Pierre la précéda
dans un sentier éclairé par des lampions. L’immense propriété surélevée offrait
une vue imparable sur l’océan, cent mètres au-dessus-du littoral. Il s’aventura
le long de la piscine, tandis que Suzanna, juchée sur de hautes bottes en cuir,
peinait à ne pas glisser.
« Ces bottes me
foutent les pieds en compote, je t’avais dit de pas autant serrer.
-
Faut déguster
un peu pour avoir le privilège de donner du fouet, louloute !
-
Et ce harnais
à la con : j’ai les seins qui étouffent.
-
T’as plus une
goutte de lait. Allez, fais pas ta mijaurée. Depuis le temps que tu voulais
reprendre nos petits jeux.
-
J’avais pas
imaginé les choses comme ça.
-
Dis-toi que
le scénario c’est pas toi qui l’écris. T’es là pour apprendre, pas pour faire
chier avec tes caprices d’enfant gâtée »
Une silhouette vêtue
de blanc apparut à l’embrasure de la porte.
« Toujours à me
faire attendre.
-
Ca fait
monter l’envie, répondit Pierre en s’avançant vers son ami.
-
Ta
belle ?
-
T’en penses
quoi ?
-
Pas
dégueu »
Il s’avança en
direction de Suzanna, et la reluquant avec appétit, lui tendit la main.
« Il attend que
je lui fasse un baise-main ton pote ?
-
C’est une
grande dame, marmonna Pierre.
-
La Dame c’est
moi !, fit-elle en se redressant.
-
Concurrence
déloyale, chérie », ajouta l’hôte en s’effaçant pour les laisser entrer
dans sa demeure.
Suzanna découvrit un
immense salon aux meubles boisés, dont les murs étaient recouverts de
reproductions de tableaux de maîtres.
« Impressionnisme,
plutôt, fit l’hôte. Par petites touches, c’est plus délicat.
-
Fais pas ta
précieuse, tu sais que j’ai ça en horreur, fit Pierre en grimaçant.
-
Autant
exciter la bête, alors.
-
Comme si on
en avait besoin »
Il attrapa une bouteille
de rhum et la tendit au couple.
« Surtout n’en
laissez pas une goutte.
-
Ca rend
sauvage, ça, fit Suzanna.
-
Pour tes
premiers pas c’est utile, fit l’hôte.
-
Qui te dit
que…
-
Je
sais »
Il s’agenouilla, et
rampant jusqu’à elle, se positionna face à une de ses bottes.
« Ca te dérange
pas, j’espère ? »
Suzanna ouvrit la
bouteille et, avalant une gorgée au goulot, leva une jambe et le repoussa avec
force du talon.
« Quand j’aurai
décidé !, lâcha t-elle en le regardant avec dédain.
-
Experte,
déjà !
-
Elle a ça
dans le sang. Fais-gaffe, Robert, elle est pire que moi, je te préviens.
-
Elle
s’enflamme aussi rapidement que toi ?
-
Elle c’est la
glace. Ca te brûle pas pareil »
Pierre s’absenta un
instant et revint avec une malle, qu’il ouvrit devant Suzanna.
Celle-ci, se
penchant, détailla avec étonnement son contenu, et toussa.
« Tout ça ?
-
Ce soir on
t’initie. Tu fais les choses à ton rythme. On en a pour quelques heures
seulement, c’est toi qui définis quoi et quand.
-
Et lui ?
-
Lui je le
baillonne dans cinq minutes. Cette grande bavarde a tendance à me saoûler avec
ses couinements intempestifs.
-
C’est un
pédé ? »
L’hôte tenta de se
relever.
« Non mais dites
donc, c’est quoi votre problème avec les pédés ? »
Elle se saisit d’un
fouet et aussi rapide que l’éclair le laboura de coups.
« Je peux pas
les traire, les pédés. Compris ?
-
Aie !,
cria t-il.
-
Qu’est-ce
qu’il nous emmerde avec un débat de ce genre ? Comme si j’étais venue pour
ça !
-
Je t’ai dit,
c’est une bavarde. Tu peux y aller, il attend que ça.
-
Quand je déciderai,
lâcha t-elle en écrasant l’homme sous son talon. Tiens, ouvre ta bouche ma
grande »
Elle surprit un
sourire éclairer le visage de Pierre. Celui-ci semblait comblé.
« Chéri, s’il te
plait, tu peux aller chercher ton baillon ? Tu sais comme j’ai horreur…
-
Tout de
suite, princesse »
Elle profita de son
absence pour s’accroupir devant l’hôte. Et lui saisissant la nuque et en tirant
ses longs cheveux, elle murmura à son oreille.
« Ma grande,
t’es très mal tombée, vraiment. Les pédales j’ai jamais pu les traire. Surtout
les efféminées dans ton genre. Tu vas prendre ton pied, sans doute, mais
dis-toi bien une chose. Ici y’en a qu’une qui commande. Et c’est la pire garce
qui soit »
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