mardi 2 mai 2017

Le veritable Printemps Français


J’ai vu, hier, Paris. Les manif qui dérapent. Papy Le Pen et ses vieux briscards. La benjamine à Villepinte, ses tweets rageurs, sa récupération du discours de Fillon, son détournement de celui de Hollande, ses supporters qui appellent au combat et flairent bon l’odeur du sang. Ces jeunes qui chargent et qui sont chargés, dans le très beau reportage de Tanaris news, que vos télévisions ne diffuseront pas. Ce policier torche humaine. Ces jeunes cagoulés qui hurlent, mais surtout tous les autres qui demandent simplement qu’on les laisse s’exprimer. Ces fronts renversés, ces fronts désunis, des front contre front, ces refus de l’alternative aliénante. J’ai vu et ressenti cette violence qui submerge tout un peuple par paliers, des années que ça monte, et la, a quelques jours du 2e tour cette déflagration, une de plus.

Ca va – helas – se perpétuer, s’accélérer, se multiplier. Le climat est insurrectionnel, le pays est radicalisé et fracturé comme jamais, il y a une surdité invraisemblable, que l’élection ne résoudra en rien, bien au contraire. La haine et la colère s’infiltrent partout. Et les incidents sont montés en épingle par des medias qui soufflent sur les braises comme en 2007 a la Gare du Nord, au profit de qui, à votre avis …

Guerre civile, vous y êtes. Un système profondément rejeté, un système qui se débat et lance ses polices, celle des armes, celle de la pensée. Ca ne fera qu’exciter encore et davantage. Un parti de la haine et du rejet contre un mouvement de l’exclusion au service des puissants. Aucun joli sourire ne peut effacer ça, tu vas souffrir Emmanuel, ta marche en arrière va finir par nous la mettre à l’Elysée, la dame, ce coup-ci ou celui d’après…

S’il passe, ça sera ça, l’horreur, et s’il échoue idem. Le mouvement est vers le bas, il enregistre et multiplie divisions et rancœurs, c’est vraiment la peste et le choléra, et il est bien trop tard pour demander avec une règle et un missel de bonne conduite à tout le monde de trancher en faveur de l’un contre l’autre pour tel motif, fut-il noble, et il l’est. C’est trop tard.

Bien trop tard.

France je t’ai quittée parce que tu t’es abandonnée. Tu es belle France, tu portes de nobles valeurs et un message qui porte encore. Mais tes dirigeants et les politiques qu’ils ont suivies t’ont conduite dans ce mur que tu es en train de te manger en pleine gueule. Et il va te falloir, à toi peuple, reprendre le flambeau et lutter pied à pied pour reprendre ce pouvoir qui te fut et demeure confisqué.

Cette démocratie n’est qu’un trompe l’œil et cette République a vécu. Il faut tout reprendre et ne pas hésiter à se débarrasser d’un cadre arrivé à son terme. De Gaulle et les grands Présidents ne sont plus, en l’état nous ne sommes guère qu’une province administrée sans contrôle aucun sur son destin. Un grand pays en déclin en proie à une dépression généralisée.

Cette noblesse de caste il va falloir lui faire rendre gorge et le faire sans céder à la violence. Nous y parviendrons la longue, je l’espère et j’y crois, et ne reviendrai que quand les conditions seront enfin réunies. 

Tu es un peuple éclairé, capable d’incroyables insurrections, et tu refuses encore, je le vois, le destin de moutons qu’on envoie à l’abattoir. Ne te soumets pas, résiste à cet appel rageur qui te donne envie de sortir dans la rue armé d’un couteau.

L’ennemi est dedans et crois-moi il veut ta peau. Il te balancera ses camions béliers et ses saloperies au sarin s’il le peut et il le fera sans aucun égard pour les enfants et les bébés. Cet ennemi-là est finance par un autre dont il fait le jeu, plus pernicieux, qui se cache derrière des intérêts o combien supérieurs et supérieurement masqués. A eux deux ils peuvent tout détruire, mais tu es le nombre et tu as ce pouvoir de les faire tous deux échouer.

Ces combats vont durer, ces combats que de loin, de très loin j’ai vus monter, prenant ces dernières années en situation le recul nécessaire pour tâcher de comprendre le vaste plan d’ensemble. Nous sommes quelques-uns, légion en fait, à l’avoir fait et à partager ces mêmes constats. Mettre de la distance est en certaines époques la seule chose à faire pour quiconque désire vivre et non survivre - et penser et non gober.

Nous sommes tous à la base des êtres libres et intelligents faits pour l’amour et le bonheur. Restons quel que soit le contexte et quelle que soit l’actualité de ce bord-là. Nous n’avons pas peur, nous résistons et nous avançons, tout en sachant prudemment nous mettre sur le bas-côté quand la folie gagne nos rues. 

Le Printemps est Nôtre car il est en nos coeurs.

(ci-dessous : Printemps Arabe, Le Caire, 2011)


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