L’Emission Politique ; le grand rendez-vous du
service public censé apporter au pékin moyen la bonne parole de nos médiacraties
au travers d’un barnum autour d’un invité vedette, confronté à de grands éditorialistes
immortels et à une brochette de témoins tout à fait pris au hasard et libres
comme les précédents de tout rattachement idéologique.
Cette semaine ce fut le tour de Jean-Luc Mélenchon, le
grand prêtre de la France Insoumise, celui à propos duquel chacun, lui inclus, s’accorde
à dire que son automne ne fut pas forcément couronné du succès auquel on
pouvait s’attendre. Celui qui, peu de jours auparavant, fut invité à l’Elysée
par Jupiter en personne à palabrer et qui en sortit non pas conquis, mais tout à
fait séduit par la conversation si intéressante du Monarque.
Opération redynamisation du leader sur fond de pièges
archi connus donc, comme un remake du taureau déchainé dans l’arène. Car la FI,
un peu comme le FN (un peu, beaucoup, franchement moins …) ce n’est pas tout à
fait la tasse de thé des passeurs de plats que sont Léa Salamé, Nathalie Saint
Cricq ou François Lenglet. Comme idiot utile Mélenchon se pose et bien, il sait
faire le buzz le Jean-Luc, faire bonne figure ou tonner de bruit et de fureur,
selon les intérêts du moment. Mais ce bon client ce n’est pas vraiment la ligne
officielle, juste un bon faire-valoir avec qui composer est acquis en termes de
show.
On lui opposa donc une authentique (…) petite
entrepreneuse effarouchée par les prudhommes, une femme d’affaires ayant eu tellement
peur de perdre son procès à propos d’un licenciement prétendument abusif qu’embaucher
lui fut désespérément impossible jusqu’à la prononciation du jugement. A cette défenderesse
de la Loi Travail et des Ordonnances l’ami Mélenchon, tel un Robespierre assis
sur son pouvoir législatif opposa la même surdité que sa contradictrice, au cœur
d’un numéro de duettistes ou chacun manipula chacun et planqua ses cartes sous
la table et feignit le dialogue. Il fallait un combat d’idée, un prétendu
combat d’idées, la prétention fut belle et bien là, sans les idées … Ce qui, la
caravane étant déjà passée, importait peu.
La dame, à chercher un peu, macroniste de la première
heure, n’avait rien de la frêle petite patronne de TPE présentée comme une commerçante
apolitique. Millionnaire dans les faits (tant mieux pour elle), la dame
intelligemment castée par nos marionnettistes du service public joua à la
perfection son personnage, et son contradicteur tout autant.
Vint la séquence choc, le pseudo piège de la carte
Venezuela. On sortit donc du chapeau une seconde jeune femme (toujours une
jeune femme, jolie si possible, bourgeoise jusqu’au bout de ses ongles vernis
et sachant surtout jouer de la corde sensible) censée représenter le peuple vénézuélien.
Et faisant pleurer Margot en parlant de sa vieille tante (les témoignages
sortis du chapeau sont invérifiables, mais ça marche bien sur le téléspectateur
du fait du processus d’identification) obligée à 70 ans passes de faire (sic)
la queue pendant des heures pour un rouleau de papier toilettes.
Fille de Régis Debray et née à Paris, cette incarnation
du petit peuple qui souffre fut dans les faits banquière à New York avant de se
recycler dans l’essai à tendance politique. Anti Chavez et anti Maduro, parfaite
courroie de transmission des éléments de langage de la CIA, elle versa dans le
sentimentalisme à la Nikky – ONU (celle des petits syriens gazés). Bref, pour
un politique chevronné de la dimension de Mélenchon, cette apprentie aurait être
du pain béni !
En lieu d’un recadrage factuel et distancié face à cet
indigent numéro de débutante, on eut droit à un volteface plein de morgue et de
théâtralité digne du Muppet Show ou, faisant preuve contre tout
professionnalisme de muflerie, celui censé être dans le juste fit plus que s’emmêler
les pieds dans le tapis de ses émotions. Rendant presque sympathique sa
contradictrice, laquelle pataugeait dans le mensonge et la manipulation la plus
aberrante. Le tout sous le regard pseudo choqué d’une Léa Salame trop contente d’avoir
ses images pour le buzz de la semaine.
Ressorti au début de l’hiver de sa torpeur et de sa
pseudo nouvelle dépression, revoilà donc le Mélenchon tant décrié de la
campagne 2012 et l’inverse de celle de 2017, un grossier personnage, tempétueux,
méprisant, colérique et incapable d’argumenter posément. Ce qui compte tenu de l’intelligence
politique et de l’intelligence tout court du bonhomme m’apparait comme un
authentique numéro rodé.
Se poser en victime d’un système qu’il maitrise depuis
plus de 35 ans : notre sénateur a l’art et la manière de feindre la
victimisation, aidé il est vrai par une meute de chiens de garde qu’il connait
par cœur et qui, tout en lui taillant des croupières, le mettent à la fois en scène,
en valeur, en difficulté et en exergue pour la bonne cause, c’est à dire la
leur comme la sienne.
Difficile devant pareil castelet de ne pas songer une
seconde à un script commun ou tout un chacun fait semblant de se battre sur un
terrain déjà délimité. Témoins bidons, contrattaques grossières, coups de dents
aux mollets, coups de pieds aux parties … et avec cela un non débat absolu ou
personne n échange, ne réfléchit, n aide à réfléchir le spectateur passif d’un
jeu du cirque aussi indigent que bas-de-plafond.
Une comédie des apparences entre gens qui se connaissent
fort bien depuis la nuit des temps et se font la bise aussitôt le clap de fin
sonné …
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