mardi 20 mars 2018

Chefs d’oeuvre du 7ème art - The Rose



Ce pourrait être Janis dont le film s’inspire, morte à 27 ans. Ou bien Jim, ou Kurt, ou Amy. Tous morts à 27 ans.

Cette Rose presque fanée, ses derniers jours dont le film de Mark Rydell suit la descente vertigineuse, entre concerts survoltés, crises de nerfs, amour passion, engueulades avec son épique manager.

Where has everyvody gone …

Le portail d’un garage se soulève, l’ampoule est allumée, on découvre – ce sont les toutes premières minutes du film – des tas de photos en noir et blanc. Toute une jeune vie résumée post mortem en quelques cent clichés.

Rose est une star du rock, adulée, destroy, versée dans le whisky à toute heure, ex junkie. Epuisée par un planning faisant d’elle une machine à cracher du cash, elle rêve de prendre juste après un concert dans sa ville natale une année sabbatique. Pour vivre, pour aimer, trouver un homme, un qui ne la déçoive ni ne la quitte. Tant elle est volcanique, invivable. Car elle qui attire les foules fait fuir les hommes. Et elle est seule, désespérément seule lors de ces interminables tournées. A l’extinction des sunlights l’étoile dort seule. Perdue, et parfois en larmes.

Le mythique film du cinéaste Mark Rydell fut monté sur le nom d’une chanteuse que le réalisateur découvrit avant tout le monde, en 1972, à New York. Chanteuse de torch songs, la volcanique Bette Midler performait alors dans un sauna homo que fréquentait Rydell. Sa voix, son charisme lui firent un tel effet qu’il bloqua sur son seul nom le projet, refusant des actrices hollywoodiennes attirées comme des papillons par ce script splendide.

Ce fut son premier rôle, et Bette déchira l’écran. Identification maximale au destin tragique de cette Janis Joplin revisitée, la toute jeune débutante incarna jusqu’au vertige la rock star en perdition. Que ce soit sur scène – ou Rydell la lâcha sans filets devant un public qui ne savait pas pourquoi et pour qui il avait été rassemblé avec la consigne de la siffler si jamais elle était mauvaise ! – ou dans des scènes plus intimistes, la comédienne, telle une centrale nucléaire, emporta tout sur son passage, créant une authentique fascination et remportant un Golden Globe. Impossible d’oublier pareille performance, le coup d’essai fut un coup de maitre, l’entendre et la voir chanter et surtout vivre When a man loves a woman ou Stay with me fout le frisson.

Admirablement entourée par deux très grands partenaires, Alan Bates, le grand acteur shakespearien dans le rôle de son manager, et le splendide Frederic Forest – une révélation – dans le rôle du dernier amant texan, plus Harry Dean Stanton et tant d’autres, le casting est somptueux, le film prenant, poignant, une descente aux enfers presque intimiste, avec entre autres cette longue et terrible scène bouleversante dans la cabine téléphonique, Bette est si stupéfiante qu’on a vraiment l’impression que son shoot est vrai, elle se décompose littéralement sous nos yeux, sa peau fond, ses yeux coulent, du cinéma vérité au cœur d’une superproduction.

The Rose demeure un des emblèmes de plusieurs générations. Le film sut à sa sortie rassembler un public vaste et conquis, depuis les plus jeunes jusqu’aux plus âgés. Amateurs ou pas de rock, mais conquis. Ce fut le plus grand rôle de Bette Midler, le plus beau film de Mark Rydell. Et un des plus beaux films rock jamais réalisés.


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