Elle franchit l’entrée du Ministère
et s’avança vers l’huissier.
« Bonsoir. Mon père serait-il là ?
- Il est retenu à l’Elysée, et a
prévenu qu’il rentrerait fort tard, Mademoiselle… », répondit-il en observant
discrètement ce qu’elle maintenait dans une couverture.
« Et ma mère ?
- Elle est dans ses appartements.
- Savez-vous si elle est seule ?
- Certainement »
Elle se dirigea vers les
appartements privés. Lorsqu’elle entra dans la bibliothèque, elle aperçut de
dos sa mère, qui lisait, un châle sur les épaules.
« Te voilà, fit elle en se levant.
Laure, ma petite ! - Regarde, Maman. Regarde qui je t’ai amené ! »
Elle ôta le rebord de la petite
couverture et découvrit le visage de l’enfant.
« C’est lui, Maman. Expedit ! »
Suzanne rapprocha ses mains en signe
de prière et étouffa un sanglot. « Dieu du ciel, Dieu du ciel ! »
Laure lui tendit l’enfant. Elle
ouvrit ses bras, et le serra contre son cœur. « Dieu du ciel ! Mais cet enfant
est…
- Oui Maman. Désolée, je ne voulais
pas te faire de peine.
- Rien ? Il ne voit rien ?
- Je ne sais pas. J’ai l’impression
qu’il sent plus que nous la lumière. Les médecins disent qu’il ne voit pas.
- Je préfère te croire toi, ma
chérie »
Elle s’assit sur un fauteuil, et
regarda profondément son petit-fils.
« Expedit. Expedit. Tu sais que ce
prénom a une histoire ? - Non. - J’ai lu que le pape Pie X a refusé de le
reconnaître comme martyr, et l’a fait rayer des Saints reconnus. D’après ma
mémoire, c’était un romain né en Arménie, qui a été décapité parce qu’il s’est
converti au christianisme. Dans l’Eglise, on le soupçonne de n’avoir jamais
existé.
- Etrange, murmura Laure
- Et il fait l’objet d’un véritable
culte sur l’Ile de la Réunion. C’est un peu le Saint des pauvres… »
La grand mère surprit l’ombre d’un
sourire sur le visage du bébé. « Regarde Laure ! Regarde-le. On dirait un ange
!
- Oui Maman.
- Un par génération, sourit-elle »
Elle devint songeuse. Expedit
semblait battre l’air avec ses mains à sa recherche.
« Et ta sœur ?, questionna-t-elle en
posant un doigt au cœur de la paume de l’enfant. Comment va telle ?
- Elle a beaucoup souffert. Ça a été
dur, je t’ai dit. Très dur. Mais ça va mieux. Pierre la sort, ce soir. C’est un
peu leur deuxième première fois.
- C’est lui qui a eu l’idée du
prénom ? Dans cette famille, les femmes ne décident jamais de rien. - Je pense.
Je serais étonnée que Suzanna ait eu cette idée…
- Une bien étrange idée, je trouve.
Mais intrigante.
- Que veux tu dire ?
- Juste un pressentiment »
Elle approcha son visage de
l’enfant.
« Tu sais des choses, toi. Tu sais
des choses…
- Les enfants sentent, tu as raison.
- Oh oui ! Toi, à une semaine, déjà…
- Ah ? - Oui, ma Laure. Marie Louise
n’était pas encore arrivée. J’avais du temps, pour vous observer, ta sœur et
toi. A une semaine, et déjà si différentes.
- Dis moi.
- Te dire quoi ? Eh bien, toi tu
étais éclairée.
- Et Suzanna ?
- Ta sœur c’était différent »
Elle hésita.
« Mais chacun est différent de
chacun, n’est-ce pas ? Ta sœur est si brillante…
- Elle m’étonne chaque jour. Elle
est fascinante !
- C’est ce que je pense aussi. Et ce
Pierre, dis-moi. Comment est-il ? »
Laure trahit une gêne, que sa mère
sentit.
« Il est… Très beau. Surtout quand
il est avec Expedit.
- Ah, c’est bien, ça ! C’est bien !
- Je suis sûre qu’il sera un père
merveilleux !
- Tu m’en vois comblée ! J’aimerais
le connaître. Ta sœur semble d’après ce que tu m’en as dit en être fort épris…
Et puis ils ont un fils, maintenant. Tu ne trouves pas que ça a été un peu
rapide ?
- Je ne dirais pas ça… Il est
irrésistible, tu sais, et… »
Mais elle se ravisa.
« Il est adorable avec elle. Je
trouve qu’elle s’adoucit, quand il est là.
- Diable d’homme !, sourit sa mère.
J’ai demandé à ton père ce qui se passe. Pourquoi elle ne vient plus. Il ne
veut pas me répondre. Tu sais quelque chose ?
- Rien ! Elle ne veut pas en parler.
- Il en souffre beaucoup. Il ne va
pas fort, tu sais…
- J’en suis désolée. »
Laure vint s’asseoir à ses côtés.
« Je peux faire quelque chose ?
- Elle lui manque. Il ne peut tout
simplement pas vivre sans elle. - Je sais.
- Tu peux peut être…
- J’essaie. Mais dès que j’évoque
Papa elle se met en colère.
- Qu’est ce qui a bien pu leur
arriver, à ces deux-là ? A croire qu’on leur a jeté un sort ! Si tu voyais
comment il se traine ! J’en ai mal pour lui. Et son travail qui le préoccupe.
Ah Laure, ton père est bien malheureux ! »
Laure posa sa main sur celle de sa
mère.
« Et toi Maman ?
- Oh moi … »
Elle caressa le front du bébé.
« Je suis grand-mère, maintenant »
COMMANDE EN LIGNE - RESUME - AVIS DE LECTEURS :
SUNDANCE / GENESE Vol.1 :
SUNDANCE / GENESE Vol.2 :
Groupes publics FACEBOOK :
- Christophe Cros Houplon Writer
- SUNDANCE Christophe Cros Houplon
- Join us !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire