Près de 20 ans
ont passé depuis le testament de Kubrick, presque tout autant depuis les énigmes
de Lynch Lost Highway, Mulholand Drive, Inland Empire… Dorénavant les productions US dites indépendantes
ne font plus mystère d’appréhender plus frontalement les théories dites
conspirationnistes et de les donner à lire avec franchise.
Kubrick avait abordé l’essentiel par signes accumulés -
manipulation mentale, pédo criminalité, corruption des élites et collision de celles-ci
avec les sociétés occultes, rituels satanistes, reprogrammation et manipulation
des cerveaux à distance ou de près. Lynch, quant à lui, avait dressé de l’usine
à rêves hollywoodienne un portrait au scalpel ou l’illusion masquait l’empire
du mal.
Deux œuvres sorties
cette année nous proposent avec davantage de clefs cette même réalité sous
tendue par le masque des apparences, et nous permettent de l’appréhender émotionnellement
au travers de deux fictions puisant à même les racines du mal.
Sorti en février, The cure of Wellness de l’allemand Gore Verbinski envoie le patron d’un
organisme financier oligarchique dans une cure thermale d’un genre tout
particulier, dans les murs d’un étrange château en Suisse fondé par un baron
deux cent ans auparavant, accusé par ses paysans d’avoir pratiqué sur eux des expériences
diaboliques, et le punissant en brulant son épouse. Ce vieil américain, arrivé
au terme de son ambition, dévoile au début du film combien la réussite est,
plus que creuse, destructrice de sa personne même, et qu’il lui faut par cette cure
se régénérer entièrement pour ne pas sombrer dans les flammes de l’enfer.
Affolé, son
organisme financier, en passe de fusionner avec un autre, dépêche sur place un
jeune ambitieux pour faire revenir le dissident et lui faire signer des
documents compatibles les mettant eux à l’abri de délits d inities avérés.
Le jeune va
donc pénétrer un univers, plus qu’étrange, aseptisé, ou gambadent de riches
vieillards tout de blanc vêtus, ayant ici abandonné tout pouvoir à la faveur d’une
équipe médicale prétendant les guérir au moyen d’une eau locale aux pouvoirs supposément
guérisseuse.
Sans révéler
trop l’incroyable et diabolique suspens, on peut dire, sans trop en dévoiler,
que ce que tous viennent ici chercher sera comme un piège se retournant sur
chacun. Le monstre de la cure dévore évidemment ces anciennes gloires ayant signé
toutes auparavant le pacte de Faust. Parabole à peine voilée sur l’abandon de
son âme a Satan, et au sort que ce dernier réserve à celles et ceux qui ont eu l’immense
prétention de se croire puissants au point de tout détruire et de s’échapper eux-mêmes
du châtiment collectif.
Bande annonce
https://www.youtube.com/watch?v=JF1rLFCdewU
Sorti en Mai, Get Out puise aux racines de la pensée
WASP à la Obama Clinton, et plonge un jeune couple, une jeune bourgeoise de type
enfant gâtée et son nouveau petit ami noir, parfaits représentants tous deux de
la réussite américaine et de la bien pensance. Ces deux tourtereaux s’en vont
rencontrer les parents de la belle, parfaits électeurs de l’ancien Président,
dans leur immense et superbe propriété.
Dès leur apparition,
ces parents parfaits et propres en apparence, ainsi que leur personnel noir, inquiètent.
Sous le vernis des élégances et de la convivialité, sourd une menace, celle d’un
totalitarisme manipulateur déguisé en agneau. Lui est chirurgien du cerveau,
elle hypno thérapeute, rien que les métiers inquiètent.
A peine dans
les murs que voilà nos tourtereaux envahis par une réunion annuelle dans le
jardin, ou les parents convient tout le gratin démocrate oligarchique. Là, dans
ces couples aux masques engoncés, le bizarre se mêle à l’étrange et au malsain.
Cette assemblée en apparence souriante a tout de l’occulte, et plus le temps
passe plus se multiplient les signes de l’anormal.
Le jeune homme
noir sera évidemment - je n’en dis pas davantage - la proie idéale de l’asservissement
en cours, avec au bout du chemin la possibilité de lui voler son âme pour mieux
l asservir à un vaste complot.
Bande annonce
https://www.youtube.com/watch?v=ixFNUwa9i9k
Les deux films
traitent bien, avec des intrigues différentes, de la même chose. Le mal déguisé
en bien, la bien pensance WASP totalitariste cachant ses desseins, la capacité
de manipulation et de destruction sous couvert de soigner, le désir de prise de
contrôle pour cloner, la certitude de l’impunité pour les puissants. L’aveuglement
de beaucoup du sort qui leur sera en définitive réservé aussi, en guise de
remerciements de s’être adonnés à des rites et pratiques sataniques.
Tant dans le château
suisse que dans la propriété des parents de Get Out circulent les cerveaux
reptiliens, insensibles à autrui, froids, roués, manipulateurs, se délectant de
la douleur de l’autre, s’appuyant sur des techniques médicales et scientifiques
pour littéralement aspirer les corps et les cerveaux de leurs proies, dans le
sens littéral du terme.
Dans les deux œuvres,
un quidam se pensant libre pénètre tel l’agneau leur univers hautement toxique,
s’y affronte, devient la proie à abattre, découvre horrifié le dessous des
cartes, se confronte seul à un univers autrefois sécurisant et qui soudain révèle
son véritable visage.
On est là dans
deux illustrations parfaitement limpides de la théorie conspirationniste dans
le cadre de fictions construites en paraboles et faisant appel au cinéma d’horreur
à la Rosemary s Baby. Le Mal était déguisé en Bien, on y avait jusque-là
contribué sans le savoir, on avait de très près fréquenté d’authentiques
monstres sanguinaires, et on découvre o combien tard que ceux-ci sont prêts à
faire de toi un jouet en aspirant tes neurones et toutes tes fonctions vitales
pour te recycler et faire de toi un esclave.
Plus que tout
documentaire ou interview de repenti du système, ces deux fictions, par le
processus d’identification à l’agneau dans le viseur qu’elles induisent,
permettent à tout un chacun un réveil. Non de la raison déraisonnable qui
devant l’accumulation des preuves se raccroche à sa vision du monde jusqu’à les
nier pour des motifs pseudo rationnels. Mais bien parce que l’émotion et donc l’intuition
permet à chacun face à ces images de percevoir le sens directement.
Et donc, pour les
plus éveillés des spectateurs, de commencer à entrevoir et à comprendre que
non, ceci n’a peut-être rien d’une fiction.
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