Vincent
Malivert, l'un des joailliers les plus réputés de la place Vendôme, se suicide,
a priori sans motif apparent. Marianne, sa femme, habituée des cocktails de
somnifères et d'alcool depuis bon nombre d'années, et dont le mari était le
seul réconfort, est alors brutalement tirée de sa léthargie. Elle apprend la
proche faillite de la bijouterie de son mari et cherche à démêler l'écheveau
qui a conduit à cette situation. Dans le coffre-fort secret du défunt, elle
trouve cinq diamants de fort belle taille, vraisemblablement acquis de manière
frauduleuse. Elle découvre que ces pierres sont convoitées par Battistelli, son
premier grand amour, dont elle est sans nouvelles depuis vingt ans...
Place
Vendôme, les grands joaillers, le Ministère de la Justice, le Ritz … Le propre
de la Place Vendôme c'est son intemporalité.
Intemporalité que Nicole Garcia dans ce 3eme film comme réalisatrice – son
meilleur à mon sens – s'en va retrouver au
travers d'une résurrection ou d'une renaissance, celle de son héroïne,
qui s'en va enfin parvenir à
débusquer dans son propre passé les racines de la trahison dont elle fut
victime afin de transcender ce traumatisme.
Le
monde des joaillers – à Paris, en Suisse, ailleurs – est un monde en soi,
intemporel, clos sur lui-même, ou l'on
s'en va travailler la
pierre précieuse et lui attribuer un cout inestimable. C'est un monde feutré, en apparence ayant
pignon sur rue, mais où les négociations troubles abondent. Attirant l'argent comme la lumière les papillons,
il est l'univers par essence
des secrets, des initiés, des mensonges et des jeux de dupes.
Celle
qui fut la femme de, sa veuve, renait à compter de l'enterrement de son mari, lequel ouvre
le film. Sortant d'un long coma ou l'alcool fut son compagnon le plus fidèle,
dissimulant les bouteilles qu’elle boit au goulot en se cachant des regards, le
personnage de quinquagénaire interprété magistralement par une Deneuve au
sommet de son art – on dirait Geena Rowlands ! - s'en
va fouiller dans le passé et dans les alcôves, là ou tout se cache et se tait.
La perspective de la banqueroute donne à sa quête sa dimension d'urgence, soudain placée au centre des
regards, celle qui hier occupait l'ombre
s'en va se rebeller
contre ces hommes d'affaires qui veulent
la contraindre à jouer son rôle de manière passive et silencieuse. Marianne – prénom
pas pris au hasard …- reprend le flambeau. Le sien, celui de son défunt mari,
celui des affaires – elle fut négociante de bijoux, risqua la prison et ne fut sauvée
que par celui qu’elle épousa de cette ignominie.
L'on comprend qu’elle lui doit beaucoup
et que sa quête de vérité s'inscrit dans un
processus de réparation, tant à son égard qu’envers elle-même. Il s'agit dans cette plongée de sauver son
ame, de re-venir au centre, de réécrire l'histoire
maculée, d'effacer les coups et
de panser les blessures. Pour cela il lui faudra retrouver et donc affronter
son ancien amour, celui qui autrefois l'a
trahie.
Leur
face-à-face, dans une chambre d'hôtel, loin d'être un règlement de comptes – tous
deux ont vieilli et pas forcément bien pour lui -, tous deux sont devenus
adultes, tous deux ont vécu l'épreuve du temps qui
passe avec les remords qui s'y attachent. On –
Nicole Garcia et sa caméra pudique – les surprendra assis sur un grand lit,
immobiles, presque mutiques et semblant regarder dans le vague, re-vivre l'hier en songeant à demain. La pierre
précieuse s'incarne en cette Marianne emplie de
mansuétude, désireuse de tourner la page. De sortir du passé, de se défaire de
ses chaines intérieures.
Pour
vivre plus légère, sans être happée par la nostalgie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire