5eme
de la série de films français – ses derniers – de Luis Buñuel, Le charme discret de la bourgeoisie est aussi le plus renommé. Sur un scénario
de Jean-Claude Carrière, le film, sorte de rêve éveillé entrecoupé de
cauchemars et de scènes oniriques, propose une allitération de la meme scène
originelle entre trois hommes et trois femmes, bourgeois jusqu’au bout des
ongles, tentant désespérément de faire CENE. C’est-a-dire de s’attabler, de
faire repas, de partager un repas, une comédie sociale autour de l’acte de s’attabler
pour manger.
Sauf
que malicieusement, à chaque fois un élément va s’immiscer pour rendre le
projet bourgeois impossible. Cela peut advenir de l’intérieur ou de l’extérieur,
et la dimension onirique va progressivement prendre le premier plan.
Personnages en représentation qu’à un moment le malicieux Buñuel va téléporter
sur la scène d’un théâtre face à un public impatient de les entendre – sauf qu’aucun
d’eux ne connaît le texte de ce qu’il y a à jouer.
La
construction de chaque bloc narratif – le film a des cotés film à sketches –
part d’une réalité plate qu’il étire jusqu’à l’absurde pour ensuite le faire
glisser dans le rêve, le fantasme et le fantastique. Ainsi l’œuvre devient une
longue route sinueuse ou l’air de rien un détail à chaque fois ramène la troupe
au point de départ, jusqu’à les faire marcher les uns à coté des autres sur une
route de campagne qui ne vient et ne va nulle part. Difficile de faire plus
explicite sur la dimension parfaitement vide de sens de la représentation bourgeoise
de l’être.
Au
travers de ces mille entraves le cinéaste observe amuse les mouvements
immobiles de cette faune d’êtres divertissants qui cherchent a s’attabler sans
y parvenir. La nourriture s’éloigne à mesure que le film avance, et l’imaginaire
vient pour catapulter toute propension à occuper sa place en groupe. C’est
comme si le virus était inhérent au groupe social en tant que groupe constitué,
comme si finalement seule l’imagination personnelle permettait à chacun de
vivre et de faire partager quelque chose.
Discret,
ce charme s’évanouit puis réapparait, les silhouettes fantomatiques ne
parvenant guère à se fixer ou que ce soit.
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