Quand
tu changes et bouges vraiment tout autour change et bouge et se révèle en
fonction de ton choix. C’est une règle fort simple qui permet de comprendre sans
juger, d’encaisser sans souffrir, et surtout d’avancer droit, indifférent aux réactions
négatives fussent-elles d’êtres jusque-là très proches. Chacun – il faut le
comprendre – a toujours ses raisons, et personne, pris individuellement, n’a jamais
raison ou tort en soi.
Pour
moi qui après trois années vécues en apnée dans une espèce d’immobilisme nécessaire
avais opté pour cela, cet envol à deux loin et longtemps, il était a priori évident
que nombre de celles et ceux qui avaient fait le choix soit de ne faire qu’un
pas chaque jour, soit de rester immobile, soit de se mettre la tête dans le
sac, bref que toutes celles et tous ceux-là se devaient à eux-mêmes d’écrire le
possible dernier chapitre de cette histoire commune en fonction de leurs intérêts
et de leurs intérêts seuls.
Il
n’eut donc aucune incompréhension de ma part, bien au contraire. Tout au plus,
et c’était mérité, quelques bonnes distributions de paires de claques à
distance à quelques-uns, fort rares, qui avaient profité d’une estivale absence
pour commettre en troupeau quelques saloperies. J’attendis le bon moment, celui
de la fin de leur automne et du commencement de mon été, pour le faire. Le fis
avec quelque amusement un certain temps. Puis arrêtai peu avant noël, certain
qu’ à défaut d’avoir été compris (ce qui n’était en rien le but) les lignes de
force avaient en tout cas été plus que restaurées.
En
parallèle, quelques malentendus firent sens, et permirent à certaines ou à
certains de passer un cap. Loin de me sentir obligé là encore de justifier quoi
que ce fut, je laissai celles-ci et ceux-là réécrire comme bon l’entendait
cette histoire par eux vécue comme un fil rompu. Conscient que personne n’appartient
à personne et que chacun est libre, je leur attribuai très exactement les mêmes
droits que ceux que je m’accorde à moi-même, sans quelque procès d’intention
que ce soit. Les imaginant pour beaucoup dans une situation quelque peu
analogue à la leur un an auparavant, qui plus est au sein d’une ville hautement
anxiogène, je me surprends chaque jour à penser à eux avec affection, à leur espérer
le meilleur, en me refusant expressément de faire quelque pas que ce soit de
quelque manière que ce soit.
Avoir
une confiance inébranlable en soi permet ça, cette distance avec l’émotionnel,
avec ce jeu des intérêts qui à un moment peut faire croire que le « masque »
s’arrache sur une réalité dissimulée jusque-là. Ma connaissance de l’âme
humaine me dit qu’il n’en est rien, et qu’ainsi réduire des êtres aimés à des
caricatures ou à des réactions en temps de crise ne grandit personne. Vraiment
les gens font de leur mieux, et ce n’est pas toujours facile, chacun a ses problèmes,
ses rêves enfouis, ses capacités, son pouvoir d’achat, ses ambitions etc… L’humaniste
que je suis, s’il dénonce parfois, et parfois durement des comportements, ne
juge jamais les individus. Je fais toujours le chemin intérieur pour comprendre
l’autre des lors que l’intentionnalité n’est pas mise en cause.
Le
cap des six mois est bientôt atteint. J’ai encore en mémoire les mots d’un « ami »
qui, le plus sincèrement du monde et sur un ton de reproche m’avait dit, la dernière
fois que je l’avais vu : « Tu vas voir, l’atterrissage sera dur ».
Il ne l’avait pas dit méchamment, vraiment pas, il était, lui qui depuis des années
se reprochait de stagner et multipliait les efforts en vain pour sortir de sa
cage, sincèrement convaincu de dire le vrai à ma place.
Je
me souviens l’avoir regardé en souriant, avec légèreté, et d’avoir en
conscience choisi de ne surtout pas répondre. A quoi bon répondre ? Pour
dire quoi ?
Quand
on change et quand on bouge tout change. Le temps, seule carte maitresse que
nous ayons en mains, redistribue le jeu avec malice, et personne ne peut savoir
à l’ avance ce qui va sortir. Personne, pas même moi. Jusque-là, à ce petit jeu
qui consiste à vivre sa vie à la première personne en se fixant des objectifs élevés,
le sort me sourit plutôt. Ça peut durer, ça peut s’interrompre, mais force est
de constater que depuis la mi-août, pas une fois, pas une seule je n’ai surpris
une pensée négative m’effleurer. Ni peur, ni angoisse, ni doute, ni nostalgie,
ni regrets, ni rien de tout ça. Pas une fois en 9 mois presque. Ça finit par s’incarner,
à la longue …
Bonne analyse et bel exemple ! Merci Christophe de donner l'exemple ;-)
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