mardi 18 juillet 2017

Consentir est la clef


Des trois religions monothéistes, la mienne, chrétienne ET catholique, est la seule qui offre le Royaume de Dieu à tout individu obéissant dans les actes de sa vie à la bonté et à l’amour. De quelque obédience et origine qu’il soit la promesse est et demeure la même, Dieu ne fait pas de tri sélectif selon les Saintes Ecritures en fonction de paramètres humains. Il ne dit pas : tu es en dessous de si tu n’es pas de telle race, ou bien : tu auras ta place au paradis si tu égorges les mécréants qui refusent de se soumettre à telle interprétation.
L’histoire de la chrétienté est loin d’être dénuée d’épisodes sanglants : guerres de religion, conquêtes colonisatrices et invasions avec crimes en pagaille, croisades, Saint Barthelemy, inquisition etc… : la liste est longue. La Sainte Bible elle-même est pleine de textes ou le Verbe du Demiurge tonne et ordonne et se fait guerrier. Dieu n’est pas un petit être efféminé et mou, c’est certain, il s’est montré à plusieurs reprises capable de déchainer sa colère divine sur ses petites créatures. De même, Christ n’est pas que ce joli barbu contant peace and love. Sa colère quand il chasse les marchands du temple n’a rien d’une attitude zen à la sauce Bouddha. Et la passion  qu’il endura pour nos péchés fut un véritable calvaire.
Il est pour le fervent catholique que je suis passionnant d’interroger les Saintes Ecritures, de les lire, de les ressentir, de les creuser. J’ai la foi en action, c’est-à-dire que loin de prendre tout pour comptant je questionne sans cesse le texte pour tâcher d’en comprendre le sens profond sans gober passivement. Je m’y adonne avec cœur davantage qu’avec le biais de mon intelligence ou de mon érudition. Et mon cœur il me semble me rapproche du sens peut être mieux que ne le ferait ma raison. L’effort en tout cas est sincère, sincèrement tourné vers le Seigneur mon Créateur et son fils incarné dans Jésus.
Je puis donc prendre pour acquis bien des paroles de la Sainte Bible et aussi émettre des doutes sans jamais blasphémer sur certaines choses que je ressens comme provenant des hommes, du séculier et donc du pouvoir. Je ne lis rien dans la Sainte Bible qui dise que la représentation de l’Eglise doive s’accompagner de faste et de pourpre bien au contraire, et donc ai un mal de chien, tout en respectant infiniment les petits curés de campagne et plein de membres dévoués du clergé, à admettre la réalité du Royaume du Vatican et tout ce tralala couvert d’or. J’y verrais plutôt l’inverse de ce que j’ai lu et compris des enseignements de Jésus et de Sa Parole.
De même la position séculière vis-à-vis des femmes et de l’homosexualité. Je doute et remets en doute en profondeur ce que je lis ici et là dans l’histoire chrétienne, qu’Eve soit la seule et unique coupable, que la femme soit sous l’homme, qu’elle ne puisse être ordonnée prêtre, que la créature aimant une autre de son sexe soit contre-nature et pècheresse. Par le prisme du Verbe seuls amours et bontés comptent, et respect des dix commandements, et Foi en son Créateur. En quoi une femme ou un homme aimant les hommes et s’adonnant dans sa vie et dans ses actes au respect absolu et sincère des enseignements de Dieu seraient ils inférieurs et pécheurs puisqu’ils ont été créés ainsi ? Dieu serait il à ce point injuste qu’il créerait des êtres ainsi faits pour les humilier et les contraindre à renoncer à la nature dont ils ont été dotés sans l’avoir choisie ? Le chrétien que je suis ne peut admettre cela.
Il y a dans le Verbe Divin à la fois contrainte et liberté, c’est ce qui en fait la force. Nous sommes libres de la voie à choisir et tout autant prévenus : chacun fait donc ce qu’il veut, croire ou pas, commettre ou pas des péchés, croquer ou pas la pomme, prier ou blasphémer, s’adonner à Dieu ou à Lucifer ou à aucun des deux. L’ère chrétienne a dorénavant atteint un  âge ou le glaive est rangé.
Toutefois la liberté, cette fameuse liberté individuelle tant chantée par l’époque moderne m’apparait comme un leurre et une douce illusion. En tant que créatures nous sommes individuellement pré déterminés à notre insu. Et tout autant tentés un à un par le serpent, qui s’immisce sournoisement dans nos pas. Bien malin celui ou celle qui peut clamer la certitude de ne pas être manipulé, tant le fourbe sait s’y prendre avec cinquante coups d’avance.
L’architecte de l’apparition de la mort dans la geste humaine, le corrupteur du Jardin d’Eden, le futur Grand Monarque est un sacré filou. Ses mensonges sont légion, et son aptitude à nous faire prendre le blanc pour le noir et inversement est redoutable. C’est que la créature imparfaite a ce qui s’appelle un ego, et celui-ci est aisément corruptible. Le coup du fruit défendu fut le premier mensonge, et tous ceux qui lui succédèrent procédèrent de la même technique.
