire que du
chiant de chez chiant, et donc à ce titre éternellement
rejetés – les autoriser à faire une photocopie
de leurs pensums, voilà ce que le système leur autorisera seulement à faire -, les besogneux, éternels seconds sans charisme,
jalousent tant leurs congénères qu’ils sont prêts à tout pour couper la moindre tête qui dépasse.
Profs
vachards à la formule féroce,
grands spécialistes de la tronche en biais censée détendre l'atmosphère, ces misanthropes sans envergure sabrent clair et
noient le moindre talent repéré à l'horizon sous des
tombereaux de formules assassines. Le brillant, le beau, le lumineux, tout
cela, ce médiocre tisseur de toiles d araignées l'exècre, le jalouse, l'étouffe, l'humilierait presque. Avec les encouragements de la
hiérarchie.
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