Chassé
de son Irlande natale après une série d'exactions et d'inconvenances, Redmond
Barry s'engage dans l'armée britannique et combat les Prussiens. Le métier des
armes lui devient vite insupportable et il déserte. Capturé par l'ennemi, le
jeune homme, ambitieux mais naïf, ne doit sa survie qu'à son empressement à
servir ses nouveaux maîtres. La guerre finie, Redmond devient espion, puis
joueur professionnel. Il fréquente la haute société, dont il apprend les usages
et les bonnes manières. Ce talent lui permet de conquérir le coeur d'une jeune
veuve, la comtesse de Lyndon, dont le fils, lord Bullingdon, lui voue bientôt
la plus vive animosité...
Pendant
les années 60, Stanley Kubrick tentera en vain de monter un énorme projet sur
l’Empereur Napoléon Bonaparte, N’y parvenant point, il se recentrera sur l’Empire
Britannique et sur un roman de Thackeray, Mémoires
de Barry Lyndon.
Le
cinéaste tout terrain s’essaie donc ici pour la première et la dernière fois au
film dit d’époque, à costumes donc, au XVIIIème siècle. Perfectionniste génial
il innovera formellement avec des éclairages demeurés célèbres à la bougie et
des reconstitutions comme dans des toiles de maitres, ce afin de recréer le
plus proche possible de la réalité un passé dans lequel puiser les origines ou
tout du moins le passé de la société anglaise, basée sur la violence et l’amour-propre.
Ce
renégat de Barry est un jeune arriviste qui utilisera un temps l’armée pour
mieux s’en extraire puis de manipulations en manigances devenir par le sceau du
mariage membre de la noblesse anglaise. Roturier, parvenu et foncièrement
égoïste, il n’a de cesse d’épouser les codes d’une société qui donne tout au
sommet et confisque tout à la base, afin de sauter d’étape en étape les
échelons pour toucher le ciel.
Dont
il maitrise, et c’est son drame, car Barry Lyndon est une tragédie ou Kubrick
porte un regard extrêmement acerbe sur notre civilisation, bien peu les codes.
Au fond Barry n’a guère plus qu’une identité masquée qu’il tache de planquer
mais qui ressort tant par certaines détestations qu’il provoque comme par son
aptitude quasi inconscience de salir et de détruire toute beauté, y compris
cette vestale froide comme une figure de tableau, à savoir Madame son Epouse.
La chair de cette chair maculée par l’opportunisme ne peut que mourir, et la mère
de l’enfant devenir folle.
Il
y a dans ce parcours de vie qui monte puis chute un sentiment de vacuité,
magnifié tant par l’esthétisme sublime du film que par le choix des
compositeurs, à commencer par Haendel et sa Sarabande, pour illustrer les
séquences majestueuse – celle, hyper étirée, du duel, évidemment. Cet écrin à
un homme de rien devenu beaucoup et qui finit à terre est comme un miroir
grinçant tendu à un empire qui se crut plus gros que le bœuf en exportant ses
guerres sanglantes par simple gout de domination et par fatuité.
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