vendredi 5 mai 2017

Pépère s'est barré par la fenêtre !


C’est son fils Thomas qui en parle le mieux. «  Mon père, déclarait-il y a quelques années, on ne sait jamais par quelle porte il va sortir ». C’est qu’il est capable, le bougre, de se barrer une nouvelle fois en scooter sans se faire repérer par les huissiers pour foncer chez Julie, et laisser son poulain entrer tout seul dans ce palais qu’il lui avait réservé.

Hollande ou le meilleur stratège électoral de ce début de siècle : le mec a presque réussi à se faire réélire sans même avoir eu à se représenter, le tout avec le taux d’impopularité le plus fort depuis l’avènement de la Ve. Chapeau l’artiste !

Hollande ou le caméléon. Déjà en 1983 il commettait en binôme depuis l’Elysée de Mitterrand un petit opuscule soi-disant écrit par un élu important de la droite, et qui torpilla quelque peu les mollets de Chirac et de ses sbires.

Entrisme ? On peut le dire, mais alors dans l’autre sens aussi. Car ce deloriste de la première heure, véritable taupe de la social-démocratie dans le mammouth socialiste n’aura eu de cesse, durant sa longue carrière, de tromper son monde avec des sourires bonnasses.

Quand on te prend pour un con on ne se méfie guère de toi, voilà un adage pour ce si habile tacticien qui à coups de molles synthèses à la tête du PS cachait sa véritable nature : de tous les Présidents, il fut le plus guerrier sur le plan militaire, et un des plus autocrates. Tel Mitterrand, ses deux hémisphères, le gauche et le droit, ne se communiquent pas les informations de peur de fuites, et l’on ne compte pas ses collaborateurs qui, sortant de son bureau, ne savent que penser de ce que leur a dit le Monarque. A gauche ? A droite ? Ni ni ? La position ubuesque de François le Second sur l’affaire Leonarda illustre fort à propos l’extrême confusion de la solution : ni l’un ni l’autre, bien au contraire.

Ce manœuvrier du compromis qui excellait dans les couloirs de Solferino à synthétiser des positions de grand écart entre egos (et sEgo) boursoufflés fit une erreur de diagnostic flagrante sitôt arrive rue du Faubourg Saint Honoré : la France, ce n’est pas la Hollande, et ici on aime les chefs qui cheffent, pas les compromis d’horlogers suisses. Avec cet art consommé de vouloir mettre tout le monde d’accord, il réveilla un Printemps Français endormi censé manifester pour Tous à l’exclusion de beaucoup, et tel un pyromane castré ne parvint plus à éteindre le feu.

L’homme, de droite assurément, mais d’une droite centriste, libérale libertaire avec poudrées sociales ici et là, se plaça sans hésitation sous la coupe de cette fameuse « ennemie » qu’il feignit de dénoncer au Bourget. Tout fut fait pour l’aider à faire son œuvre : politique de l’offre, Lois Travail et Macron, choc fiscal et luttes contre les déficits, UE UE UE dada etc... La feuille de route fut prise à Berlin sitôt élu, et jusqu’au bout il la maintint sur son bureau scotchée.

Il lui fallut plus d’un an et demi pour se mettre dans le poste et tomber le masque. Il fallut pour cela se défaire de l’encombrante Valérie, cette virago si peu encline aux compromis et qui devait l’assaillir de conseils chiants comme la mort à chaque repas. Sitôt dégagée, il nous dévoila le menu, puis, prudemment, apprit la Valls.

Sa politique étrangère fut une authentique catastrophe indexée comme son honni prédécesseur sur Washington. Touilleur politicien, l’homme avait omis le logiciel de géostratégie et chaussa cinq années durant des lunettes de petit père la morale. 

Mister Bean sur la scène internationale, « Monsieur Petites Blagues » fut à l’image de ce peuple si radicalisé et si peu reconnaissant : quelque peu suffisant et ridicule.

En bon entriste, il parvint admirablement à casser définitivement ce parti arrivé à sa fin qu’il avait dirigé onze années durant, et dont un bon paquet de députés avachis sur leurs sièges grâce et à la suite de sa victoire avaient passé leur temps à lui cracher dessus. Il fit mine de consentir à leurs primaires, lança la savonnette Macron depuis l’Elysée, laquelle, riche de fonds et de médias à la botte de la corbeille, fut efficacement montée en soirée mousse jusqu’aux sommets d’aujourd’hui et de demain.

Ce qu’ «un Président ne devrait jamais dire » il l’avait pourtant confié dans l’opus éponyme: détruire le PS et le remplacer par un truc au centre : un truc En Marche, par exemple…

Lors des attentats il fut pour la seule fois parfait. Froid en tant que politique, calculateur et dissimulateur, l’homme, en son intimité, est bon et ça se sent. Détestant les conflits (sa maladresse envers la répudiée était d’une muflerie telle que le boomerang qu’elle lui envoya dans la figure m’apparut mérité), il n’est jamais aussi bon qu’au contact des gens à la peine. Là il n’y a pas (pas plus que chez Chirac) de triche. Cette ficelle cocufieur est avant tout un honnête homme et il est capable de compassion au point de laisser poindre quelques larmes.

On peut conclure en disant que comme gouverneur d’une province France en passe de radicalisations aux communautarismes à cran, il incarna plutôt dignement la fonction de part un optimisme quelque peu béat mais faisant contrepoids à tous les déclinismes.

Un homme qui aime la vie présidant un peuple qui ne s’aime plus : c’est sans doute l’image qui restera de cet expert-comptable aussi sympathique que rusé, grand fossoyeur d’illusions au demeurant, qui nous aura collectivement servi de cible à fléchettes cinq années durant sans qu’il ait à quelque moment donne le sentiment que cela lui posait problème.  

Fortiche, quand même le Pépère !


Mais où est-il au fait ? Merde, il s’est barré par la fenêtre !


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