Monument de la culture manga des années 90, au même titre qu'Akira,
ce Ghost in the Shell arrive après une tres
belle adaptation animée suivie de rumeurs fort négatives. L'adaptation du récit fort
complexe du japonais Shirow
Masamune avec des acteurs et des décors semble avoir
plongé ses fans dans les abimes.
Sans
doute ne trouve t-on pas, j'en
conviens, toute la subtile profondeur de l'œuvre
initiale dans cette superproduction remplie d'effets spéciaux
et de scènes d'actions
incroyables visuellement. Toutefois les deux œuvres sont distinctes, et
on ne peut opérer, jamais, un équivalent
depuis la page à sa retranscription
sur grand écran. Les arts en tant que tels sont
trop distincts, et réapprendre à regarder un film en se mettant à distance de l'œuvre qui l'a inspiré
est essentiel.
La
traduction visuelle de l'univers
du dessinateur est bien plus fidèle que la traduction du scénario,
tellement complexe qu’il fallut aux auteurs condenser, c est-à-dire simplifier pour atteindre le plus
grand nombre. La question sous-jacente à
l'œuvre du japonais, à savoir qu’est-ce qui fait de nous des
humains, quel est le critère, et au-delà une création
d'intelligence artificielle peut-elle
avoir une ame, ces thèmes sont abordés dans le film, ne
serait-ce que dans l'interprétation
splendide de Scarlett Johansen, laquelle fait montre à plusieurs reprises d'émotions sous le masque du robot
programmé.
Le
monde tel qu’exposé dans le film est celui d'un futur proche ou les Elites maffieuses
contrôlent tout via un état policier sous
traité à
des machines à l'apparence humaine dotées
de super pouvoirs à la Marvel. On s
inscrit dans la suite logique des œuvres d'Asimov
et Philip K.Dick, de Total Recall, Minority Report ou Matrix. La Cité Pieuvre sur-technologiséee
fonctionne comme une matrice dont toutes les données,
jusqu’au moindre mouvement, sont géo localisées
donc observées et donc sujettes à interventions de ceux qui dans l'ombre gouvernent.
Le
film va suivre l'évolution
de son personnage, mi humaine mi machine, depuis sa fonction reprogrammée
à la MK Ultra vers son être profond, et
ce au travers de ce thème essentiel qu’est la filiation. C est la
re-connaissance de SA propre matrice, à savoir sa mere, que l héroïne
va progressivement abandonner comme une peau morte ses chaines intérieures
imposées par un pouvoir manipulatoire.
La
beauté stupéfiante
des scènes, leur incroyable puissance visuelle, font de ce film injustement
décrié à
sa sortie un joyau – et que le temps, j'ouvre
les paris, remettra à
sa juste place – et le conduisent sur les terrains d'un long poème désabusé
contant la déshumanisation des villes et des êtres.
En
contrechamp il est une invitation singulière à faire dissidence, à quitter ce faux confort en trompe l'œil, a revenir aux sources, à la source, à l'eau,
à la mer et à la mère.
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