vendredi 2 juin 2017

La caverne de l'Ours


8 mois non-stop de soleil en un an ¡ Si je mets à part mes trois ans à la Réunion, c’est un record. Le soleil, c’est bien connu, facilite le moral. Et en cette année de très gros changements, c’est peu dire que ces températures élevées (30 à 35 degrés en Grèce et au Brésil, de 25 à 30 le premier mois au Paraguay) furent là à point nommé.

On change, quand le soleil brille. Et vu mon dernier été français (deux magiques semaines en solitaire dans le Lot passées à écrire, à nager dans le fleuve, à faire du canoë et a flâner dans la campagne, suivies de trois désolantes à Paris, ou je surpris atterré le comportement lamentable ou decevant d’un bon paquet de ceux qui se disaient et se croyaient mes proches) j’avais besoin, absolument besoin d’un reboot.

Ce qui eut plus que lieu. A peine pose un pied en aout sur le sol d’Athènes que revint des tréfonds une énergie telle que se coucher avant quatre heures du matin et se contenter de trois ou quatre heures de sommeil me fut suffisant. L’atmosphère là où j’étais logé avait beau être … particulière, il n’était plus question que vivre cet été pour moi, et m’abandonner au plaisir de vivre.

Ce furent donc des sorties, d’innombrables et superbes rencontres de jour comme de nuit, des kilomètres à VTT sous un soleil écrasant dans l’immense cité, des heures à nager, à danser, à entrer dans un bar, à converser avec le ou la premier(e) venu(e) parfois jusqu’à l’aube.

Puis, sitôt dans les Cyclades, à Panormos d’abord, à Mykonos ensuite, le mouvement, les rencontres, les invitations, les nuits de danse, les heures passées dans des tavernes avec des tablées d’inconnus des quatre coins de la planète, des invitations au débotté à des trucs VIP parce que mon énergie faisait plus que se remarquer, des traversées de l’ile à scooter ou en quad, des siestes le long de la plage, des réveils au coucher du soir, cette nuit passée à danser en maillot de bain sur un bar, avec ces quinze whiskies offerts, cette escale sur un bateau ou des gosses de riches faisaient la nouba et traçaient à fond, cet espace d’artistes de dix pays différents, des artistes d’avant-garde dans la mode, la sculpture, la peinture, la bijouterie, les parfums, avec qui je passais à leurs frais des soirées entières a discuter …

Deux mois à peine plus tard, cette auberge de jeunesse à Rio, ou les hébergés, jeunes des quatre coins du monde, changeaient tout le temps, que de soirées, de nuits de guinche, d’alcools forts, de fêtes en plein air, de concerts, de soirées privées dans des locaux improbables, de nuits à traverser à pied la ville, à aller le long de l’océan marcher et converser, de couchers à l’aube … On n’avait pas un rond, les autres nous supportaient souvent, ils avaient 25 ans en moyenne, hétéros pour la plupart, j’étais leur grand pote…

Puis ce second petit hôtel a Arraial do Cabo, douze pensionnaires, tous accros au joint et à la c., grands buveurs de caipirinhas, que de guinche, de fêtes, de sorties la nuit nager, de délires, là aussi, 4 heures de sommeil et ça repart – le tout en bossant et en écrivant la journée.

En quelques mois j’avais perdu 10 kilos, 68 sur la balance, tomates et fruits only, port redressé, sourire non-stop, pêche tout le temps, nage et marche tous les jours sous un soleil de plomb, peu de thunes mais aucune importance, entouré de gens pareils qui nous appréciaient Neo et moi un max, nous qui étions quasiment les seuls à faire la vaisselle, à penser a aider le jeune couple qui tenait l’hôtel pour le ménage ou d’autres trucs du même ordre, un mois et demie dans cette liesse…

Et puis la traversée en bus du Brésil, les chutes d’Iguaçu, ce trip inoubliable à deux qui nous a laissés tous deux sans voix, on en pleurait sur place tellement c’était beau !

Puis l’entrée au Paraguay en taxi, passeport même pas tamponné, clandestinos dans un pays où tout le monde s’en fout, trois semaines de camping, fortes chaleurs, parfois gros orages, des tas de rencontres super, le pays le plus cool que je connaisse, de la gentillesse à tous les coins de rue. Jusqu’à s’être posés dans cette petite maison avec grand jardin, et deux chambres individuelles dans celui-ci, le chaton Chaplin qui m’adopte, me suit à la trace et dort à mes côtés chaque nuit, on n’arrive plus à partir.

Le soleil est parti, c’est la fin de l’automne, un automne ou il fait 20 -  et bientôt l’hiver, il pleut 3 jours sur quatre, 11 à 15 degrés, on avait perdu l’habitude, la nuit il fait froid, on est couvert, bonnet sur la tête, on dort habillés, les chambres ne sont pas chauffées, deux draps et trois couvertures, en dessous tu te sens hyper bien. Je dors à présent dix à douze heures chaque jour, apprécie ma grotte, recherche la solitude, m’isole de plus en plus, paisiblement, ai repris 4 kilos - utile pour affronter l’hiver.

J’aime, comme le font les ours, hiberner. Le sobriquet dont m’a affublé Néo en 2006, le z’ours, était le bon. Je me redécouvre sauvage, parle peu, suis devenu fluent en espagnol, écris et lis beaucoup, regarde des tas de documentaires, sur le monde, la science, la géostratégie, les projets de la CIA, les OVNI, les pyramides égyptiennes, la religion et les prophéties, les civilisations et l’histoire contemporaine.

J’avale avec gourmandise, mon cerveau digère la nuit, je me réveille avec un appétit insatiable, apprendre encore, découvrir, remettre sur la table ce qu’on a compris la veille, enrichir le savoir, le remettre en cause et fouiller. Je rattrape mon retard en cinéma, moi qui n’ai mis les pieds en salle qu’une fois depuis aout, je choisis les œuvres avec soin, touche juste presque à tous les coups.

Envie de ne sortir de ma grotte qu’en septembre, la fin de votre été, le commencement de notre printemps. Le 3eme volume de Sundance sera écrit, il n’y aura qu’à le publier et construire son lancement comme celui des deux autres l’an dernier.

Puis repartir ailleurs, avec nos sacs à dos et le chat Shadow.




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