Suspendu pour «
fornication et conduite indigne », le révérend Lawrence Shannon (Richard
Burton) est contraint de quitter l’Église. Répudié de l’autel, il se réfugie
tout naturellement dans un… hôtel tenu par Maxine Faulk (Ava Gardner), la veuve
d’un de ses amis. Devenu guide touristique (« Visitez le monde de Dieu avec un
homme de Dieu »… clame l’annonce publicitaire du voyage organisé!), notre
séduisant révérend fait découvrir les joies et les bienfaits de la jungle
mexicaine à un groupe de vieilles Américaines. Une lolita délurée (Sue Lyon, la Lolita de Stanley Kubrick),
chaperonnée par une vieille fille frustrée (Miss Fellowes), ne reste pas
insensible aux charmes du pasteur et tente de le corrompre. Tandis que Shannon
subit les menaces et insultes de Miss Fellowes, la vieille puritaine, deux
clients atypiques et fauchés – une peintre spirituelle et éthérée (Deborah
Kerr) accompagnée de son grand-père, poète nonagénaire – s’installent pour une
nuit à l’hôtel.
Ascension et
descente, tentation et salvation, quête d un destin suprême et appel de la
chair. Ce révèrent si peu révérencieux qui s en va en tant qu’ancien homme d église
faire le tour operator du royaume de Dieu pour de vieilles américaines aussi fortunées
que puritaines a élu domicile dans un hôtel surplombant l océan, sorte de faux
paradis terrestre ou la divine Ava Gardner, entourée de ses boys, trône.
Adapté d'une
pièce fameuse du grand Tennessee Williams, ce brulot tragi-comique de John
Huston expose dans un superbe noir et blanc une authentique nuit de l'iguane. A savoir un monde ou dès la tombée
de l'obscurité le reptile temptateur
– supposé être ici
Sue Lyon, la Lolita de Kubrick – se glisse dans la chambre du révérend indigne,
lequel se laissant tenter à la vitesse de l'éclair, retournera le détournement de
mineure en détournement de pauvre homme esseuléé par une gamine hypersexuée.
Le corps – les corps,
ceux qui attirent, s'attirent, se
repoussent, se provoquent – semble le sujet central de cette histoire ou le
diable se glisse de nuit dans les interstices du désir enfoui. Les corps y sont
exposés, surexposés, en sueur, en cette jungle ou les
occidentaux peuvent s'adonner à leurs
pulsions tout en étant précédés et poursuivis par leurs angoisses, leur
puritanisme, leurs hésitations et leurs codes éthiques. La chair est faible, l'homme est faible, la femme triomphe, sexuée,
telle Ava qui telle la déesse des lieux règne en maitresse femme, sourire
aguicheur aux lèvres.
Profondément tordu,
cet ancien homme d église, à la fois tentateur et tenté, fait en permanence le grand écart et
flirte avec la mort au travers de ses désirs accomplis et refoulés. Perdant toute autorité, dans son
église puis au sein de cet univers féminin ou il est à la fois en proie à et
sujet à désirs, il tentera mille fois de retourner vers une male domination,
échouera a chaque fois, ira jusqu’à se faire attacher à un hamac. On ne saura
qui de la toute jeune nymphe ou de lui est véritablement cet iguane auquel se
réfère le titre – tout en ayant quelque idée sur son identité réelle …
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire