Nicole, une
institutrice, est devenue la maîtresse de Michel Delasalle, le directeur d'un
minable pensionnat de garçons, à Saint-Cloud. Despotique et cruel, Delasalle
s'amuse à terroriser Christina, son épouse, cardiaque et fragile. Il ne ménage
pas pour autant la sensibilité de Nicole. Aussi les deux femmes, pourtant
rivales, sont-elles devenues amies. A elles deux, elles décident de se
débarrasser de Michel. Drogué puis noyé dans une baignoire, l'odieux personnage
finit sa course au fond de la piscine du pensionnat. Quelque temps après, le
cadavre disparaît et d'étranges phénomènes se produisent, qui effraient la
faible Christina et attirent l'attention du commissaire Fichet...
Ah Henri-Georges
Clouzot, l’anti Jean Renoir par
excellence ! Ici adaptant pour son plus gros succès Boileau et Narcejac –
auteurs de Vertigo d’Hitchcock, leur roman D’entre
les morts.
Cinéaste misanthrope, peintre de la noirceur des ames, cynique et désabusé,
souvent sadique envers certains de ses acteurs …
Ici dans un
pensionnat pour garçons de l’après-guerre un trio
amoureux, mari femme amant. La femme est cardiaque, la maitresse se lie d’amitié avec elle sous couvert, de
concert avec l’époux, de la faire
craquer. Donc un stratagème, monter un faux crime, créer un faux mort, puis un
revenant de nuit qui par son apparition …
Filmé dans un sublime
noir et blanc, génialement interprété – Paul Meurice, assez terrifiant, Simone
Signoret, froide maitresse femme cynique en diable, et la femme de Clouzot,
Vera, sorte d’hirondelle sadisée doublement
et comme actrice et comme personnage -, ces Diaboliques portent bien leur nom. L’univers dépeint par Clouzot est d’un pessimisme ravageur. Tromperies,
sadisation d’enfants – on aperçoit
Johnny Hallyday alors tout gosse …-, crime sanglant, tentative de noyade dans
une baignoire, tous les ingrédients d’un
film noir comme l’ébène sont rassemblés
en un suspens confondant qui fait souvent se dresser les cheveux sur la tête.
C’est surtout – marque de fabrique d’un cinéaste pourtant très populaire –
le cynisme et l’amoralité des
personnages qui prédominent. Créer en 1955 un triomphe à partir d’un portrait de la France et de certains
de ses habitants – l’esprit provincial y
est littéralement mis en pièces – aussi dépourvu d’espoir et de bonté tient de la gageure.
On parle d’un film devenu classique
qui à sa sortie fit l’évènement. A coté,
les Chabrol font presque effet de bluettes ou de décalques.
Diabolique Clouzot,
pourfendeur des hypocrisies de la bonne société. L’année suivante il démarrera le tournage
des Espions, comédie absurde sur l’espionnage qui au contraire des Diaboliques essuiera un échec
retentissant. Ce cinéaste absolument unique dans l’histoire du cinéma français, souvent
raillé ou attaqué durement – souvenons-nous du Corbeau – est pourtant au même titre que Renoir ou Carné rentré
dans l’histoire, a une des
places les plus hautes. Belle revanche !
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