mardi 1 mai 2018

Chefs d’oeuvre du 7ème art - L'armée des ombres



Octobre 1942. Philippe Gerbier, ingénieur des Ponts et Chaussées, est un résistant de la première heure. Dénoncé, il se retrouve enfermé dans un camp français. Il parvient à prendre la fuite durant son transfert au siège de la Gestapo à Paris et s'empresse de rejoindre les membres de son réseau à Marseille. Avec deux camarades, Félix et «Le Masque», Gerbier est chargé d'exécuter le jeune Dounat, responsable de son arrestation. Parallèlement, Jean-François, un ami de régiment, entre dans la Résistance. Chargé pour sa première mission de livrer un poste émetteur à une certaine Mathilde, il en profite pour aller rendre visite à son demi-frère, Luc Jardie, un grand bourgeois qui se tient à l'écart des événements...

1969, date de la sortie du film de Jean-Pierre Melleville, ancien grand résistant gaulliste, année de la sortie du pouvoir du Général de Gaulle, trois ans avant Le chagrin et la pitié de Marcel Ophuls, qui montra un visage quelque peu décapant de l'occupation. Dans cette odyssée de la résistance, le cinéaste expose des hommes de l ombre, cachés et assiégés par l'ennemi, tachant de serrer les rangs, de résister à des assauts, loin des regards. On les surprend à l'œuvre non pas dans des actions héroiques mais dans des faits qui tiennent davantage du quotidien.

Adaptation du célèbre roman de Joseph Kessel, cette armée des ombres montre l'envers du décor, le verso, là ou la plupart des français n’allaient point. Il y a à la fois déférence envers ces figures nobles et distance par rapport au mythe. Ce n'est point un western qui nous est conté mais un lent et pénible combat fait de petits assauts et de replis. Le réseau est celui d'hommes et de femmes marginaux traqués. Les actions de Gerbier – Lino Ventura, vieilli, admirable – visent à préserver l'interne davantage qu'à attaquer l'occupant, ses troupes se vivent en état de siège permanent, déconnectées du reste du monde, comme terrées sous terre – hormis lors d'une scène en présence de la figure du Général, seule figure historique présente, telle la statue du Commandeur.

L'héroïsme nous conte Melville n'a rien d'hagiographique, ll s'agit d'une aventure solitaire, intime, loin des regards et des projecteurs, à distance des autres, un peu comme une quête de lumière et de soi dans l'obscurité persistante ou l'on se fait ombre – une ombre dans des temps de ténèbres.  


1 commentaire:

  1. L'héroïsme ... n'a rien d'hagiographique. Il y a longtemps que je n'avais pas lu ce terme . Belle analyse. Merci Christophe.

    RépondreSupprimer