On en a tous connus sur les bancs d’écoles, de ces asticots aux sourires
forcés qui tiraient sur la jupe de la maitresse et se poussaient des coudes
pour avoir la meilleure place. On se souvient tous comme ils nous
insupportaient, ces insupportables cornichons de la flagornerie. Et de leurs
fielleuses paroles tout en sucre venimeux. Tout leur était dû, à eux qui ne s’aimaient
point, toutes les trahisons, toutes les fourberies, les croche-pieds, et que je
me rapproche du plus fort, et que j’écrase le plus faible, et que je change d’écurie
selon mes intérêts du moment ! Lécheurs, lâcheurs, copieurs : ils
osaient tout et avaient parfois plus que tout.
Petits saligauds ! Les voilà adultes à présent, aux rangs intermédiaires
du management dans un nombre incalculable d’entreprises, d’administrations et d’associations.
Les puissants en font du miel, ils les utilisent, les flattent, jouent avec eux
comme on joue au GO, en les plaçant dans les tours de contrôle.
Ces naïfs croient qu’ils les aiment ; alors que cette
instrumentalisation se fait aux dépends de tous. Ils seront donc les derniers
sacrifiés, ces fidèles, si écœurement fidèles zélateurs de leurs égorgeurs. On
ne les entendra même pas hurler de douleur au moment où la gueule du lion se
refermera sur leurs têtes.
Que reste-t-il de leur œuvre, sinon une abyssale vacuité ? Ces
techniciens de seconde zone incapables de créer quoi que ce soit ont obéi à
toutes les règles, suivi tous les chemins balisés, collectionné tous les diplômes
de troisième catégorie, occupé tous les postes à la con de la terre. Leur CV
fait 10 pages et aligne les banalités avec un style pompeux, ils se sont creusés
les méninges trois plombes pour pondre un pensum que personne ne lira jamais.
Tout juste bons à 45 ans pour un bilan
de compétences, ou la psycho pose la question qui tue : de quoi avez-vous envie
Mossieur ?
Ben rien Madame, je veux dire reprendre la place qui m’est due, au premier
rang sous le talon de mon maitre, à lui cirer les mocassins.
Mais pauvre andouille qu’elle pense la dame, regarde ta tête, pense à l’âge
que t’as ! Des comme toi on en a des plus jeunes, moins chers et plus
malins plein les cartons ! Tu crois peut être qu’on t’attendait, toi la
chair à canon du siècle passé ? Elle a autre chose à faire que lui dire
les choses, la dame, alors elle le balade gentiment de séance en séance en
pensant à sa liste de courses. Si tu crois que j’écoute ton cinéma, coco, qu’elle
pense, la finaude en se curant les ongles.
Plus de bobonne (trop trompée), plus d’amis (trop trahis), plus de gosses (papa est vraiment trop chiant, la honte devant les potes !) : restent les économies, et la télé. Alors ça ressasse (ah là la), ça geigne (« on est chez nous »), ça emmerde le voisin de palier (celui-là je vais lui envoyer l’huissier hein). Et ça se rancit, ça se ratatine en rhumatismes et migraines et courbatures à toute vitesse : 45 ans, et une tête de fiancé old school de l’Ankou bonne pour la charrette ! Et qui comprend rien à rien : pourtant j’ai fait tout bien, tout comme ON m’a dit.
Ben oui pauvre POMME t’as tout bon tout con. Tu t’es juste oublié au passage.
Et tout le monde t’a enterré avant l’heure. Fayoter ça sert à ça : un bon
engrais pas cher pour les cimetières.
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