C’est son fils Thomas qui en parle
le mieux. « Mon père, déclarait-il y a quelques années, on ne sait jamais
par quelle porte il va sortir ». C’est qu’il est capable, le bougre, de se
barrer une nouvelle fois en scooter sans se faire repérer par les huissiers
pour foncer chez Julie, et laisser son poulain entrer tout seul dans ce palais
qu’il lui avait réservé.
Hollande ou le meilleur stratège électoral
de ce début de siècle : le mec a presque réussi à se faire réélire sans même
avoir eu à se représenter, le tout avec le taux d’impopularité le plus fort
depuis l’avènement de la Ve. Chapeau l’artiste !
Hollande ou le caméléon. Déjà en
1983 il commettait en binôme depuis l’Elysée de Mitterrand un petit opuscule soi-disant
écrit par un élu important de la droite, et qui torpilla quelque peu les
mollets de Chirac et de ses sbires.
Entrisme ? On peut le dire, mais
alors dans l’autre sens aussi. Car ce deloriste de la première heure, véritable
taupe de la social-démocratie dans le mammouth socialiste n’aura eu de cesse,
durant sa longue carrière, de tromper son monde avec des sourires bonnasses.
Quand on te prend pour un con on ne
se méfie guère de toi, voilà un adage pour ce si habile tacticien qui à coups
de molles synthèses à la tête du PS cachait sa véritable nature : de tous
les Présidents, il fut le plus guerrier sur le plan militaire, et un des plus
autocrates. Tel Mitterrand, ses deux hémisphères, le gauche et le droit, ne se
communiquent pas les informations de peur de fuites, et l’on ne compte pas ses collaborateurs
qui, sortant de son bureau, ne savent que penser de ce que leur a dit le Monarque.
A gauche ? A droite ? Ni ni ? La position ubuesque de François
le Second sur l’affaire Leonarda illustre fort à propos l’extrême confusion de
la solution : ni l’un ni l’autre, bien au contraire.
Ce manœuvrier du compromis qui
excellait dans les couloirs de Solferino à synthétiser des positions de grand écart
entre egos (et sEgo) boursoufflés fit une erreur de diagnostic flagrante sitôt
arrive rue du Faubourg Saint Honoré : la France, ce n’est pas la Hollande,
et ici on aime les chefs qui cheffent, pas les compromis d’horlogers suisses.
Avec cet art consommé de vouloir mettre tout le monde d’accord, il réveilla un
Printemps Français endormi censé manifester pour Tous à l’exclusion de
beaucoup, et tel un pyromane castré ne parvint plus à éteindre le feu.
L’homme, de droite assurément, mais d’une
droite centriste, libérale libertaire avec poudrées sociales ici et là, se plaça
sans hésitation sous la coupe de cette fameuse « ennemie » qu’il
feignit de dénoncer au Bourget. Tout fut fait pour l’aider à faire son œuvre :
politique de l’offre, Lois Travail et Macron, choc fiscal et luttes contre les déficits,
UE UE UE dada etc... La feuille de route fut prise à Berlin sitôt élu, et jusqu’au
bout il la maintint sur son bureau scotchée.
Il lui fallut plus d’un an et demi
pour se mettre dans le poste et tomber le masque. Il fallut pour cela se défaire
de l’encombrante Valérie, cette virago si peu encline aux compromis et qui
devait l’assaillir de conseils chiants comme la mort à chaque repas. Sitôt dégagée,
il nous dévoila le menu, puis, prudemment, apprit la Valls.
Sa politique étrangère fut une
authentique catastrophe indexée comme son honni prédécesseur sur Washington.
Touilleur politicien, l’homme avait omis le logiciel de géostratégie et chaussa
cinq années durant des lunettes de petit père la morale.
Mister Bean sur la scène
internationale, « Monsieur Petites Blagues » fut à l’image de ce
peuple si radicalisé et si peu reconnaissant : quelque peu suffisant et
ridicule.
En bon entriste, il parvint admirablement
à casser définitivement ce parti arrivé à sa fin qu’il avait dirigé onze années
durant, et dont un bon paquet de députés avachis sur leurs sièges grâce et à la
suite de sa victoire avaient passé leur temps à lui cracher dessus. Il fit mine
de consentir à leurs primaires, lança la savonnette Macron depuis l’Elysée,
laquelle, riche de fonds et de médias à la botte de la corbeille, fut
efficacement montée en soirée mousse jusqu’aux sommets d’aujourd’hui et de
demain.
Ce qu’ «un Président ne devrait
jamais dire » il l’avait pourtant confié dans l’opus éponyme: détruire
le PS et le remplacer par un truc au centre : un truc En Marche, par
exemple…
Lors des attentats il fut pour la
seule fois parfait. Froid en tant que politique, calculateur et dissimulateur,
l’homme, en son intimité, est bon et ça se sent. Détestant les conflits (sa
maladresse envers la répudiée était d’une muflerie telle que le boomerang qu’elle
lui envoya dans la figure m’apparut mérité), il n’est jamais aussi bon qu’au
contact des gens à la peine. Là il n’y a pas (pas plus que chez Chirac) de triche.
Cette ficelle cocufieur est avant tout un honnête homme et il est capable de
compassion au point de laisser poindre quelques larmes.
On peut conclure en disant que comme
gouverneur d’une province France en passe de radicalisations aux communautarismes
à cran, il incarna plutôt dignement la fonction de part un optimisme quelque
peu béat mais faisant contrepoids à tous les déclinismes.
Un homme qui aime la vie présidant
un peuple qui ne s’aime plus : c’est sans doute l’image qui restera de cet
expert-comptable aussi sympathique que rusé, grand fossoyeur d’illusions au
demeurant, qui nous aura collectivement servi de cible à fléchettes cinq années
durant sans qu’il ait à quelque moment donne le sentiment que cela lui posait problème.
Fortiche, quand même le Pépère !
Fortiche, quand même le Pépère !
Mais où est-il au fait ? Merde,
il s’est barré par la fenêtre !
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