Le puzzle de Ryad d
il y a quelques mois avec nos amis saoudiens et le bon Donald venu
livrer un record de contrats d’armements, tous penchés autour du globe avec l’air
de comploteurs, se met gentiment en place peu à peu. Dans le combat à mort
contre son frère coranique ennemi (Islam Petro-Dollar versus Islam Canal Pseudo
Hysterique), nos gentils monarques à la coiffe Bonne Maman savent tirer avec
leurs alliés les ficelles, le tout est de savoir patiemment créer de toute pièce
le Victor-Emmanuel qui déclenchera le tocsin. Sachant que rien ne vaut,
histoire d’avoir les opinions avec soi, la guerre par procuration via quelques
petites opérations locales ou le vrai se fait passer pour le faux, ou un allié
du Grand Satan (au hasard le Hezbollah libanais) peut servir de prétexte sous
un motif inventé de toutes pièces. De même une bombe tombée sur le sol israélien
(jusqu’à une bombe balancée par un mossadien grimé en hezbolleux) peut revêtir
quelque intérêt à nos belligérants alliés de l’Empire. Et un tapis de matraquage
médiatique sur fond de diabolisation de Téhéran et de sur-sanctification de la sécurité
d’Israël …
La dernière provocation du yankee à moumoute – déménager l’ambassade
américaine a Jérusalem – s inscrit dans cette tactique (difficile de parler de stratégie
tant les éructations et faits et gestes US font penser à une danse de Saint Guy
aux allures diplomatiques et évoquent davantage la chasse aux Pokémon que le
jeu de Go) de provocation permanente destinée à noircir du papier. Face à ces
incessantes manœuvres adolescentes, on note dans le camp d’en face (Iran,
Russie, Chine) une forme de lassitude, un à un les faits sont relevés puis dénoncés
mais jusque-là ne donnent point lieu à des surenchères, simplement des déclarations
plutôt cash et mesurées. C’est que ce second bloc mesure le danger de l’embrasement
de la région, et quoi qu’on pense de la politique iranienne ce n’est pas eux
qui ont encerclé le territoire US et encore moins l’Arabie Saoudite ou Israël de
stations d’épuration de l’OTAN.
La marionnette libanaise semble prête, merci monsieur le démissionnaire
en CDD Hariri, authentique vassal saoudien de retour sur son sol après un petit
passage de génuflexions chez Macron, à être utilisée en prime time. A la guerre
par procuration si chère aux grands perdants de la Guerre du Vietnam s est rajoutée
(et non substituée) une guerre sur pays indirectement concerné : autant
attaquer (ou faire semblant de se défendre) un allié de l’ennemi qui fait peur plutôt
que ce dernier, car assiéger ou bombarder Téhéran signifie prendre un risque énorme
de voir Moscou s en mêler – ce qui au sortir de l’échec désastreux de l’Empire
en Syrie ne saurait être toléré. Toute guerre se doit de s’inscrire avant tout
dans les têtes, règle numéro un de tout conflit.
Au petit jeu de la guerre des images, l’opération séduction
de MBS, cet équivalent golfeur du Jupiter élyséen, a, face à des plumitifs en
pamoison prêts à vendre leurs droits de l’homme pour un plat de fèves,
parfaitement fonctionné. Une ou deux mesures pro nénettes (les saoudiennes
peuvent dorénavant conduire : youpi ! – elles peuvent toujours cela
dit être lapidées pour adultère …) et une razzia sur quelques maffieux
consanguins (pratique juste avant un conflit pour mettre la main sur leurs
fortunes sans avoir à demander, et donc se constituer à peu de frais un véritable
trésor de guerre !) et toutes nos rédactions, Libé, Le Monde, j’imagine
Pascale Clark et Clémentine Autain, sortent la machine à encensoir.
On passera sur quelques menus détails, les révélations d’une
épouse de Saoud sur les dessous des grandes parties de jambes en l’air, viols
sur mineures, assassinats et pipelines de cocaïne, coutume locale de nos
monarques clients fidèles par harem interposé de l’Avenue Montaigne… Le Trudeau
de Ryad n y a j imagine jamais o grand jamais posé une babouche – d ailleurs,
en a t-il jamais entendu parler ? On passera également (point de détail de
l’histoire de cette belle monarchie) sur la réalité actuelle de l’esclavage économique,
les passeports confisqués, la maltraitance j’en passe et des meilleurs de ces
flottes de pouilleux venus s’entasser dans des bidonvilles pour mieux faire
surgir des tours phalliques du désert des Tartares.
Dans cet immense jeu de dupes ou les uns se penchent avec
gourmandise sur un globe au cœur d’une réunion qui flaire bon l’occulte à
visage découvert et les autres, traités dans toutes les officines occidentales
de Grand Satan parviennent vaille que vaille à suivre une ligne défensive en
assurant leurs arrières de mille façons, on tachera de nous faire une nouvelle
fois gober le conte de fées du Combat du Bien contre le Mal à grand renfort de
propagande.
La distribution des rôles entre Trump, incarnation
parfaite de la stratégie du fou de Lao Tzeu et Machiavel, un pas en avant et
deux en arrière, et Macron, seconde marionnette équilibrant en trompe l’œil la précédente
en jouant la pondération, flaire bon la tactique des Deux Tours. Aussi prévisibles
dans leur imprévisibilité, ces deux-là sont mis en avant comme une pièce de
monnaie pouvant un jour tomber sur pile, le suivant sur face. Le jeu de dupes,
par en dessous, actionne d’autres pions o combien plus malicieux, ces deux-là
ne sont posés sur le castelet que pour retenir l’attention et cacher les à-côtés
des services de renseignements.
Avancer donc un pion sur un théâtre annexe pour ensuite
observer les mouvements de l’ennemi : avancera-t-il ses armées, lancera-t-il
un missile test ? Le but peut être de créer l’illusion d’une attaque de l’assaillé
sur l’assaillant, et donc de récupérer devant notre assemblée de l’Onu une
nouvelle fiole, une nouvelle photo truquée (ou mal attribuée à dessein – Nikki saura
faire !) d’enfants gazés, une nouvelle couveuse : bref, un motif
imparable qui comme dans un soap opéra marque l’opinion aux tripes dès le réveil.
Des millions sont à palper dans le conflit à venir,
autant soigner le prologue et se dire que près de 15 ans après le déclenchement
de la destruction de l’Irak, tout est prêt, sur fond de reprise des exactions
de Daesch sur le sol européen, pour lancer une superproduction pleine de
bruits, de bons sentiments et de fureur.
Avec comme de bien entendu tous nos médias embarqués dans
une épopée va-t-en guerre aussi subtile qu’un blockbuster de Michael Bay.
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