La Parole du Christ est fort heureusement là pour nous éclairer sur le chemin à suivre, cette parole est proprement lumineuse, éclairante, simple à appréhender et à comprendre. C’est une parole claire, qui ne procède pas par énigmes, et qui se donne brute de forge : une parole pour cœurs et esprits simples, que des êtres sans aucune éducation peuvent instantanément saisir et appliquer. C’est en cela qu’elle est bouleversante, dans le sens : suffisante pour tracer le chemin de toute une vie, lui offrir généreusement une direction, l’orienter dans le meilleur sens qui soit, sans forcer, gentiment. Ce n’est pas une parole faite pour les bigots, oh non, mais pour tout le monde. Et j’ai beau moi qui ai lu des dizaines de milliers de livres chercher, je n’en connais aucune qui ait cette force, cette intensité, cette puissance et cette simplicité.
De même pour les artistes. Au-dessus de tout les œuvres sacrées. Hildegarde Von Bingen bien sûr. Jean Sébastien Bach au-dessus de Mozart (pour lui, le 3e acte de Don Giovanni et le Requiem au-dessus du reste) ou Haydn (Les 7 paroles du Christ au-dessus du reste), tous deux maçons, ayant composé nombre d’œuvres païennes (opéras et oratorios à foison, La Flute enchantée ou La Fedelta premiata et Il mundo della luna) et se rachetant sur le tard par de somptueuses créations allant dans le sens opposé.
En littérature Dostoïevski, le meilleur connaisseur de l’âme humaine, celui qui dans Les Possédés ou Crime et Châtiment, pieds dans la glaise et regard vers les cieux, s’en va fouiller dans les cœurs les plus mauvais qui soient pour les donner à lire. Avec lui les grands mystiques, Sainte Thérèse d’Avila, Saint Thomas d’Aquin …
Et au cinéma, Dreyer, Tarkovki, Zulawski ou Inarritu : que des croyants qui s’en vont puiser des deux versants, Bien et Mal, et donnent à vivre sur écran ces luttes acharnées. Ces plans d’oiseaux volant dans les cieux au petit matin se levant sur la violente Barcelone, tels des anges, et ces travelings du cœur suivant le regard du personnage incarné somptueusement par Javier Bardem dans Biutiful
Le point auquel je suis parvenu depuis aout dernier est celui du consentement. Ayant enfin compris que ma liberté était un leurre et que seul le lâcher prise permettait d’atteindre une plénitude, j’ai quitté le fonctionnement de l’homme machine agissant et décidant pour accueillir ce qui advenait. Tout étant décidé au-dessus à quoi bon ferrailler ? Donc actions oui mais selon ce qui est dicté et soufflé, j’ai déposé ma volonté à terre. Ouvert à ce qu’Il me souffle j’accueille, accepte, veille, espère et ne fais rien dans le sens d’avant. Ce faisant et à compter de – tout advient, exactement, c’est-à-dire ce qu’il faut, ce dont j’ai envie et besoin, vraiment envie et vraiment besoin, en son temps. Et je le vis : Il fait admirablement les choses pour celui ou celle qui L’entend. Et il les fait en temps et en heure au juste moment.
Consentir est l’inverse de ne rien faire. C’est au contraire faire en conscience, à la bonne distance des choses, à la bonne hauteur. La vie devient simple et déroule un fil auquel tu obéis sagement comme une plume au vent. Tu deviens dénoué, aussi léger que profond. Plus de peurs, plus d’inquiétudes, plus d’appréhensions, plus d’impatiences, plus de colères, que des pensées de lumière et de bonnes intentions qui je le sens s’accomplissent une à une. L’intention détient un pouvoir de réalisation de soi sur soi mais aussi sur les autres, sur ses aimes – et donc sur le monde. Jouer sa musique quotidiennement a son bout participe bel et bien au rééquilibrage des choses, faire pencher le bateau ivre du bon versant. C’est la seule véritable connexion. 
Jusqu’au corps qui reprenant énergie et forme rajeunies se libère, se dénoue et devient plus gracieux quand s’élèvent des musiques : je surprends mes pas épouser les rythmes en les ressentant du dedans, surprends ma voix soudain chanter juste et parvenir à des notes et des gammes qu’auparavant je ne pouvais atteindre. C’est fort surprenant, assez mystérieux, et pourtant facile à entendre et à comprendre. Et à vivre : wow.
Dans ce pays où j’habite presque tout le monde vit ca et croit, et presque tous sont incroyablement heureux – fort simplement. C’est donc possible pour tout un chacun. Et pas simple pour beaucoup compte tenu de la culture, de tout ce qu’on a appris ou désappris à notre insu. Pas une once de prosélytisme dans ces mots, chacun sa voie c’est tout, et si je me retourne sur mon passé il me fallut 51 ans pour y parvenir : l’entendre, l’admettre, le comprendre et le vivre. Et encore : il y eut une 1ere fois en 2008, quelques semaines, avant de le perdre, une 2e en 2011 quelques mois. Pour enfin en aout 2016 depuis Athènes l’ancrer une bonne fois pour toutes.

Grâces Lui soient rendues.


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