Il la poussa légèrement de la main
gauche, et elle entra devant lui. Les convives attablés retinrent leur
fourchette. La jeune femme qui venait de pénétrer était une pièce de choix.
Une femme d’une quarantaine d’années
se leva et, s’approchant, dévisagea Suzanna. Elle ne portait qu’une courte robe
échancrée au niveau des épaules, ouverte sur une paire de jambes longiligne.
« Nous n’attendions plus que vous !
Toujours en retard, Pierre !
- Pas plus que d’habitude »
Suzanna échangea une œillade
complice avec la femme. Elle vit en elle un spécimen intéressant de cette
espèce bien particulière qui donne envie qu’on la maltraite avec son
consentement.
« Tu es Suzanna, c’est ça ?
- Pour toi, oui. »
Les deux femmes se dévisagèrent.
C’était à celle qui tiendrait le plus longtemps le regard. La femme surprit une
complicité dans l’œil de la nouvelle venue, et lui tendit le bras.
« Il m’a dit. Tu as besoin de te
distraire, toi aussi. Je m’appelle Dani. Tu es ici chez toi »
Elle l’accompagna jusqu’à la table,
et lui présenta un à un les présents.
« Jeff, mon mari. Ne te formalise
pas s’il ne se lève pas, il a encore trop fumé. Lui, c’est Silvio, un de mes
meilleurs amants. Il vient de Naples, et ne parle pas un traitre mot de
français. Mais est-ce bien utile, tesoro ? Quant à ce vieux pochtron qui bave
sur sa chemise froissée, ne fais pas attention, on le mettra au lit au moment
intéressant. Il a bien un nom, mais à cette heure ci il l’a déjà oublié. Comme
moi, d’ailleurs »
Les trois hommes la dévisagèrent en
continuant à avaler leurs bouchées. Suzanna s’aperçut que Jeff la dévorait des
yeux.
« On finit le dessert. Il reste deux
parts. On ne va quand même pas les donner aux chiens ? » ria Dani en attrapant
une bouteille de vin.
« T’as pas plutôt un peu de whisky
?, demanda Pierre
- Combien de doigts ?
- Fais pas ta débutante »
Portant le verre à ses lèvres,
Suzanna fut saisie d’un frémissement.
« Pas trop dur cet accouchement ?,
reprit Dani en la dévisageant.
- Parlons d’autre chose !
- Purée ! On en est au dessert. Moi
j’en ai eu trois. Le premier, c’est toujours le plus désagréable.
- Faut dire que t’en voulais pas
vraiment, ricana Jeff.
- J’avais 20 ans, gros malin ! Les
43 salopes, elles étaient où !
- Mais maintenant tout a changé !,
reprit son mari. Vous les femmes, on vous a déroulé le tapis rouge.
- Aussi rouge que la robe de ma
charmante compagne », conclut Pierre.
Suzanna sentit ses joues
s’empourprer.
« Pierre vous a raconté comment on
s’est connus ?, lui demanda Dani
- En fait il ne m’a rien dit du
tout. Je pensais qu’on allait se faire une soirée en tête à tête
- C’eut été du gâchis, vous avez
toute la vie pour ça… Vous n’êtes pas contente de me rencontrer ?
- S’il m’avait dit, peut être … Là
je suis intriguée.
- Et moi donc ! »
Jeff rapprocha sa chaise des deux
femmes qui venaient de s’attabler côte à côte.
« Je connais votre ange noir depuis
longtemps. En fait je l’ai un peu vu grandir. Là-bas, dans son île lointaine.
Je l’ai eu sur mes genoux. Ça crée des liens.
- N’en dis pas trop, murmura Pierre.
- Il déteste ça, qu’on parle de lui
!
- J’ai remarqué, dit Suzanna.
Pourquoi « ange noir » ?
- Façon de parler »
Pierre trahit un rictus.
« Que vous êtes bavards ! Toujours à
vouloir mettre des mots là où c’est pas nécessaire…
- Et toi, toujours à couvrir de silences
tes petits recoins, lui répondit Dani.
- C’est où, cette île ? ».
Suzanna la fixait.
- Tu lui demanderas !, répondit-elle
en adressant un clin d’œil à Pierre.
- Décidément !
- Suzanna, reprit Pierre, je t’ai
déjà dit cent fois que quand tu commences une histoire, ça sert à rien de
sauter directement à la page 100. »
Jeff se leva, et sans quitter des
yeux sa cible, éteignit une des lampes éclairant le grand salon. Il s’approcha
d’une pile de disques vinyl, et en choisit un, qu’il plaça sur le tourne
disques.
« Tu mets quoi ?, lui demanda Dani.
- De quoi détendre l’atmosphère ! »
Il enclencha le bras automatique,
qui vint se poser sur le sillon.
« Par-fait ! Par-fait ! », ria Dani
en se redressant, et en ondulant des hanches aux premiers accords.
Elle dégrafa langoureusement son soutien-gorge
:
« Oh, Love
to love you baby… Oh, love to love you baby »
Son regard alluma celui de Suzanna,
qui à son tour se redressa.
« Oh, love to love you baby,
reprit-elle en écho.
- J’étais sûr que tu serais bien ici
», lui souffla Pierre à l’oreille en regardant les deux femmes se déhancher
l’une près de l’autre.
Silvio à son tour quitta la table,
et s’approcha. De sa main droite Dani le tira vers lui. Ses lèvres étaient
humectées de vin.
« Chardonnay !, dit-elle après
l’avoir embrassé
- When
you’re laying so close to me, répondit-il en un murmure.
- They’re no
place I’d rather be… chanta Dani.
- Than with me here », conclut
Suzanna en collant son dos au couple enlacé.
A écouter après la lecture (conseillé) :
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- Christophe
Cros Houplon Writer
- SUNDANCE
Christophe Cros Houplon
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