vendredi 9 juin 2017

SUNDANCE / GENESE (14)


Elle franchit l’entrée du Ministère et s’avança vers l’huissier.
« Bonsoir. Mon père serait-il là ?
- Il est retenu à l’Elysée, et a prévenu qu’il rentrerait fort tard, Mademoiselle… », répondit-il en observant discrètement ce qu’elle maintenait dans une couverture.
« Et ma mère ?
- Elle est dans ses appartements.
- Savez-vous si elle est seule ?
- Certainement »
Elle se dirigea vers les appartements privés. Lorsqu’elle entra dans la bibliothèque, elle aperçut de dos sa mère, qui lisait, un châle sur les épaules.
« Te voilà, fit elle en se levant. Laure, ma petite ! - Regarde, Maman. Regarde qui je t’ai amené ! »
Elle ôta le rebord de la petite couverture et découvrit le visage de l’enfant.
« C’est lui, Maman. Expedit ! »
Suzanne rapprocha ses mains en signe de prière et étouffa un sanglot. « Dieu du ciel, Dieu du ciel ! »
Laure lui tendit l’enfant. Elle ouvrit ses bras, et le serra contre son cœur. « Dieu du ciel ! Mais cet enfant est…
- Oui Maman. Désolée, je ne voulais pas te faire de peine.
- Rien ? Il ne voit rien ?
- Je ne sais pas. J’ai l’impression qu’il sent plus que nous la lumière. Les médecins disent qu’il ne voit pas.
- Je préfère te croire toi, ma chérie »
Elle s’assit sur un fauteuil, et regarda profondément son petit-fils.
« Expedit. Expedit. Tu sais que ce prénom a une histoire ? - Non. - J’ai lu que le pape Pie X a refusé de le reconnaître comme martyr, et l’a fait rayer des Saints reconnus. D’après ma mémoire, c’était un romain né en Arménie, qui a été décapité parce qu’il s’est converti au christianisme. Dans l’Eglise, on le soupçonne de n’avoir jamais existé.
- Etrange, murmura Laure
- Et il fait l’objet d’un véritable culte sur l’Ile de la Réunion. C’est un peu le Saint des pauvres… »
La grand mère surprit l’ombre d’un sourire sur le visage du bébé. « Regarde Laure ! Regarde-le. On dirait un ange !
- Oui Maman.
- Un par génération, sourit-elle »
Elle devint songeuse. Expedit semblait battre l’air avec ses mains à sa recherche.
« Et ta sœur ?, questionna-t-elle en posant un doigt au cœur de la paume de l’enfant. Comment va telle ?
- Elle a beaucoup souffert. Ça a été dur, je t’ai dit. Très dur. Mais ça va mieux. Pierre la sort, ce soir. C’est un peu leur deuxième première fois.
- C’est lui qui a eu l’idée du prénom ? Dans cette famille, les femmes ne décident jamais de rien. - Je pense. Je serais étonnée que Suzanna ait eu cette idée…
- Une bien étrange idée, je trouve. Mais intrigante.
- Que veux tu dire ?
- Juste un pressentiment »
Elle approcha son visage de l’enfant.
« Tu sais des choses, toi. Tu sais des choses…
- Les enfants sentent, tu as raison.
- Oh oui ! Toi, à une semaine, déjà…
- Ah ? - Oui, ma Laure. Marie Louise n’était pas encore arrivée. J’avais du temps, pour vous observer, ta sœur et toi. A une semaine, et déjà si différentes.
- Dis moi.
- Te dire quoi ? Eh bien, toi tu étais éclairée.
- Et Suzanna ?
- Ta sœur c’était différent »
Elle hésita.
« Mais chacun est différent de chacun, n’est-ce pas ? Ta sœur est si brillante…
- Elle m’étonne chaque jour. Elle est fascinante !
- C’est ce que je pense aussi. Et ce Pierre, dis-moi. Comment est-il ? »
Laure trahit une gêne, que sa mère sentit.
« Il est… Très beau. Surtout quand il est avec Expedit.
- Ah, c’est bien, ça ! C’est bien !
- Je suis sûre qu’il sera un père merveilleux !
- Tu m’en vois comblée ! J’aimerais le connaître. Ta sœur semble d’après ce que tu m’en as dit en être fort épris… Et puis ils ont un fils, maintenant. Tu ne trouves pas que ça a été un peu rapide ?
- Je ne dirais pas ça… Il est irrésistible, tu sais, et… »
Mais elle se ravisa.
« Il est adorable avec elle. Je trouve qu’elle s’adoucit, quand il est là.
- Diable d’homme !, sourit sa mère. J’ai demandé à ton père ce qui se passe. Pourquoi elle ne vient plus. Il ne veut pas me répondre. Tu sais quelque chose ?
- Rien ! Elle ne veut pas en parler.
- Il en souffre beaucoup. Il ne va pas fort, tu sais…
- J’en suis désolée. »
Laure vint s’asseoir à ses côtés.
« Je peux faire quelque chose ?
- Elle lui manque. Il ne peut tout simplement pas vivre sans elle. - Je sais.
- Tu peux peut être…
- J’essaie. Mais dès que j’évoque Papa elle se met en colère.
- Qu’est ce qui a bien pu leur arriver, à ces deux-là ? A croire qu’on leur a jeté un sort ! Si tu voyais comment il se traine ! J’en ai mal pour lui. Et son travail qui le préoccupe. Ah Laure, ton père est bien malheureux ! »
Laure posa sa main sur celle de sa mère.
« Et toi Maman ?
- Oh moi … »
Elle caressa le front du bébé.

« Je suis grand-mère, maintenant »

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- Christophe Cros Houplon Writer
- SUNDANCE Christophe Cros Houplon


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