jeudi 18 mai 2017

Hollywood Freaks


Elle se tient assise, face caméra, le regard fixe, comme si elle avait usé de psychotropes. Et raconte. Le rituel. Les liens. Les actes sexuels violents, ce qu’elle vit, ce qu’elle a appelé, ce à quoi elle tendait vers, ce qu’elle ressent pendant. Elle le raconte. Sans complexe aucun. C’est filmé sur pellicule, et ça circule, sur Youtube.


C’est ça les stars d’Hollywood. Ça peut tout faire, tout se permettre. Et ça assume. De faire et de dire des choses non seulement amorales et hautement toxiques, mais plus qu’illégales.

Rien de satanique bien sûr.

Les égos. Les égos surpuissants de ces idoles idolâtrées qui ne se fixent aucune limite et se rengorgent de n’en avoir aucune, de les dépasser une à une. Aucune transgression ne leur semble impossible. Au contraire, transgresser tous les tabous est vécu comme un acte d’affirmation de sa surpuissance, et tant pis si celle-ci expose l’explosion de la névrose initiale, et tant pis si le but ultime de tout cela n’est pas de faire comme les tortionnaires d’Hostel qui obéissent à la même folie que la leur, mais de  bien se rapprocher du soleil au point de se confondre avec lui. Et de fondre, soi et ce bottox devenu soi, puis tomber en cendres dans le cœur du volcan.

Il y a cet interview de Lady Gaga ou, les yeux exorbités telle une folle possédée, elle crie son admiration pour Marina Abramovic, cette performeuse d’origine serbe, idole de la bonne société new yorkaise et dont une des spécialités, outre ses performances scabreuses ou elle s’auto flagelle, est de concocter pour ses soirées privées un joli cocktail fait de sperme, de sang de vierge et de lait maternel. Laquelle sur son site officiel ne cache ni son inclination pour l’occultisme le plus noir ni son intérêt pour le cannibalisme.


Notre Gaga donc se pâme devant cette immense artiste qui n’a « aucune limite » et se lance dans une apologie de la surpuissance à renforts de délirante logorrhée. On parle bien de cette vedette internationale dont les clips regorgent de symboles des Illuminati et qui fit plusieurs fois la confession de recevoir la nuit la visite de démons qui la terrorisaient jusqu’à l’empêcher de dormir. On parle bien de cette chanteuse que d’aucuns, complotistes sans aucun doute, soupçonnent d’avoir été déprogrammée reprogrammée via un programme inventé par la CIA afin de devenir un Produit Star de la machine à rêves.


 Nous pensions avoir touché le fond avec les délires cabalistiques de Madonna, cette championne de l’importation de l’esprit citoyen sur le territoire français, qui passa quand même 10 minutes sur 40 à son unique et pitoyable concert de l’Olympia à 240 euros la place à expliquer à un public vert de rage combien le FN c’était mal. Celle-là qui voulait prendre le thé avec Marine, oui. Celle-là qui, grande lessiveuse de bons sentiments auto promotionnels, s’en vint un certain soir vers deux heures du matin se faire gentiment filmer chanter Lennon Place de la République. Le sang des victimes du Bataclan récupéré par le business de cette marketteuse au cœur froid devait j’imagine constituer comme un élixir de jeunesse.


C’était sans compter la nouvelle génération. Gaga, bonne pour l’asile, l’a dépassée sur toute la longueur. Le moindre interview de la Dame devrait, dans un monde qui marche sur ses deux jambes, immédiatement donner lieu à la civière et à la camisole de force.

Mais non. Le Spirit Cooking de Marina A est devenu l’élixir. Et on ne s’étonne ni ne se choque de voir toutes ces stars et ces puissants dévorer une Debbie Harry en meringue et se prendre en selfies. Tout va bien, un mec en smoking se penche et mange à pleines dents le sexe de ladite dame meringuée, les serveurs torse nu la découpent au grand couteau, sur fond de hard rock. Tout ceci bien sûr c’est pour du fun, y voir autre chose est faire preuve de petitesse d’esprit j’imagine.


Prendre la lumière en se faisant la Dame Patronnesse d’Amnesty d’un coté, s’adonner a des trucs plus que louches de l’autre, et laisser toutes les traces sur pellicule sans complexe, les premières pour le grand public béat, les secondes pour les défricheurs des bas-fonds. Je n’aimerais pas être l’enfant africain acheté par des parents pareils …

J’attends avec impatience le nom de ces nombreuses stars mouillées jusqu’au cou dans les révélations du PizzaGate, et qui je suppose ne sortiront en toute vraisemblance jamais. Le système a un viscéral besoin de ces idoles de carton-pâte adulées par de naïves foules pour faire tourner la mécanique des fluides. Tout sera fait pour les tenir à distance des éclaboussures.

Seul Ashton Kutcher, courageux témoin au Congrès Américain en février dernier des horreurs qu’il a vues sur vidéo, risque pour sa carrière. Les fêlés aux egos surpuissants pourront continuer à engraisser sans crainte les chirurgiens esthétiques.


Triste civilisation qui adore pareils cloportes maquillés en faiseurs de rêves : quel plus juste signe de décadence que celui-là ? Tod Browning avec son effrayant Freaks de 1932 était un visionnaire : nous voilà dans le cirque, au milieu de tous ces monstres de foires, à applaudir.

Mais souvenons-nous qu’à la fin, ceux-ci se rebelleront et réserveront un sort atroce à celle qui les aura manipulés à ses seules fins.





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