21 morts à compter des manifestations ayant embrasé l’Iran
le 28 décembre. Des opposants qui s’expriment, des diasporas qui ici et là s élèvent
contre le pouvoir des mollahs, des opposants qui se dressent contre les difficultés
économiques. Une campagne qui lentement s orchestre avec pour cible un pouvoir démocratiquement
élu et possédant sa propre constitution. Certes pas un pouvoir qu’on peut
associer à une équipe de bisounours. Mais un pouvoir en tout cas bel et bien assiégé
médiatiquement par le camp occidental rallié aux Monarchies du Golfe et à l’Arabie
Saoudite qui sur ce plan précis n’a vraiment rien à lui envier.
Trump l’avait d’ailleurs qualifié de terroriste, ce
pouvoir. Comme l’est le Hezbollah libanais. Terroriste, le mot est lâché. A
compter de cette désignation prière d’éteindre tout esprit critique, défense de
réfléchir, l’ennemi est ainsi désigné et rejeté dans un camp, celui du Mal.
Quinze ans que ça dure, et un à un les 7 pays de la note secrète
de Dick Chesnay et des faucons de Washington y passent. Grand Satan Saddam,
Grand Satan Kadhafi, Grand Satan Assad etc. La guerre commence toujours en
amont par une guerre lexicale, elle dérive en guerre médiatique et pénètre les
opinions à qui on n’a jamais demandé en Occident, en Amérique surtout, s’ils étaient
pour ou contre une stratégie d’Empire s étant donnée pour but de détruire un a
un sept régimes et ce quel que soit le cout humain afin d’enrayer la montée du
bloc Chine Russie BRICS. Et de ramasser au passage toutes les ressources pétrolières
et gazières, tout en reconstruisant avec ses propres multinationales ce qui fut
détruit.
Le pouvoir local iranien s’insurge et parle déjà d’ingérences
étrangères sans encore en avoir apporté la moindre preuve : soit, il faut
du temps pour conduire une enquête, on en serait pas à la première mais jusque-là
on demeure (les faits sont tout frais) au niveau des déclarations pures.
Chez nous, des opposants au régime iranien (que ne
sont-ils sur place ?) déjà commencent à s’exprimer devant des micros tous prêts.
Notre presse et nos médias, du moins leurs propriétaires, n omettent pas leurs intérêts
bien compris, et les éléments de langage, les plumitifs et intervenants autorisés
comme les techniques de manipulation des masses sont à peu près les mêmes
depuis 15 ans. Nos capitales européennes regorgent de ces représentants sortis
d on ne sait où prêts à prendre le sceptre à terre, souvenons-nous des gentils
opposants libyens, souvenons-nous de ces conférenciers syriens allant
distribuer la bonne parole à l’Institut du Monde Arabe en 2013 avant d’aller
voir Fabius. Dans ce combat préparatoire à destination des opinions, la boite à
outils a beau dater, elle sert et marche encore fort bien. Géostratégie pour les
Nuls – tome 4.
L’Iran accuse le gouvernement français de soutenir et d’héberger
les Moudjahidines du Peuple, cette faction chassée en 1981, classée parmi les
organisations terroristes par les USA et l’UE jusqu’ en 2012 par ces dernières,
organisation qu’on retrouve à une manifestation devant l’Ambassade de Londres. Soit.
Localement ce jour, des dizaines de milliers d’iraniens
manifestent leur soutien à leur gouvernement dans les rues de Téhéran,
affirmant ainsi leur fidélité à l’Ayatollah Khamenei. Il y aurait donc un
soutien interne au Mal …Tandis qu’outre atlantique le président US affiche son
soutien aux opposants.
Etonnant … Ca ressemble à de l’ingérence politique, ce
soutien ... Que n’aurait-on dit si cet Ayatollah qui s’insurge contre les
blocus imposés à son peuple s’était exprimé sur les affaires intérieures américaines
et exprime son souhait de voir le magnat de la Maison Blanche destitué ! Notons
au passage que ça s’inscrit dans un cadre assez logique, ce soutien, après la
vente de contrats d’armement record à l’Arabie Saoudite, puis la mainmise du
nouveau Boss du grand ennemi de l’Iran, le fameux MBS, sur les fortunes de pas
mal de ses princes congénères …
Impression diffuse d’un puzzle qui lentement se met en
place. Campagne médiatique, quelques agitations, des opposants tout prêts,
Trump qui tonne et Macron qui fait le dos rond, un ennemi local puissant qui
accumule des armes, un blocus et des difficultés économiques qui tombent à pic …
Les regards se tournent vers l’Iran, vers la Russie, vers
la Chine. L’Empire avance ses pions lentement, depuis la déculottée syrienne et
face au silence au Yemen cela faisait quelque temps que sur ce théâtre-là on
entendait voler les mouches. A peine 2018 commencée que les premiers battements
de tambour résonnent, on a quelque peu délaissé le dictateur nord-coréen pour
revenir sur la scène principale, la plaque tectonique du Moyen Orient, là où se
joue l’essentiel.
Les joueurs se tiennent au bord du champ, observant les
mouvements de l’adversaire, à cette heure on avance ses pions, personne ne
prend le risque d’éternuer trop fort. Comme un air de déjà-vu, avec cette fois
le sentiment que ce qui se joue ou peut se jouer est quelque peu plus crucial
que les parties précédentes, parce que l’Iran est à la fois le grand ennemi des
uns, le grand allié des autres et le gros morceau tout court.
L’Empire retient son souffle : sa stratégie du pire mérite
qu’il fasse cette fois attention à ne point aller trop vite, trop fort. Trump
tonne pour la galerie, comme toujours, l’essentiel passe par les communications
discrètes entre alliés …
Parce que l’Iran, compare aux 6 précédents plats, c’est
le gros gâteau …
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