« Comment tu t’appelles ? »
Ils s’étaient tous trois allongés
sur l’herbe, trempés de sueur. L’homme avait extrait de son sac une bouteille
de rhum et trois petits verres en cristal doré.
« Pierre, marmonna-t-il en sirotant
une gorgée
- Pierre ? Pierre comme …,
interrogea Suzanna.
- Comme un roc. - Comme un roc,
vraiment ? », minauda-t-elle en avançant sa main vers son entre jambes.
- Sois pas vulgaire, j’aime pas ça !
»
A son tour elle avala une gorgée, et
observant Laure à la dérobée, reprit.
« Comme ton cœur ?
- Tu verras ! »
Elle découvrit un sourire radieux.
Laure, dans son coin, s’efforçait de se faire aussi discrète que possible.
« T’en penses quoi, ma poupée ? On
continue ? »
Imperturbable, l’homme qui se
prénommait Pierre sortit de son sac une petite pochette de tissu, et la
découvrit.
« Qu’est-ce que c’est ?
- Du zamal.
- Du quoi ?
- Faut vraiment tout t’apprendre ! Ça
vient de chez moi.
- Et c’est où, chez toi ?
- Loin.
- Loin ?
- Très loin.
- Où ça ?
- A l’autre bout du monde.
- Waouh ! »
Laure se retourna, et vit Suzanna
s’asseoir sur les genoux de l’homme.
« Dis-moi
- Te dire quoi ?
- Où c’est.
- Pff »
Il attrapa un papier fin, et de
l’autre fit une boule avec la poussière de l’herbe cachée dans la pochette.
« Alors ?, s’impatienta –t-elle en se
trémoussant.
- T’es toujours comme ça ?
- Quand c’est chaud, oui !
- Tu crois pas si bien dire !
- Ah bon ?
- D’où je viens. Là-bas c’est chaud.
A te cramer.
- Tu m’excites !
- Comme la lave d’un volcan, celle
qui coule entre tes cuisses »
Et posant le joint, il plongea un
doigt en elle et l’enfonça.
« Hey, hurla-t-elle, mais qu’est-ce
que tu fais ? »
Pierre partit dans un grand éclat de
rire, puis, ôtant sa main, fit pivoter Suzanna pour la placer face à lui. Il
prit le joint, l’alluma, et le lui tendit.
« Goûte ça ! »
Elle ouvrit les lèvres. Un peu de
rouge vint maculer le bout du papier, qui, à son contact, s’humecta.
« Hum, soupira-t-elle. C’est mieux
que ce qui circule au lycée
- C’est de la bonne. Importée de là
où ça dore au soleil. Parfois, dans les champs, tu peux les voir se dresser au-dessus
des toits. »
Il allongea la main droite, et
délicatement caressa la nuque de Laure, qui frissonna.
« Reste avec nous, minette ! Toi
aussi tu y as droit »
Il tendit le joint à la jeune fille,
qui ne sut qu’en faire.
« Ouvre un peu ta jolie bouche », murmura-t-il
en plissant des yeux. Sa longue chevelure ébène flottait sur ses épaules.
« Oui, ma chatte, s’il te plait,
rejoins-nous »
Elle agrippa son compagnon au cou.
« Pierre a raison. Oui, Pierre a
raison »
Tremblante, Laure porta le joint à
ses lèvres, avala maladroitement une bouffée et fut prise d’une quinte de toux.
Embrassant Pierre à pleine bouche,
Suzanna s’esclaffa.
« Ne ris pas, l’interrompit Pierre
en plaçant sa main sur sa bouche et en appuyant. Je t’interdis ! Je t’interdis
de te moquer ! »
Laure observa sa sœur à la dérobée,
les yeux voilés par la fumée. Elle était interloquée.
L’homme se ravisa. Il passa sa main
sur son cou, et, découvrant une chainette, tira.
« C’est quoi ? Une pierre ? »
Suzanna toussa pour s’éclaircir la
voix, mais se contenta d’un acquiescement.
« Elle est chargée ?
- Comment ça ?
- La pierre ! La pierre que tu
portes au cou. Elle est chargée ?
- Je ne sais pas… »
Laure s’approcha pour rendre le
joint, mais son geste se perdit.
« C’est Papa, dit –elle en regardant
l’homme. C’est Papa qui lui a offerte.
- Et toi ?
- Moi ?, dit-elle en trahissant une
gêne.
- Eh bien ? A toi il n’a rien offert
? »
Laure devint écarlate. Un couple
passa devant eux, puis s’éloigna.
« Il nous a offert la même, reprit
Suzanna. Il y a longtemps. Mais il n’y a que moi qui la porte.
- Tu ne veux pas porter la tienne ?,
demanda Pierre en levant les yeux vers la nuit noire.
- C’est que…
- Elle l’a rangée dans une boite.
Elle ne la porte que quand il est là, poursuivit Suzanna.
- Prudente…, fit Pierre en
dévisageant la jeune femme. Et toi, tu ne m’as pas répondu. D’où elle vient, tu
sais ?
- Ben… Je t’ai dit ! De Papa !
- Petite sotte ! Je t’ai pas demandé
de qui, je t’ai demandé d’où !
- Mais, s’énerva-t-elle en essayant
de se dégager de son emprise, j’en sais rien ! »
Il la repoussa, et tira profondément
une dernière bouffée.
« Tu crois en rien, pas vrai ? En
rien, sauf en toi même. C’est ça ? »
Elle le dévisagea d’un air mutin,
qui appelait les coups.
« Tu l’auras cherché », ponctua-t-il.
Puis il se releva, attrapa les deux
sœurs, et, les relevant toutes deux de ses deux mains fermes, murmura à Laure :
« Tu fais bien. Toi tu fais bien.
Laisse la donc dans sa boite ! »
COMMANDE EN
LIGNE - RESUME - AVIS DE LECTEURS :
SUNDANCE / GENESE Vol.1 :
SUNDANCE / GENESE Vol.2 :
Groupes publics FACEBOOK :
- Christophe Cros Houplon Writer
- SUNDANCE
Christophe Cros Houplon
- Rejoignez-nous
!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire