Elle reposa le
bol de café rempli et ferma les yeux. Un petit vent sifflait entre les
plinthes, et le
froid caressa délicatement ses cheveux emmêlés.
Puis elle ferma
les yeux.
Son corps
avançait entre les caveaux. Un rai de lumière argentée transperçait
l’obscurité,
découvrant, en ombres réfléchies sur la pierre, la présence muette de
communiants,
agenouillés.
La porte de la
crypte était grand ouverte, et le plafond de la petite chapelle
béant sur un ciel
étoilé. Les muscles de ses jambes remuaient sans que sa volonté
intervienne. Elle
se sentit aspirée par un souffle, vers l’intérieur, comme un drap
livré aux vents.
Elle était à
présent de l’autre côté du miroir.
Le couvercle du
cercueil s’était soulevé, découvrant un vieillard assoupi, le
visage blafard.
Ses mains jointes reposaient sur son ventre. Tout son corps était
recouvert d’une
fine couche de poussière blanche, que le souffle du vent
soulevait
délicatement.
Elle s’avança
vers lui, mais la distance semblait ne point diminuer d’autant de
mètres que ceux
qu’elle parcourait réellement. Un éclair illumina le lieu et elle vit
le corps se
soulever lentement. Le vieil homme ouvrit la bouche et, psalmodiant,
la regarda. Son
visage traduisait une peine immense, des sanglots se mêlèrent à
la complainte.
Elle voulut pleurer à son tour, mais n’y parvint point
Elle ouvrit les yeux.
La tasse reposait, fumante, sur la table. Elle avala le café, puis
se dirigea vers
la penderie. Sans réfléchir elle attrapa un tailleur long et un pull en
laine.
Elle s’habilla,
passa dans la salle de bain laissée dans la pénombre, s’approcha
en tâtonnant du
miroir.
Elle enclencha
l’interrupteur, saisit un tube de fond de teint.
Délicatement elle
appliqua une fine couche de rouge sur ses lèvres, rendant plus
transparent
encore le derme de la peau. De longues cernes se détachaient à
l’ombre des
yeux.
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