A
la mort de leur mère, lors de la lecture du testament, Jeanne et Simon Marwan
reçoivent deux enveloppes. Ils doivent remettre la première à leur père, qu'ils
avaient toujours cru mort. Quant à la seconde, elle est destinée à un frère
dont ils n'avaient jamais entendu parler. Jeanne décide alors de partir pour le
Liban à la découverte de son histoire familiale. Son jumeau, Simon, se montre
plus réticent et ne veut rien connaître de plus sur cette mère qui s'est
toujours montrée froide avec lui. Mais, par amour pour sa soeur, il accepte
finalement de la suivre dans ce voyage. Au cours de leur périple, les deux
jeunes gens vont découvrir un passé familial dont ils ne soupçonnaient pas
l'existence...
Adapté
de la pièce de son compatriote Wajdi Mouawad, cet Incendies du québécois Denis Villeneuve, s'ouvrant sur un magistral
titre de Radio Head – et un traveling sur des enfants tondus au Moyen-Orient, qu’on
devine futurs ennemis séparés entre chrétiens et musulmans – s'en va fouiller
aux racines du mal à la fois de ces tragiques conflits religieux locaux et des
origines du sang.
Car
il s'agit de ca avant tout, ces deux enfants qui sont chez le notaire et à qui
leur mère transmet une énigme, celle de leurs origines, leur conseillant de
faire le voyage, le voyage intérieur, sur le terrain, dans son pays à elle,
aller reconstituer l'histoire, la vraie, celle de sa propre vie mais aussi la
leur.
D'ou
je viens – l'héritage ! -, telle est la question centrale et existentielle,
de qui suis-je l'enfant, qui est mon père, que fut la vie de ma mère, dans quel
contexte s'inscrit-elle et donc qui suis-je. Ce cheminement au cœur-même de ce pays
bouleversé par des conflits et en proie à des incendies, ces pays ou même les
enfants sont dressés à tirer, ces rues ou se cachent dans des immeubles dévastés
des tireurs âgés de sept ans, ou chacun tire sur chacun, ce pays qui peut être
le Liban, la Syrie, l'Irak, cette terre et cette histoire …
La
mère – Lubna Azabal, admirable, bouleversante – fut une combattante engagée, et
on la retrouve, des années plus tard, au bord d'une piscine, la séquence
reviendra plusieurs fois, c'est la scène clef, elle voit quelque chose et est
soudain plus que tétanisée, et de là tout va se précipiter, le passé a ressurgi
et va tout contaminer, les cicatrices se rouvrent, il n y a plus d'échappatoire,
il lui faut affronter ses démons et transmettre le témoin à la chair de sa
chair.
Le
fils, la fille, tous deux, en parallèle, cherchent, tandis qu’en flash back la
vie de la mère nous revient par bouffées, son histoire se mêlant à la Grande,
la femme qui chante, la séquence de l'autobus mis en flammes, elle, tremblante,
retenant ses larmes, tant de victimes innocentes, il s'en est fallu à un
cheveu. L'émotion, alors, nous submerge, la force émotionnelle de ces scènes
sublimes est à son maximum, Incendies
est probablement un des films les plus aptes à déclencher chez son spectateur
des torrents de larmes.
Jusqu’à
ce 1 et 1, dans la chambre d'hôtel, c est-à-dire la révélation des origines,
lorsque sont prononcés ces mots, une sidération, stupéfiante, tant chez les
personnages que les spectateurs, tous nous écarquillons les oreilles, non oui j'ai
bien entendu, ce secret, atroce, effrayant c'est donc ca, c'est donc bien ca,
et ce secret des origines renferme toute l'horreur de la guerre, toute l'horreur
du monde.
Et
à partir de cette révélation, assis sur ce socle solide, il va falloir se
redresser et continuer à vivre.
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