20
ans de traversée du désert (fort bien payée
sur fonds publics il est vrai…) pour 35
jours à la tête d’un ministère qu’il
aura eu l’insigne prétention d’incarner sur toute la classe politique française.
Avant de se faire, après une série de couacs dignes d’un débutant (les
mauvaises langues diraient d’un bègue) éjecter comme un petit malfrat pris la main dans le sac de la vieille dame dont
il faisait les courses.
Pareil boomerang dans la tronche de celui
que les français, pour une raison qui m’a toujours échappé, considéraient depuis
des années comme l’homme politique honnête par excellence, a tout de « La
fausse suivante », la pièce de Marivaux. Pensez donc : une vulgaire
affaire d’emplois fictifs étouffée en plein février 2017, au moment même du
ralliement « de convictions » (tu parles), par un obscur attaché
parlementaire se rappelant à sa bonne mémoire au moment opportun. Courageux
homme, au passage, qui fut le dupe de l’AFP et du Figaro certes, mais aussi de Mediapart
et du Canard, qu’on connut plus pressés envers le bon Monsieur Fillon notamment,
et qui se sont depuis enfin réveillés. D’autant plus courageux que plusieurs
fois il connut son appartement visité, son ordinateur portable espionné et vidé
et ses allées et venues surveillées.
« Je ne connais pas ce
Monsieur », répondit le béarnais aux quelques rares journalistes l’interrogeant
pendant la campagne à propos de ce dernier. Il est vrai qu’utiliser autrui à
des fins personnelles un peu comme un châtelain le fait d’un serf, tout ça sur
fonds détournés, est monnaie courante dans notre classe politique. Et que ma
foi, la main qui t’aide à traverser sur les passages piétons ou qui timbre tes
enveloppes n’est guère qu’une main anonyme pour nos grands commis d’état,
fussent-ils éternels opposants à tout et à n’importe quoi par principe, vu qu’à
leur yeux la seule tête qui dépasse est la leur.
Quoique… Quand on regarde les 20 ans
de ce maire qui manque décidément de Pau, que voit-on sous le masque de la bienséance
paysanne et de père de famille nombreuse « à la Balzac » ? Que d’errances
et que d’erreurs politiques, que d’anachronismes, que de leçons de morale distribuées
à d’autres et peu appliquées à soi, que de défections de proches, que d’amateurisme
égotiste en somme ! Y a-t-il en France autre supporter de François Bayrou
que lui-même et Madame de Sarnez ? Celui qui devant la réunion UMP d’avant
1er tour des Présidentielles de 2002 lançait bravache : « Si
on pense tous pareil c’est qu’on ne pense plus du tout » aurait bien fait
de s’appliquer à lui-même l’adage, lui qui dans ce micro Modem dont le congrès
tient dorénavant dans une cabine téléphonique n’a jamais fait que penser pour tous sans jamais écouter que lui-même.
Au point, depuis 15 ans, de réussir à faire fuir tous ses proches, le fidèle Jean
Lassale inclus.
« Le centre c’est la droite, la
droite et encore la droite », persifflait Mitterrand, fin connaisseur.
Evidemment ! Le centre à la Bayrou
fut une Secte-Chapelle à Prélat Unique, tenant fermement un missel en
lequel il est écrit en première page : « Tu seras Président mon Fils ».
Ce fut le seul horizon jamais vanté et vendu par cet apôtre de lui-même aux naïfs
qui 20 ans durant tachèrent de le suivre dans ses méandres parsemés d’échecs en
tous genres. Les programmes de Bayrou Candidat ce fut toujours « Moi au
centre et 10 mesurettes ». L’homme nous la joua morale et rectitude,
pourfendit le roué Chirac puis le vulgaire Sarkozy, se fit duper par Hollande
et se vendit pour un plat de lentilles a son fils spirituel, avant de se faire définitivement
exfiltrer par ce dernier.
Le politique ce me semble n’a
strictement rien compris au jeu dans lequel il baigne et qui le rémunère.
Morale et politique n’ont strictement rien à voir en démocratie, et tous les pseudos
chevaliers blancs sont voués à périr les pieds dans la glaise. Le nerf de la
guerre reste et demeure l’argent, et faire mine de cracher sur ce dernier tout
en l’utilisant petitement par en dessous est le propre des Tartuffe. On préfèrera
toujours un sympathique voyou à la Chirac ou un machiavélique Mitterrand, fauves
o combien plus nobles que cet éternel second couteau qui se voulut plus gros
que le bœuf. A la table des puissants,
la viande est servie « à point » ou « saignant », jamais « bleu ».
Ce « ni gauche ni droite »
devenu réalité élyséenne avala dans les règles de l’art les boas UMP et PS avec
cet argent oligarchique tant décrié par l’éphémère ministre de la « justice
pour soi ». Et renvoie de fait l’amateur amoureux de lui-même dans ses
belles lettres et sa chère région, lui qui a force de tanguer ne sait plus où
il habite.
Pour vraisemblablement ne plus jamais en ressortir.
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