L’écran est blanc, lumineux, aveuglant. Deux corps
enlaces, ils ont 20 ans, elle et lui, et s’étreignent et gémissent et murmurent.
C’est la naissance de leur amour. Ça se passe en Espagne.
Aux premières scènes de lumière vont se succéder
lentement d’autres scènes plus grises. Cette coloration va prendre tout le film
jusqu’a sa fin, et le poison de la société, des parents, des conventions, du
passe, de la reproduction des attitudes parentales, de la vulgarité ambiante,
des potes… Tout va gangrener cet amour et laisser in fine les jeunes amants exsangues
et incapables de commettre l’acte jusqu’ au bout.
Lui est fils de grands bourgeois, ses parents l’ont
inscrit en droit, mais il ne suit que son cœur et s’en va faire un stage non rémunéré
chez un artisan horloger. Cette infinie patience lui permet dit-il de poser son
esprit, d’entrer en lui. Lui se donne à elle, radicalement, entièrement et sincèrement.
Elle, son père est parti, elle vit avec une mère larguée
affectivement dont elle est la confidente. Les rôles sont inverses. Un beau-père
falot complète le tableau familial. Elle est en fac, on ne sait ce qu’elle fait
ou pourquoi, elle a suivi le troupeau, semble ne s’intéresser a rien en profondeur.
Ses copines sont toutes de gentilles pestes obsédées par le plaisir, sortie,
picoler, draguer des mecs, se maquiller et se faire sauter. Elles ricanent de cet
amour auquel elles me croient pas, et se gaussent des détails que la petite
leur livre sur ses ébats.
Elle n’a pas le bagage pour vivre cet amour, transgresse l’intimité,
se distrait trop, ne sait ce qu’ elle veut, se montre changeante, je veux je
veux pas, une petite princesse comme maman. Plus jeune donc encore écervelée.
Ils font un break, elle le trompe, le lui dit avant, joue avec ses nerfs et ses
sentiments, le rend fou, littéralement.
Le trompe.
Puis le temps fait son travail. Elle lui revient, exprime
ses regrets, trop tard,. Lui est déjà ailleurs, le deuil est fait.
Elle s’en ira probablement vers une petite vie comme sa
mere, avec un mec puis plaquée, un petit boulot, des petites soirées. Seule a
la quarantaine et plus d’amour. Pas sa faute si elle n’a pas été élevée
vraiment mais comptable de ses actes. Triste.
Lui au contraire qui s’est choisi et s est donné les moyens pourra se relever une fois le deuil passé. Lui sait que l’amour véritable
est une pépite rare dans un chemin de vie auquel il faut tout donner et qui
autorise tous les débordements. A la fin il est en pleurs mais sans regrets.
Comme une suite de LOVE de Gaspar Noé. Même fin déchirante.
L’amour fut, il n’est plus. Celui ou celle qui souffrit le plus s’en sort la tête
haute, et l’autre pleure de regrets dans sa tête sans pouvoir obtenir ce jouet
qui jamais n en fut un. L’amour libertaire – FIN.
Amar – 2016 – Film espagnol réalisé par Esteban
Crespo avec Natalia Tena, Greta Fernández…
Bande annonce https://www.youtube.com/watch?v=8mi3AkHtR3Y
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