Les capitales occidentales sont
devenues pour la plupart des mégapoles dominées par le stress, la pollution, l’hyper
connexion, les violences en tous genres, le temps qui manque et le besoin de
respirer. A tous ces maux qu’elle a contribués avec tous ses congénères
industriels et financiers, l’industrie chimique nous a apporté une armada de
faux remèdes : un coffret a pilules magiques !
Une vie ou on court en tous sens, ou
on inspire un air pollué, ou au travail on est sans cesse contrôlé, ou la
sonnerie du téléphone s’impose en permanence, ou l’alimentation est toxique et
ou les rues sont peu sures nécessite pour tout un chacun de se prémunir et de récupérer.
Les divertissements de masse sont là pour ça, et proposent aux plus vaillants
de les conduire sur d’immenses dancefloor ou ensemble ils pourront communier jusqu’à
l’aube sur les vagues planantes concoctées par des artistes du son.
La, l’homo-occidentalus réglé 7h/19h
s’en va, armé de ses petites pillules, inverser son cycle et toute la nuit
planer et danser en groupe, bras en l’air et esprit enfin relâchés. Le corps se
libère, la musique prend au corps, du dedans le sourire revient. Enfin !
Certaines de ces grand messes sont superbes, et abandonnent ses adeptes au
petit matin, le regard peu frais mais sur une note tout en légèreté et en
douceur dans les bras de Morphée.
Sauf que : la chose a son
revers, et la pilule (LES pilules) leur prix. Question de dosage, d’accoutumance,
d’environnement et de fréquence. Car celles-ci ont des effets pas minces tant
sur les neurones que l’humeur générale, après, à force. Quand tu fuis le réel
via la chimie, celle-ci t’y replonge la tête dedans, si tu exagères un peu. D’où
ces crises d’irritabilité, ces migraines subites, ces difficultés à trouver le
sommeil (et donc nouvelle pilule), ces changements d’humeur, cet envahissement
maussade, cette difficulté à se concentrer, à poser son esprit, à prendre des décisions
qu’on sait bonnes pour soi. La petite
chose gobée en nombre a comme abaisse les défenses immunitaires, et combinées à
d’autres prises pour telle ou telle maladie plus ou moins bénigne opéré un
cocktail explosif. Dans cet univers des solutions artificielles tout a un prix.
Vivre un réel âpre et fuir le réel
de manière artificielle est un choix, et un choix dangereux à terme pour
quiconque ne sait pas s’arrêter à temps. Les adeptes du slam, ces injections de
produits sensés ouvrir le corps et l’ame a toutes les pratiques sexuelles et émotions
imaginables le savent : à compter d’une certaine accoutumance, la dépendance
est atroce et les conséquences ravageuses. On est allé dans un terrain inconnu
avec des clefs non maitrisées, et celles-ci ont conduit tout droit aux enfers
de la désocialisation.
Cet exemple du slam est parlant, car
sans doute le plus fou de tous les choix proposés par nos amis chimistes :
ils conduisent un groupe d’individus ayant la prétention de se libérer de tous
les tabous (parce qu’au-dedans manque il y a, manque de confiance en soi
notamment) directement au cimetière. On ne compte plus les victimes, même si on
cache collectivement la raison réelle du décès comme ses circonstances, et les
survivants ne savent plus ni aimer ni faire l’amour après. Il leur faut des
mois voire davantage pour réapprendre la sensualité, pour que leur corps
parvienne à ressentir quelque chose, pour que le bouclier de Goldorak ne tombe
pas sur celui qui leur a dit ses sentiments. Et à tout moment le repenti, en proie
aux cauchemars et sujet a des états d’euphorie et de dépression successifs,
peut replonger.
On peut fuir le bonheur de peur qu’il
ne se sauve : j’entends, je comprends. Mais le réel ? Si tu le
chasses celui-ci te revient à la figure à un moment et te fait payer le prix de
ton manquement, parfois de manière élevée. Que c’est difficile après de devoir
composer avec tout un chacun quand on a un socle en miettes : obligé de
taire, de se planquer, d’afficher un faux sourire, de faire semblant …
La ville et la vie en ville est
devenue hautement toxique : oui. Et le travail, l’univers professionnel
dans bien des entreprises dites humaines, une négation même de ce dernier dont
le but caché pourrait être de le détruire lui et tout ce qui l’entoure.
Ce n’est pas chose simple de grandir
et de vivre dans pareil environnement, on ne peut changer le monde, seulement
se changer soi. Rien ne nous contraint à rester, à subir, à accepter, à ne rien
dire, à faire comme si, à nous raconter des histoires, à obéir au réveil matin.
On peut, chacun d’entre nous, rebattre à tout moment les cartes, remettre en
cause ce qu’on vit, faire le constat que ça ne tourne pas vraiment rond, que si
on y réfléchit bien le prix du confort est justement un inconfort aliénant, et
qu’on désire, qu’on mérite mieux que ça. On peut (oui !) remettre tout ou
partie en cause, ne pas s’attaquer directement aux fondations mais simplement
commencer par les dépendances. Discrètement, pour tester. Des trucs simples, à
la portée de tout un chacun.
S’évader régulièrement a la campagne
par exemple, à la mer, à la montagne. Retrouver la nature. Partir seul ou à
deux, partir au loin, respirer, réapprendre le souffle avec de longues marches
le long des sentiers. Poser son dos contre le tronc d’un arbre, et fermer les
yeux.
Et sentir sa sève nous gagner …
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