Ce pourrait être
Janis dont le film s’inspire, morte à 27 ans. Ou bien Jim, ou Kurt, ou Amy.
Tous morts à 27 ans.
Cette Rose
presque fanée, ses derniers jours dont le film de Mark Rydell suit la descente
vertigineuse, entre concerts survoltés, crises de nerfs, amour passion,
engueulades avec son épique manager.
Where has
everyvody gone …
Le portail d’un
garage se soulève, l’ampoule est allumée, on découvre – ce sont les toutes premières
minutes du film – des tas de photos en noir et blanc. Toute une jeune vie résumée
post mortem en quelques cent clichés.
Rose est une star
du rock, adulée, destroy, versée dans le whisky à toute heure, ex junkie. Epuisée
par un planning faisant d’elle une machine à cracher du cash, elle rêve de
prendre juste après un concert dans sa ville natale une année sabbatique. Pour
vivre, pour aimer, trouver un homme, un qui ne la déçoive ni ne la quitte. Tant
elle est volcanique, invivable. Car elle qui attire les foules fait fuir les
hommes. Et elle est seule, désespérément seule lors de ces interminables tournées.
A l’extinction des sunlights l’étoile dort seule. Perdue, et parfois en larmes.
Le mythique film
du cinéaste Mark Rydell fut monté sur le nom d’une chanteuse que le réalisateur
découvrit avant tout le monde, en 1972, à New York. Chanteuse de torch songs,
la volcanique Bette Midler performait alors dans un sauna homo que fréquentait
Rydell. Sa voix, son charisme lui firent un tel effet qu’il bloqua sur son seul
nom le projet, refusant des actrices hollywoodiennes attirées comme des
papillons par ce script splendide.
Ce fut son
premier rôle, et Bette déchira l’écran. Identification maximale au destin
tragique de cette Janis Joplin revisitée, la toute jeune débutante incarna jusqu’au
vertige la rock star en perdition. Que ce soit sur scène – ou Rydell la lâcha
sans filets devant un public qui ne savait pas pourquoi et pour qui il avait été
rassemblé avec la consigne de la siffler si jamais elle était mauvaise ! –
ou dans des scènes plus intimistes, la comédienne, telle une centrale nucléaire,
emporta tout sur son passage, créant une authentique fascination et remportant
un Golden Globe. Impossible d’oublier pareille performance, le coup d’essai fut
un coup de maitre, l’entendre et la voir chanter et surtout vivre When a man loves a woman ou Stay
with me fout le frisson.
Admirablement
entourée par deux très grands partenaires, Alan Bates, le grand acteur
shakespearien dans le rôle de son manager, et le splendide Frederic Forest –
une révélation – dans le rôle du dernier amant texan, plus Harry Dean Stanton
et tant d’autres, le casting est somptueux, le film prenant, poignant, une
descente aux enfers presque intimiste, avec entre autres cette longue et
terrible scène bouleversante dans la cabine téléphonique, Bette est si stupéfiante
qu’on a vraiment l’impression que son shoot est vrai, elle se décompose littéralement
sous nos yeux, sa peau fond, ses yeux coulent, du cinéma vérité au cœur d’une
superproduction.
The Rose demeure un des emblèmes de plusieurs générations. Le film
sut à sa sortie rassembler un public vaste et conquis, depuis les plus jeunes
jusqu’aux plus âgés. Amateurs ou pas de rock, mais conquis. Ce fut le plus
grand rôle de Bette Midler, le plus beau film de Mark Rydell. Et un des plus
beaux films rock jamais réalisés.
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