mardi 9 mai 2017

C dans l'air ras de bitume


La célèbre émission phare de la tranche 17/19 de France 5 et qui existe depuis le siècle dernier me fait penser à ces vieux systèmes d’exploitation qui ne s’adaptent jamais aux innovations technologiques et envahissent de fait ton écran de spams et autres virus. Un vieux plateau, un vieux bleu ciel sali par la buée, un ou une jeune vieux animateur, et des invités aussi aérés qu’une cave tant ils se seront repassé le plat depuis 25 ans voire bien plus.

L’autre soir, leur table a donné lieu à quelques évanouissements enamourés en contant l’accession au pouvoir de leur poulbot préféré. Une chanson de geste à quatre gosiers, ou l’infect et barbant Barbier fit comme de raison mousser le seul et unique poil sur son poitrail de roquet avec des envolées lyriques dignes de sa copine Carlita. Quatre connivents se connaissant que trop qui sur quatre instruments chevrotants bêlaient avec des mots différents exactement la même chose que le voisin, en faisant mine, telles des duchesses d’avant-garde, de glousser pour y ajouter une « petite touche personnelle ».

Pratiquer l’encensoir en faisant mine de débattre est un art consommé que nos péripatéticiennes sur le retour maitrisent tant et si bien qu’on voit sous leurs jupes leurs varices, exactement comme le nez en forme de décapsuleur de tètes sur le visage de leur chérubin d’élu.

Ce fut à qui rivaliserait de qualificatifs pour conter au bas clergé le coup de génie du produit d’appel du système qui les fait si bien vivre. Un esprit de cour de chaque instant avec une partition écrite sous Louis XIV. Molière, à n’en pas douter, aurait croqué ces ridicules précieux de traits rosses. Ces sachant sachant tout comprenant tout avant tout le monde ont beau ne jamais sortir de chez eux, et aller même, telle la Marquise de l’Express, vertement conseiller d’en rien faire pour peur de s’affronter a un réel dangereux, nous sommes là, nous spectateurs, face à une pièce ou les répliques existent avant d’avoir été prononcées -  et où nous n’avons guère, tel Donald Carldwel et Roger Hart, qu’à imaginer un autre décor et d’autres costumes aux protagonistes de la saison 45. Et, comme chez Guignol, leur crayonner la figure avec des cocards et des sparadraps sur le bout du nez.

Ce fut pour eux un beau soir que dimanche : avec l’Elu ces vieilles gloires incapables de se pencher pour autre chose que se courber, et qui de fait comme putains du système ne connaissent jamais de crampes ont eu l’assurance de rempiler encore cinq ans avec nos sous. On les supportera donc sur toutes les radios et sur presque toutes les chaines nous expliquer en avance les choses, décrypter nos mouvements d’humeur et mettre de jolies notes ici et des tapes de règle là.

L’émission se voulant aussi consensuelle que sérieuse ennuie et pas qu’un peu, car jamais il ne s’y passe rien, les débattants ou leurs avatars sont presque toujours d’accord sur l’essentiel. Le but étant de feindre et d’enfumer en faisant croire à l’électeur consommateur que la pluralité EST et que oui C A VOUS, on lui confisque au passage le micro et on lui tend quelques fiches cuisines avant les infos.

Je ne sais si ces gens se rendent compte à quel point nous sommes légion à trouver leurs sketches dans le bocal grotesques, et à quel point par leurs pitreries ils créent du lepénisme et de l’insoumission à tous les coins de rue. Non bien sûr, évidemment non. Vous ne voudriez quand même pas qu’en plus de pérorer ils apprennent à réfléchir par eux-mêmes ? Certains doivent surement savoir le faire, d’ailleurs, je leur en fais crédit, à tel ou tel : mais le dire, ça non ! Ma place au Siècle, quand même.

Il faudrait sans doute penser à mettre ses vieux écrans plasma tout pourris qui nous envoient des ondes toxiques dans tous les sens du terme à la casse. Ces vieux beaux qui s’invitent chez toi à ta demande pour t’apprendre à penser et qui susurrent comme des cocotes leur missel : faut vraiment être maso pour s’imposer ça. En plus c’est mauvais pour la santé.


L’an dernier j’en avais croisé une, de cocote, Place Vendome, là ou Madame a ses quartiers. La donzelle qui a commis deux pensums de cinq cent pages chacun pour encenser son nabot préféré avant qu’il ne décède au Qatar. Elle traversait d’un pas lent avec un regard de dorade sous acide la grande place. L’observant se prendre les talons dans les pavés et manquer tomber à chaque pas, je n’ai pu faire autrement que me précipiter galamment vers elle quand elle chuta et de l’aider à se relever. Elle fut telle qu’on la connait tous, à peine aimable, et s’engouffra le regard sombre chez un grand bijoutier. J’eus envie de téléphoner à son employeur pour lui demander de lui offrir séance tenante un déambulateur et un garde du corps. A cet âge-là on risquerait sa vie pour une paire de boucles d’oreilles de luxe qui rendent sourde.


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