La célèbre émission phare de la
tranche 17/19 de France 5 et qui existe depuis le siècle dernier me fait penser
à ces vieux systèmes d’exploitation qui ne s’adaptent jamais aux innovations
technologiques et envahissent de fait ton écran de spams et autres virus. Un vieux
plateau, un vieux bleu ciel sali par la buée, un ou une jeune vieux animateur,
et des invités aussi aérés qu’une cave tant ils se seront repassé le plat
depuis 25 ans voire bien plus.
L’autre soir, leur table a donné
lieu à quelques évanouissements enamourés en contant l’accession au pouvoir de
leur poulbot préféré. Une chanson de geste à quatre gosiers, ou l’infect et
barbant Barbier fit comme de raison mousser le seul et unique poil sur son
poitrail de roquet avec des envolées lyriques dignes de sa copine Carlita. Quatre
connivents se connaissant que trop qui sur quatre instruments chevrotants bêlaient
avec des mots différents exactement la même chose que le voisin, en faisant
mine, telles des duchesses d’avant-garde, de glousser pour y ajouter une « petite
touche personnelle ».
Pratiquer l’encensoir en faisant
mine de débattre est un art consommé que nos péripatéticiennes sur le retour
maitrisent tant et si bien qu’on voit sous leurs jupes leurs varices, exactement
comme le nez en forme de décapsuleur de tètes sur le visage de leur chérubin d’élu.
Ce fut à qui rivaliserait de qualificatifs
pour conter au bas clergé le coup de génie du produit d’appel du système qui
les fait si bien vivre. Un esprit de cour de chaque instant avec une partition écrite
sous Louis XIV. Molière, à n’en pas douter, aurait croqué ces ridicules précieux
de traits rosses. Ces sachant sachant tout comprenant tout avant tout le monde
ont beau ne jamais sortir de chez eux, et aller même, telle la Marquise de l’Express,
vertement conseiller d’en rien faire pour peur de s’affronter a un réel
dangereux, nous sommes là, nous spectateurs, face à une pièce ou les répliques
existent avant d’avoir été prononcées - et où nous n’avons guère, tel Donald Carldwel
et Roger Hart, qu’à imaginer un autre décor et d’autres costumes aux protagonistes
de la saison 45. Et, comme chez Guignol, leur crayonner la figure avec des
cocards et des sparadraps sur le bout du nez.
Ce fut pour eux un beau soir que
dimanche : avec l’Elu ces vieilles gloires incapables de se pencher pour
autre chose que se courber, et qui de fait comme putains du système ne
connaissent jamais de crampes ont eu l’assurance de rempiler encore cinq ans
avec nos sous. On les supportera donc sur toutes les radios et sur presque
toutes les chaines nous expliquer en avance les choses, décrypter nos
mouvements d’humeur et mettre de jolies notes ici et des tapes de règle là.
L’émission se voulant aussi consensuelle
que sérieuse ennuie et pas qu’un peu, car jamais il ne s’y passe rien, les débattants
ou leurs avatars sont presque toujours d’accord sur l’essentiel. Le but étant de
feindre et d’enfumer en faisant croire à l’électeur consommateur que la pluralité
EST et que oui C A VOUS, on lui confisque au passage le micro et on lui tend
quelques fiches cuisines avant les infos.
Je ne sais si ces gens se rendent
compte à quel point nous sommes légion à trouver leurs sketches dans le bocal
grotesques, et à quel point par leurs pitreries ils créent du lepénisme et de l’insoumission
à tous les coins de rue. Non bien sûr, évidemment non. Vous ne voudriez quand même
pas qu’en plus de pérorer ils apprennent à réfléchir par eux-mêmes ?
Certains doivent surement savoir le faire, d’ailleurs, je leur en fais crédit, à
tel ou tel : mais le dire, ça non ! Ma place au Siècle, quand même.
Il faudrait sans doute penser à
mettre ses vieux écrans plasma tout pourris qui nous envoient des ondes
toxiques dans tous les sens du terme à la casse. Ces vieux beaux qui s’invitent
chez toi à ta demande pour t’apprendre à penser et qui susurrent comme des
cocotes leur missel : faut vraiment être maso pour s’imposer ça. En plus c’est
mauvais pour la santé.
L’an dernier j’en avais croisé une,
de cocote, Place Vendome, là ou Madame a ses quartiers. La donzelle qui a commis
deux pensums de cinq cent pages chacun pour encenser son nabot préféré avant qu’il
ne décède au Qatar. Elle traversait d’un pas lent avec un regard de dorade sous
acide la grande place. L’observant se prendre les talons dans les pavés et
manquer tomber à chaque pas, je n’ai pu faire autrement que me précipiter galamment
vers elle quand elle chuta et de l’aider à se relever. Elle fut telle qu’on la
connait tous, à peine aimable, et s’engouffra le regard sombre chez un grand
bijoutier. J’eus envie de téléphoner à son employeur pour lui demander de lui offrir
séance tenante un déambulateur et un garde du corps. A cet âge-là on risquerait
sa vie pour une paire de boucles d’oreilles de luxe qui rendent sourde.
Magnifique!
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