Dans un futur proche, des scientifiques ont réussi à neutraliser le
gène de la vieillesse. Désormais, les hommes arrêtent de vieillir à partir de
25 ans, mais seuls les plus riches peuvent vivre éternellement dans des
quartiers surveillés et isolés du reste de la population. Les autres doivent
travailler dur pour gagner quelques jours ou quelques heures supplémentaires.
Un jour, Will Salas, un ouvrier de 28 ans, apprend par un homme de 105 ans
qu'il y a assez de temps pour tous. Mais il se retrouve accusé de sa mort et
doit fuir la police. Désormais Will ne vit que pour changer le monde et offrir
à tous assez de temps pour vivre une existence complète...
Le temps c est donc de l argent.
« La richesse
véritable signifie le développement de la force productive de tous les
individus. Dès lors, ce n’est plus le temps de travail, mais le temps disponible
qui mesure la richesse », écrivait Marx dans Introduction
générale à la critique de l’économie politique.
Andrew Niccol, réalisateur de Bienvenue à Gattaca et scénariste de The Truman Show, s'attaque frontalement à l'utltralibéralisme et au capitalisme,
lesquels associent argent et richesse et temps à argent. Vivre pour littéralement gagner du temps de vie,
asservissement maximal répondant en poussant la logique moderne à son terme à la société actuelle ou pour devoir vivre
chacun se doit de travailler pour dépenser et donc consommer tout en se consumant au profit d'autres, une elite, qui elle s
amuse de casinos en palaces tout en n'étant en rien concernée, sinon en gains, par le sort du commun des mortels.
Un bracelet électronique sur le bras de chacun mesurant en temps réel le temps de vie qu'il reste. Parfaite allégorie sur la chaine, celle qui
asservit, l'homme est devenu chien qui se met à quatre pattes pour quelques
dizaines minutes de faux confort. De pareil monde sont exclus communion avec la
nature, spiritualité, culture et connaissance. Le TEMPS mesurable étant l'obsession, une obsession aussi
vide que les vies en question qui ne sont qu'une course d'obstacles avec au bout la
certitude d'avoir perdu son TEMPS.
De facto ce qui se nomme vieillesse, ces rides marques du temps, n'existe plus, elle a été effacée par les marionnettistes
autrefois gros consommateurs de chirurgie esthétique et dorénavant immortels et inchangés derrière leurs visages sans ame
de bimbos ultra friqués. Cette Elite sans age est donc elle surtout une sous humanité, une race d'humanoides dégénerés en quête de vide et vampyrisant les 99%
pour en acquérir un rien qu'elle nomme VIE.
Que vaut le temps sans le sens, la vie sans la quête de vérité, la vérité sans l'esprit et l'esprit sans la Lettre. Dégénérescences programmées auxquelles le couple de héros tachera tels des Robin des
Bois futuristes de tuer dans l'œuf en redistribuant après moult braquages du TEMPS aux esclaves.
Mais que signifie cette redistribution si elle ne s accompagne d'un véritable enseignement sur ce à quoi occuper en profondeur ce
temps redistribué. Car gagner du temps pour finalement revenir au point de départ, cela semble dérisoire, presque inutile, au-delà-du geste héroique et généreux.
Niccol, prudemment, laisse son spectateur aller seul vers ce
questionnement profond, éminemment personnel, sans poser lui-même, moraliste, la seule question
qui vaille à l'issue de son film parabole.
Et referme la page.
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