mercredi 3 janvier 2018

Stratégie du Chaos : le Gateau iranien (prologue)




21 morts à compter des manifestations ayant embrasé l’Iran le 28 décembre. Des opposants qui s’expriment, des diasporas qui ici et là s élèvent contre le pouvoir des mollahs, des opposants qui se dressent contre les difficultés économiques. Une campagne qui lentement s orchestre avec pour cible un pouvoir démocratiquement élu et possédant sa propre constitution. Certes pas un pouvoir qu’on peut associer à une équipe de bisounours. Mais un pouvoir en tout cas bel et bien assiégé médiatiquement par le camp occidental rallié aux Monarchies du Golfe et à l’Arabie Saoudite qui sur ce plan précis n’a vraiment rien à lui envier.

Trump l’avait d’ailleurs qualifié de terroriste, ce pouvoir. Comme l’est le Hezbollah libanais. Terroriste, le mot est lâché. A compter de cette désignation prière d’éteindre tout esprit critique, défense de réfléchir, l’ennemi est ainsi désigné et rejeté dans un camp, celui du Mal. 

Quinze ans que ça dure, et un à un les 7 pays de la note secrète de Dick Chesnay et des faucons de Washington y passent. Grand Satan Saddam, Grand Satan Kadhafi, Grand Satan Assad etc. La guerre commence toujours en amont par une guerre lexicale, elle dérive en guerre médiatique et pénètre les opinions à qui on n’a jamais demandé en Occident, en Amérique surtout, s’ils étaient pour ou contre une stratégie d’Empire s étant donnée pour but de détruire un a un sept régimes et ce quel que soit le cout humain afin d’enrayer la montée du bloc Chine Russie BRICS. Et de ramasser au passage toutes les ressources pétrolières et gazières, tout en reconstruisant avec ses propres multinationales ce qui fut détruit.

Le pouvoir local iranien s’insurge et parle déjà d’ingérences étrangères sans encore en avoir apporté la moindre preuve : soit, il faut du temps pour conduire une enquête, on en serait pas à la première mais jusque-là on demeure (les faits sont tout frais) au niveau des déclarations pures. 

Chez nous, des opposants au régime iranien (que ne sont-ils sur place ?) déjà commencent à s’exprimer devant des micros tous prêts. Notre presse et nos médias, du moins leurs propriétaires, n omettent pas leurs intérêts bien compris, et les éléments de langage, les plumitifs et intervenants autorisés comme les techniques de manipulation des masses sont à peu près les mêmes depuis 15 ans. Nos capitales européennes regorgent de ces représentants sortis d on ne sait où prêts à prendre le sceptre à terre, souvenons-nous des gentils opposants libyens, souvenons-nous de ces conférenciers syriens allant distribuer la bonne parole à l’Institut du Monde Arabe en 2013 avant d’aller voir Fabius. Dans ce combat préparatoire à destination des opinions, la boite à outils a beau dater, elle sert et marche encore fort bien. Géostratégie pour les Nuls – tome 4. 

L’Iran accuse le gouvernement français de soutenir et d’héberger les Moudjahidines du Peuple, cette faction chassée en 1981, classée parmi les organisations terroristes par les USA et l’UE jusqu’ en 2012 par ces dernières, organisation qu’on retrouve à une manifestation devant l’Ambassade de Londres. Soit.

Localement ce jour, des dizaines de milliers d’iraniens manifestent leur soutien à leur gouvernement dans les rues de Téhéran, affirmant ainsi leur fidélité à l’Ayatollah Khamenei. Il y aurait donc un soutien interne au Mal …Tandis qu’outre atlantique le président US affiche son soutien aux opposants.

Etonnant … Ca ressemble à de l’ingérence politique, ce soutien ... Que n’aurait-on dit si cet Ayatollah qui s’insurge contre les blocus imposés à son peuple s’était exprimé sur les affaires intérieures américaines et exprime son souhait de voir le magnat de la Maison Blanche destitué ! Notons au passage que ça s’inscrit dans un cadre assez logique, ce soutien, après la vente de contrats d’armement record à l’Arabie Saoudite, puis la mainmise du nouveau Boss du grand ennemi de l’Iran, le fameux MBS, sur les fortunes de pas mal de ses princes congénères …

Impression diffuse d’un puzzle qui lentement se met en place. Campagne médiatique, quelques agitations, des opposants tout prêts, Trump qui tonne et Macron qui fait le dos rond, un ennemi local puissant qui accumule des armes, un blocus et des difficultés économiques qui tombent à pic … 

Les regards se tournent vers l’Iran, vers la Russie, vers la Chine. L’Empire avance ses pions lentement, depuis la déculottée syrienne et face au silence au Yemen cela faisait quelque temps que sur ce théâtre-là on entendait voler les mouches. A peine 2018 commencée que les premiers battements de tambour résonnent, on a quelque peu délaissé le dictateur nord-coréen pour revenir sur la scène principale, la plaque tectonique du Moyen Orient, là où se joue l’essentiel.

Les joueurs se tiennent au bord du champ, observant les mouvements de l’adversaire, à cette heure on avance ses pions, personne ne prend le risque d’éternuer trop fort. Comme un air de déjà-vu, avec cette fois le sentiment que ce qui se joue ou peut se jouer est quelque peu plus crucial que les parties précédentes, parce que l’Iran est à la fois le grand ennemi des uns, le grand allié des autres et le gros morceau tout court. 

L’Empire retient son souffle : sa stratégie du pire mérite qu’il fasse cette fois attention à ne point aller trop vite, trop fort. Trump tonne pour la galerie, comme toujours, l’essentiel passe par les communications discrètes entre alliés …


Parce que l’Iran, compare aux 6 précédents plats, c’est le gros gâteau …



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