Profondément bouleversée par la mort pourtant
ancienne de son époux, Blanche DuBois part s'installer à La Nouvelle-Orléans
chez sa soeur Stella. Celle-ci vit dans un logement misérable avec Stanley
Kowalski, son mari. Cet être fruste et vulgaire déteste sa belle-soeur dès le
premier contact. Le conflit s'envenime d'autant plus vite que Blanche cache des
antécédents sentimentaux mouvementés sous ses airs de grande dame. Lorsqu'elle
rencontre Harold Mitchell, un ami de Stanley, elle croit qu'un mariage honorable
est encore possible. Elle fait tout pour séduire cet homme, à ses yeux un peu
plus respectable que les autres. Par désoeuvrement, Stanley révèle à Harold le
passé de Blanche. Celui-ci, choqué, s'éloigne aussitôt d'elle. Blanche sombre
peu à peu dans la folie...
Ce fim datant de 1951 fut la première adaptation d'une
pièce de Tenessee Williams sur grand écran. C'est peu dire qu'il trancha sur
les productions hollywoodiennes polissées de l'époque, tant sur le fond que
concernant le jeu des acteurs.
Parlons d'abord de Vivien Leigh, la petite princesse
de l'Amérique d'Autant en emporte le vent ici transformée en
mythomane flirtant avec les affres de la folie et habillée comme un papillon
fané se brulant les ailes sur une ampoule. Et bien entendu de Marlon Brando
tout droit sorti de l'Actor Studio, démodant par un jeu hyper sexué la totalité
des bellatres des grands studios.
Prenez le tramway nommé Désir et descendez à la
station Cimetière. Telle est la voie empruntée par cette Blanche quelque peu
felée, laquelle a à voir avec les personnages interprêtés par Bette Davis et
Joan Crawford dans Baby Jane dix ans
plus tard. Comme une caricature de l'Amérique, une Amérique sans le sou à la
renverse qui s'en va dériver chez une soeur lointaine et y vivre des crises d'hystérie
successives en se récitant des contes de fées.
Le portrait cruel que Williams fait de la société américaine
puritaine est celle d'un mythe totalement déconnecté du réel, une sorte de Walt
Disney que les personnages les plus fragiles tentent de toutes leurs forces de
conserver comme référence. La violence des relations entre Leigh et Brando
vient du désir de la première de rester dans son petit monde enchanté et du
sarcasme avec lequel le second se plait à arracher le voile et à appeler un
chat un chat.
Lancés dans une arène les personnages laissent
exploser leurs passions et leurs pulsions les plus contradictoires, et Kazan
les suit en les surexposant avec un noir et blanc parfois cruel. Comme un jeu
de quilles cruel ne comprenant que des perdants.
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